Des Amis et Amies de la Nature en conversation
YANNICK KIESEL| Membre coopté du Comité directeur fédéral des Amis de la Nature d’Allemagne (NFD) et contributeur à la résolution « Les Amis de la Nature pour la paix » dans le cadre de la Conférence annuelle 2024 de l’IAN.
Yannick, tu t'engages depuis quelques années pour les Amis de la Nature – actuellement aussi en tant que membre du Comité directeur fédéral des NFD. Comment ton engagement a-t-il commencé ?
Mon engagement chez les Amis de la Nature a commencé en 2017. J'ai demandé un stage auprès de la fédération berlinoise et j'ai pu entamer immédiatement un projet international en collaboration avec notre organisation partenaire algérienne A.T.L.E.D. Lorsque, en 2019, a été planifiée la première Randonnée pour la paix des Amis de la Nature « La paix en mouvement », j'ai pu la diriger à plein temps en tant que coordinateur de projet.
Je continue à le faire à titre bénévole au sein du Comité directeur fédéral des Amis de la Nature d'Allemagne. La prochaine Randonnée pour la paix aura d'ailleurs lieu l'année prochaine (du 3 au 22 mai 2025). Malheureusement, je n'ai rejoint les Amis de la Nature que relativement tard et j'ai donc manqué une période active dans les structures de jeunesse de la fédération, ce que je trouve encore aujourd'hui très dommage.
Les Randonnées pour la paix sont un exemple impressionnant de l'engagement des AN d’Allemagne en faveur de la politique de paix. Que signifie la paix pour toi personnellement ? Et qu'est-ce qui te motive à t'engager pour ce thème au sein des Amis de la Nature ?
Pour moi, la paix a de nombreuses facettes. Mais avant tout, elle signifie pour moi communication, échanges, apprendre les uns des autres, s'écouter mutuellement. À première vue cela peut paraître un peu naïf ou simpliste. Mais c'est ainsi que commencent les processus de paix, de réconciliation et de prévenance.
Nous vivons dans une société qui nous apprend que nous pouvons tout perdre, qu'il y a quelque part quelqu'un qui veut nous prendre ou détruire nos biens, notre liberté, nos structures, l'ennemi imaginaire contre lequel nous devons nous défendre. Au lieu de défendre sans cesse cette position biaisée, nous devrions nous écouter davantage les uns les autres, comprendre nos intérêts respectifs et construire sur ce que nous avons en commun.
Cela vaut aussi bien au niveau local et personnel que dans le contexte international, où les États ne cessent d'invoquer leur souveraineté pour se retirer d’accords internationaux plutôt que de chercher des solutions et des compromis.
La Randonnée pour la paix doit ainsi proposer une plateforme de communication. Une plateforme sur laquelle les gens peuvent échanger, écouter et chercher ensemble des solutions. Dans les conflits actuels en particulier, il y a tant de niveaux de complexité. Il n'existe plus de solutions simples en noir et blanc, comme de nombreux populistes voudraient nous le faire croire, et cela fait peur à beaucoup de personnes, moi compris.
Néanmoins, cela ne doit pas nous diviser ou nous décourager, et la Randonnée pour la paix peut être un moyen de ramener cet échange dans la société, dans les communes que nous parcourons, auprès des maires que nous rencontrons, et surtout vers les personnes qui y participent. Les deux dernières Randonnées pour la paix, en 2021 et 2023, ont permis de nouer de nombreux contacts entre Amis de la Nature, militants et autres participants, contacts qui existent encore aujourd'hui, même au-delà de frontières nationales.
Pour de nombreux groupes d'Amis de la Nature, il est difficile de trouver des jeunes prêts à faire du bénévolat pendant leur temps libre. Les nouveaux adhérents considèrent souvent les Amis de la Nature avant tout comme une association de loisirs proposant des services tels que l'accès à des salles d'escalade, des refuges de montagne ou une assurance accidents de loisirs avantageuse. Les valeurs traditionnelles des Amis de la Nature comme la solidarité et l'internationalité ne jouent guère de rôle. En tant que jeune, comment vois-tu cette évolution ? Et comment réagirais-tu à cette situation ?
Je vois cette évolution d'un œil très critique. Nous nous trouvons dans une période d'individualisation. La communauté passe à l'arrière-plan et la personnalité propre, l'individualisme, sont mis en avant. La présentation de soi sur les médias sociaux favorise bien entendu une telle évolution. Mais individualisation signifie également auto-organisation. L'engagement ne se fait plus au sein d'associations ou d'organisations.
L'activisme devient lui aussi beaucoup plus individuel, que ce soit par la possibilité simplifiée de faire des dons ou par la possibilité d'assister à des manifestations ou à des activités, voire de les organiser, même en tant qu'individu ou petit groupe (sans association en arrière-plan). Le militantisme lui aussi devient plus flexible, comme nous l'avons vu avec Fridays for Future. De plus, lorsqu'il s'agit d'activités telles que la randonnée, les jeunes se disent que si je veux faire de la randonnée, je n'ai pas besoin d'une association, j'ouvre l'application Komoot, j'invite deux ou trois amis et je pars en randonnée.
Les fédérations perdent ainsi peu à peu leur sens et, comme le suggère la question, on n’y fait plus appel que pour bénéficier de leurs services et de leurs avantages. Ceux-ci sont bien sûr aussi importants et peuvent être pour nous la porte d'entrée par laquelle les gens entrent en contact avec les Amis de la Nature. Mais c'est à nous qu’il incombe par la suite de les fidéliser, de leur transmettre nos valeurs et de replacer cette forme de communauté au premier plan. De nos jours, il est difficile de fidéliser les jeunes. Ils sont souvent en déplacement pour étudier, voyager, profiter des opportunités qui n'existaient pas pour les générations précédentes. Or, en tant que sections locales des Amis de la Nature, nous dépendons en quelque sorte d'une certaine sédentarité. Les jeunes ne sont souvent pas en mesure d'apporter ou d'accomplir cela.
Pour de nombreuses sections, le regard s'est donc tourné vers les jeunes familles, cherchant à se réorienter dans les villes et les villages. C'est là que se trouve ce qui manque aux jeunes, la sédentarité et le désir d'appartenance. Il n'en reste pas moins que le regard doit se porter sur les jeunes générations. La collaboration avec les Jeunes Amis de la Nature est donc essentielle pour nous en tant qu'association d'adultes.
Il est également possible de créer des transitions, d'intégrer les jeunes ayant été actifs dans l’animation de jeunes dans l'association des adultes, de leur donner des espaces de liberté, de leur permettre de développer de nouvelles idées et de ne pas se fermer à de nouvelles idées. Pour les Amis de la Nature il s'agit maintenant de développer une forme d'adhésion susceptible de fasciner à nouveau les jeunes, pour ainsi dire un mélange d'incitations, de structures flexibles pour s'engager et de transmission de nos valeurs comme la solidarité et l'internationalisme.
Je pense qu’il s’agit de montrer aux jeunes que le travail des Amis de la Nature ne doit pas se concentrer uniquement sur les groupes locaux, mais que l'activisme et l'engagement sont des valeurs essentielles qui sont également possibles dans un contexte international.
Si tu te tournes vers l'avenir : Où vois-tu les plus grands défis et opportunités pour les Amis de la Nature en Allemagne ainsi qu'en tant que mouvement international ?
Je pense qu'un des grands défis des Amis de la Nature, que ce soit en Allemagne ou dans tous les autres pays, sera de savoir quel est le bien-fondé de notre organisation. Pourquoi avons-nous (encore) besoin des Amis de la Nature ? Que nous apporte cette association ? À quoi servent les innombrables heures que nous y consacrons ? Ce sont des questions auxquelles nous devrions tous répondre personnellement, car nous avons tous et toutes des raisons différentes d'être Ami(e)s de la Nature.
Mais nous devons aussi répondre à cette question en tant que sections locales, en tant que fédération. C'est sur cette base que nous nous présentons à l'extérieur. Que représentons-nous ? À quels groupes cibles nous adressons-nous ? Je pense qu'il est important de pouvoir s'appuyer sur des exemples de « bonnes pratiques ». En Allemagne, par exemple, nous avons lancé la campagne « 100 000 » afin d'atteindre à long terme l'objectif des 100 000 adhérents. Pour cela, nous avons créé une plateforme où les groupes locaux peuvent partager leurs actions de prospectiond’adhérents. Cela crée un échange et nous permet d'apprendre les uns des autres. Un autre très bon exemple est celui de nos amis néerlandais de NIVON, qui ont réussi à doubler le nombre de leurs adhérents au cours des dernières années. Je ne peux que vous conseiller d'aller y faire un tour et de voir comment cela se passe là-bas.
Pour terminer, j'aimerais dire pourquoi je suis Ami de la Nature. Pour moi nos valeurs sont notre chance. Des valeurs de soutien, de solidarité. Dans un monde qui s'individualise fortement, il y a aussi le danger de la solitude. Les gens sont abandonnés à eux-mêmes et doivent jouer des coudes pour survivre et réussir dans notre société. Et c’est ce à quoi nous disons clairement « non ». Nous proposons à ceux et celles qui nous rejoignent une communauté des échanges, des débats, du soutien, de projets communs.
Une communauté qui fait un travail éducatif ou qui est tout simplement là quand on cherche un échange social. L'individualisation de la société atteindra un jour un point où le besoin de communauté sera à nouveau plus fortement recherché, et nous serons alors là. Il est important de maintenir nos offres, car on aura toujours besoin de nous. Je suis sûr que beaucoup de choses vont changer dans les années à venir. Que ce soit des groupes locaux qui disparaissent, des maisons qui ne sont peut-être plus rentables.
Mais il y aura aussi de nouveaux groupes, de nouvelles formes de travail associatif, de nouvelles offres et idées. Je pense que notre association devra trouver à l'avenir un équilibre entre renouvellement et tradition. C'est précisément pour cela qu'il est important de nous poser collectivement la question « Quelle association souhaitons-nous être, maintenant et à avenir ? »
(octobre 2024)
MONIQUE WINTZ & EVELINE GABORIT | adhérentes des Amis de la Nature Colombes (France) et actives dans le groupe thématique « Justice climatique » de l’IAN
Veuillez vous présenter brièvement.
Monique: Depuis 12 ans je suis membre des Amis de la Nature de Colombes. Mes premiers contacts avec la nature ont été mes balades à pied dans les alentours campagnards de mon département de l’Orne en Normandie. A la fin de mon cycle scolaire, j’ai été contrainte de partir sur Paris à la recherche d’un travail correspondant à ma formation de sténo-dactylographe d’abord, puis de secrétaire.
Eveline : Je m’appelle Eveline Gaborit, je suis née dans un petit village au bord de l’océan Atlantique en Vendée, dans une famille d’agriculteurs. Je suis venue à Paris travailler, comme employée, puis artisan dans le secteur de la coiffure. Je suis en retraite. J’offre mon savoir-faire en tant que bénévole dans un accueil de jour, aux personnes dans la précarité.
Comment en êtes-vous venues à rejoindre les Amis de la Nature ? Qu'est-ce qui motive votre participation active au sein du groupe ? Quelles sont les activités spécifiques sur lesquelles votre groupe se mobilise en priorité ?
Eveline : Je suis membre des Amis de la Nature de Colombes depuis 1999. Pendant mon temps libre, je souhaitais faire des activités respectueuses de l’environnement, en contact avec la nature, et rencontrer des personnes qui partageaient ces loisirs. Notre groupe est riche d’activités variées. La randonnée pédestre, la marche nordique, la raquette à neige dans un chalet Amis de la Nature, le jardinage aux jardins partagés, des activités culturelles, des échanges réguliers avec nos Amis de la Nature de Frankenthal, ville d’Allemagne, jumelée avec Colombes.
Monique : J’ai connu et rejoint l’association en 2012 grâce à Martine Laizé, notre présidente, qui était à l’époque, comme moi, membre du conseil d’administration de la Maison des Jeunes et de la Culture de Colombes. En 2019, j’ai découvert que l’IAN organisait pour la seconde fois un voyage « Paysage de l'année 2018/2020 – Sénégal/Gambie » pour 2 semaines en janvier 2020.
5 colombiens y ont participé et nous étions au total 34 Amis de la Nature européens. Au cours de ce voyage j’ai vraiment pris conscience de l’importance du climat et de toutes ses conséquences. Nous avons assisté à des ateliers sur les fours améliorés pour réduire l’utilisation du bois (déforestation), et qui plus est de soulager la tâche des femmes sénégalaises. Nous avons aussi visité des écoles, où, à ma grande surprise, des écoliers étaient déjà préoccupés par le réchauffement climatique, et impliqués dans diverses actions.
Les Amis de la Nature de Colombes se distinguent par leur engagement proactif en faveur de la justice climatique au sein du réseau des Amis de la Nature. Vous êtes activement impliqués dans le groupe thématique Justice climatique de l'IAN et vous soutenez l'évaluation des projets proposés par les Amis de la Nature africains. De votre point de vue, que signifie la justice climatique et qu'est-ce qui motive votre dévouement à cette cause ?
Monique : La justice climatique, c’est permettre l’égalité des chances Nord/Sud pour lutter face à ce dérèglement. Ma motivation est simplement humaine. Et surtout, je ne peux imaginer que nous puissions espérer la paix dans le monde s’il y a un déséquilibre important entre les pays du nord et du sud.
Eveline : La justice climatique, c’est la réduction des inégalités entre les pays du nord et du sud, les disparités sont flagrantes. Les pays du sud en subissent les conséquences, malgré leur moindre responsabilité dans la pollution globale. Ma motivation est apparue en découvrant le réseau international. C’est merveilleux de voir comment un voyage peut élargir nos horizons et renforcer notre engagement envers la protection de la nature.
J’ai participé avec un groupe d’une quinzaine d’Amis de la Nature de Colombes et de d’autres sections, à la rencontre, en Algérie, puis deux fois, au Sénégal en Gambie, de nos Amis de la Nature africains. Ces expériences ont mis en lumière les défis auxquels font face les communautés locales dans ces régions, ainsi que l’importance du soutien international notamment à travers des initiatives telles que le Fonds pour le climat.
Les Amis de la Nature de Colombes ont déjà soutenu à l'unanimité la nouvelle campagne de l'IAN « 1 euro pour la justice climatique », adressée aux groupes d'Amis de la Nature. Cette initiative encourage chaque membre des Amis de la Nature du nord à verser un euro par an au Fonds des Amis de la Nature pour le climat. Comment avez-vous convaincu votre groupe de rejoindre la campagne, et comment l'IAN peut-elle mieux encourager les autres groupes/sections des Amis de la Nature et les organisations nationales à donner la priorité à cette question dans leurs agendas ?
Monique : Lors de l’Assemblée générale de notre association, notre présidente qui avait assisté au Congrès de l’Internationale des Amis de la Nature nous a parlé de cette campagne. Ceux qui avaient déjà participé à des voyages en ont confirmé l’intérêt. Mettre en place une campagne d’information en direction de tous les Amis de la Nature de France me semble indispensable. Pour les sensibiliser et les convaincre, je crois que nous devons aussi y intégrer quelques lignes sur la situation en France afin qu’ils se sentent concernés par ce problème planétaire. Cette communication est du domaine du Bureau National. Il en assurerait la publication et la diffusion. La prise de conscience de ces enjeux est déterminante pour l’avenir.
Eveline : Au moment de notre Assemblée générale, nous avons rappelé l’objectif du Fonds pour le climat à nos adhérents. Nous avons expliqué les réalisations financées par le Fonds pour le climat, et les projets dans les pays africains. Il a été proposé de s’inscrire dans la campagne internationale des Amis de la Nature « 1 euro pour la justice climatique » et de participer à une contribution annuelle de 1 euro par adhérent. Ce qui a été accepté à l’unanimité. Mettre en avant la solidarité, une date dans l’année dédiée à la générosité entre les Amis de la Nature, une occasion de sensibiliser.
En ce qui concerne l'avenir, quels sont, selon vous, les défis les plus importants auxquels les Amis de la Nature Colombes et le mouvement international des Amis de la Nature dans son ensemble devront faire face au cours de la prochaine décennie ?
Eveline : A Colombes nos préoccupations concernent plus particulièrement la sauvegarde de la biodiversité, contribuer à maintenir l’équilibre écologique de notre ville qui compte 90 000 habitants, dans la métropole de Paris, nous devons nous adapter aux conséquences de la sécheresse, de la chaleur, dans notre ville très urbanisée, et préserver notre qualité de vie.
Mondialement, les pollutions sur terre, de l’air, des mers et océans sont des problèmes majeurs pour l’environnement, pour l’avenir de notre planète, notre santé est menacée.
Monique : Pour les 10 prochaines années, les questions qui devront être discutées avec notre association et l’IAN : Poursuivre la gestion des forêts pour stopper la désertification (plantation d’arbres), continuer les plantations de mangroves (gros absorbeurs de carbone).
Sécheresse et/ou inondations : les villes doivent adapter leurs infrastructures. Cela concerne notamment : La montée des eaux (fonte des glaciers) avec pour conséquence l’érosion des côtes et l’inondation des zones côtières, la mise en place du recyclage des eaux usées essentiellement pour l’arrosage des plantations.
(Avril 2024)
MAMADOU MBODJI | Vice-président sénégalais de l'IAN
Mamadou, avec ton impressionnant mandat de 13 ans en tant que Vice-président de l'IAN, tu es sans aucun doute un visage familier de la communauté des Amis de la Nature. Peux-tu nous parler de la genèse de ton parcours avec les Amis de la Nature ? Qu'est-ce qui t'a attiré au départ et qu'est-ce qui te motive encore après toutes ces années ?
C’est effectivement un grand honneur et un immense privilège d’avoir été là depuis 2011. Pendant toutes ces années je n’ai cessé d’être ce trait d’union entre les AN du Nord et ceux du Sud dans le renforcement de la solidarité internationale.
J’ai tiré cet attachement à la nature de mon royaume d’enfance, mais j’admets que mon vrai militantisme a démarré au début des années 90 lorsque ayant constaté, avec dépit, la perte vertigineuse de biodiversité, j’ai rejoint les Amis de la Nature du Sénégal qui déjà faisaient un excellent travail de sensibilisation et d’actions pratiques. Et depuis lors c’est un sacerdoce que de continuer à m’investir pour une planète plus viable pour les générations actuelles et à venir.
Actuellement, tu es à la tête d'une initiative importante du Fonds des Amis de la Nature pour le climat – du projet de parrainage d'arbres. Peux-tu entrer dans les détails de ce projet, en mettant en lumière ses besoins, ses défis et les résultats escomptés ?
Face à la perte de biodiversité découlant des effets néfastes du réchauffement climatique, ce projet constitue à coup sûr une stratégie d’atténuation en tant que puits de séquestration de carbone.
Le projet ambitionne de reboiser notre pays avec des espèces fruitières afin d’améliorer la qualité nutritionnelle des familles tout en leur procurant des revenus.
Pour la vulgarisation et le renforcement de cette reforestation les besoins restent énormes, car toutes ces communautés rurales vulnérables devraient en bénéficier. En mettant en œuvre ce projet jusqu’à son terme, le Nord et le Sud auront ainsi gagné ensemble à sauvegarder nos ressources naturelles pour les générations futures.
À la suite du Congrès 2023 de l'IAN et à notre résolution sur la promotion de la justice climatique, la campagne « 1 euro pour la justice climatique » invite les groupes européens d'Amis de la Nature à participer et à soutenir continuellement nos projets du Fonds pour le climat. Certains ont déjà exprimé leur intérêt, tandis que d'autres sont encore en train de réfléchir. Quel message souhaiterais-tu adresser à ces groupes, en particulier à ceux qui sont encore dans le processus de décision ?
Il faut tout d’abord saluer et louer cette très belle initiative qui vient renforcer les capacités financières du Fonds pour le climat dans la réalisation de projets participatifs pour les membres africains.
L’heure est grave car les impacts drastiques de la crise climatique ont fini d’hypothéquer durablement l’essor économique du continent africain qui n’est pourtant pas responsable de ce dérèglement. Une justice climatique basée sur la solidarité est un gage d’espoir pour toutes ces communautés vulnérables du Sud. Agir ici et maintenant est un devoir moral pour tous, sinon les conséquences n’épargneront personne.
En ce qui concerne l'avenir, compte tenu de ton rôle au sein des Amis de la Nature du Sénégal et du mouvement international des Amis de la Nature dans son ensemble, quels sont, selon toi, les défis les plus importants à relever au cours de la prochaine décennie pour les deux entités ?
Voir global et agir local devrait être le leitmotiv car les enjeux pour notre planète sont énormes. En atténuant sensiblement les émissions de gaz à effet de serre dans les pays industrialisés et en mettant en œuvre des alternatives durables d’adaptation aux impacts environnementaux pour les pays du Sud, nous aurons fait un grand bond en avant.
Notre mission au niveau local c’est de continuer à être au service des communautés et des écosystèmes et au niveau international nous ne devrons jamais cesser de poser des actes de solidarité pour la paix globale.
(Mars 2024)
CHRISTIAN FACCHETTI | Président des Amis de la Nature d´Italie (GIAN)
Christian, nous t’adressons toutes nos félicitations pour ta réélection en octobre 2023 en tant que président des Amis de la Nature d’Italie. Pourrais-tu te présenter brièvement ?
J’aime la montagne, les voyages et la randonnée. Depuis mon enfance, je suis très attiré par tous les aspects de la nature et les possibilités de la découvrir de manière authentique. Cela m'a amené à m'intéresser aux populations indigènes, auxquelles j'ai consacré quelques voyages (et expériences) pour mieux comprendre leur approche de la conservation de la nature.
Tu fais partie des Amis de la Nature depuis longtemps. Qu’est-ce qui t’a amené à rejoindre les Amis de la Nature, et qu'est-ce qui te motive toujours ?
Je suis membre des Amis de la Nature italiens depuis 1996. Cee qui m’a fasciné au début c’était la possibilité de passer mon temps libre dans de très beaux endroits en montagne, de voyager et de me faire de nouvelles connaissances. Après quelques années, j'ai pensé que c'était à mon tour de faire quelque chose pour donner aux générations consécutives les mêmes opportunités que j'ai eues ... Je suis donc devenu un membre de plus en plus actif, jusqu'à ce qu'en 2014, on me confie la présidence de la fédération italienne. Ce qui m'a motivé et continue de me motiver, c'est la possibilité, à travers notre mouvement, de résister et de lutter contre un système capitaliste promouvant l'injustice, la division sociale et considérant la nature uniquement comme pourvoyeuse de ressources à exploiter autant que possible.
Les Amis de la Nature d'Italie comptent parmi les organisations d'Amis de la Nature les plus actives lorsqu'il s'agit de thèmes spécifiques telles que la protection de l'eau ou la solidarité avec d'autres organisations, telles que les Amis de la Nature de Bosnie. Quelles sont les priorités de votre organisation pour l'avenir proche ?
« Srebrenica City of Hope » est un projet romantique qui devient de plus en plus réel année après année. C'est l'histoire d'un homme (Irvin Mujcic) qui a ressenti l'appel de sa terre maltraitée et a décidé d'en prendre soin. Beaucoup a déjà été fait, mais il reste encore beaucoup à faire et le GIAN continuera à soutenir ce projet.
En même temps, au cours des deux prochaines années, nous concentrerons beaucoup d'énergie sur la protection de l'eau, car nos groupes locaux sont devenus très actifs dans ce domaine : nous avons récemment entamé une collaboration très intéressante et fructueuse avec les Amis de la Nature de Styrie en Autriche, qui a abouti au financement d'un projet Erasmus+ avec un troisième partenaire portugais.
La Vision 2030 du Fonds des Amis de la Nature pour le climat, qui prévoit un don d'un euro par membre européen et par an au Fonds pour le climat, a déjà été adoptée par les Amis de la Nature d'Italie. Quelle est la motivation derrière cela et comment l'IAN peut-elle mieux motiver les autres groupes/sections des Amis de la Nature et les organisations nationales à accorder à cette question une plus grande priorité dans leur agenda ?
Je pense que le Fonds des Amis de la Nature pour le climat est vraiment génial ! Au fil des ans, il a financé de nombreux projets très utiles pour atténuer les effets du changement climatique. Il ne s'agit pas seulement d'une réponse concrète que notre mouvement peut apporter à la crise de notre temps, mais en regardant comment les projets sont sélectionnés, suivis et développés, je pense qu'il s'agit aussi d'une histoire extraordinaire qui montre comment d’importants résultats peuvent être obtenus si l’on utilise de manière judicieuse une petite somme d'argent, en se concentrant sur des idées intelligentes et en impliquant les communautés locales, ce qui est essentiel pour atteindre l'objectif. Le GIAN soutiendra le Fonds pour le climat avec une contribution annuelle de 1 euro par membre à partir de 2024 : si nous ne commençons pas maintenant ... nous ne commencerons jamais !
Les Amis de la Nature d'Italie sont également très actifs dans la mise en place de divers dialogues d'échange et d'ateliers transfrontaliers sur des thèmes communs, comme c'est le cas avec les Amis de la Nature d'Autriche. Avez-vous des idées sur la façon dont l'IAN pourrait améliorer la promotion et le soutien de la coopération transfrontalière entre les groupes, l'échange d'expériences et les campagnes communes telles que les Journées mondiales des Amis de la Nature ?
Je pense qu'il est important d'identifier des thèmes communs sur lesquels les groupes locaux des différentes fédérations veulent et peuvent se rencontrer pour échanger des connaissances, des approches ou des expériences. Pour les Amis de la Nature d’Italie, c'est la protection de l'eau en tant que bien commun qui nous a poussés à rechercher d'autres partenaires, avec lesquels nous avons créé un groupe de travail informel pour promouvoir les collaborations et les projets.
Selon vous, quels seront les défis les plus importants pour le mouvement mondial des Amis de la Nature et pour les Amis de la Nature en Italie au cours des dix prochaines années ?
Le défi le plus important auquel nous sommes confrontés est certainement l'adaptation au changement climatique, mais nous ne devons pas oublier qu'alors que nous nous engageons à construire une Europe plus durable, les grands écosystèmes non européens (en particulier les forêts tropicales) risquent de disparaître en raison de l'exploitation incontrôlée de leurs énormes ressources aux fins de la consommation européenne.
(Février 2024)
ANDREAS SCHIEDER | Président des Amis de la Nature autrichiens
Andreas, en juin 2023, tu as été réélu Président des Amis de la Nature autrichiens avec 100 % des voix des délégués au Congrès des AN d’Autriche, en juin 2023. Toutes nos félicitations ! Comment es-tu arrivé aux Amis de la Nature et qu'est-ce qui te motive particulièrement dans ton activité ?
Je suis membre des Amis de la Nature depuis longtemps (depuis 2001) et j'apprécie beaucoup le sens d’appartenance à la famille des Amis de la Nature. Se promener dans la nature avec d'autres personnes partageant les mêmes idées, avec des amis et ma famille, à pied, à vélo ou à ski – pour moi, il n'y a rien de plus beau pour passer mon temps libre. Ce qui me fascine et me motive dans mon travail bénévole de Président des Amis de la Nature, c'est que l’action de l'association permet de créer et d'entretenir l'infrastructure alpine, afin que le plus grand nombre de personnes puissent vivre des expériences communes dans la nature.
Avec plus de 160 000 adhérents, les Amis de la Nature d’Autriche sont la plus grande organisation membre de l'Internationale des Amis de la Nature. Quels sont selon toi vos points forts et vos défis pour le travail futur ?
Comme je l'ai dit, les Amis de la Nature veulent rendre possible l'expérience collective de la nature. Pour cela, nous maintenons l'infrastructure alpine nécessaire (refuges et sentiers de randonnée) et nous en assurons également la gestion, le plus souvent à titre bénévole. En outre, la sécurité est un aspect principal du travail de l'organisation. C'est pourquoi l'Académie des Amis de la Nature propose des stages et des formations ayant pour thème la sécurité en montagne, mais aussi dans le contexte de nombreuses autres activité sportives, non-alpines.
Le plus grand défi des prochaines années sera de nous battre pour la préservation de nos habitats naturels menacés par le changement climatique tout autant que par la surexploitation due au tourisme de masse et à l'agriculture. Là où il n'y a plus de nature intacte, il n’est plus nécessaire de parler d'accès et de droit d'utilisation.
Pour beaucoup de gens, les Amis de la Nature sont exclusivement une organisation de loisirs et de randonnée. Le travail politique n’a pas la même importance pour toutes les fédérations nationales d’Amis de la Nature : les intérêts vont de la politique de paix et de la politique sociale au libre accès à la nature. Quelles sont tes priorités pour le travail politique des Amis de la Nature autrichiens ?
Depuis la fondation de l’organisation des Amis de la Nature autrichiens, c'est-à-dire depuis 1895, il s'agit pour nous de permettre à chacun et chacune d'accéder à la nature aux fins de détente. Cet objectif n'existe formellement en Autriche que depuis 1975, date à laquelle l’accès libre à la nature a été fixé par une loi, dans le cadre de la Loi sur les forêts. Malheureusement, ce libre accès à la nature est entravé de diverses manières. Les Amis de la Nature rencontrent de plus en plus souvent des panneaux « Défense d'entrer » ! Il n'est pas rare non plus que l’on ait à payer des frais élevés sur les parkings aux abords de la forêt. La cueillette de champignons fait également l'objet de discussions récurrentes. Le libre accès aux lacs est lui aussi souvent obstrué, au sens propre du terme. C'est pourquoi il est du devoir des Amis de la Nature de continuer à se battre pour ce droit et de montrer régulièrement qu'il existe des domaines problématiques – c’est à ce titre que se déroule actuellement la campagne « Berg frei ! » (« Montagne libre ! »).
Outre le droit de passage et d'accès, la protection de l'environnement est bien entendu un aspect important du travail des Amis de la Nature. Ces dernières années, l'extension des domaines skiables a fait l'objet de nombreux débats dans les médias. Les Amis de la Nature autrichiens se sont ici clairement positionnés en tant qu'organisation de protection de l'environnement et gardiens de domaines dignes de protection. En outre, nous essayons de proposer des réponses à des questions importantes, comme l'utilisation de nouvelles sources d'énergie, les concepts de gestion des flux de visiteurs, l'aménagement de la nature, etc. et de les intégrer dans le débat.
« Vers un avenir climatique durable », telle était la devise du XXVe Congrès de l'Internationale des Amis de la Nature, qui s'est tenu le 7 octobre 2023 à Spital am Pyhrn. Promouvoir les idéaux du mouvement, comme la solidarité internationale, et y apporter une contribution concrète – par exemple à travers le Fonds des Amis de la Nature pour le climat – compte parmi les priorités du travail international des Amis de la Nature. Quelle est à ton avis l'importance de l'engagement international pour un mouvement comme les Amis de la Nature ?
Seule la coopération internationale permet de lutter contre la crise climatique, aucun pays ne peut réussir seul dans ce domaine. Mais la responsabilité, les possibilités et les ressources pour agir sont réparties de manière extrêmement inégale. Le Nord produit des dizaines de fois plus d'émissions que le Sud, qui en subit bien plus massivement les conséquences. Rien que pour cette raison, il est de notre devoir de nous mettre en réseau au niveau international et d'élaborer ensemble des réponses et des propositions de solutions, puis de les mettre en œuvre. L'Internationale des Amis de la Nature montre ici l'exemple avec le Fonds pour le climat évoqué, avec des actions de reboisement en Afrique ou avec des concepts de tourisme durable.
Le changement climatique et la perte de biodiversité sont des défis majeurs pour la politique européenne à laquelle tu participes en tant que membre du Parlement européen. Alors que ces thèmes étaient hautement prioritaires au début de la législature actuelle et que le Green Deal européen a été promu de manière engagée, cet engagement semble aujourd'hui s'épuiser face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Que faut-il faire, selon toi, pour revenir à une politique européenne engagée en matière de climat, d'environnement et de protection de la nature ?
On voit maintenant clairement pour qui la protection de notre nature est une véritable préoccupation et pour qui elle n'a été, dès le départ, qu'un engagement du bout des lèvres. Les prochaines années seront décisives pour faire face aux conséquences du changement climatique et pour préserver nos bases de vie naturelles. Pour cela, nous avons besoin de majorités politiques et c'est pourquoi j'espère que le plus grand nombre possible de personnes se prononcera, lors des prochaines élections européennes, pour des partis qui s'engagent réellement en faveur de notre nature et de notre planète.
Et de nombreuses personnes s'engagent non seulement lors des élections, mais aussi tout au long de l'année pour la protection de la nature et de l'environnement et pour le libre accès à la nature, par exemple auprès des Amis de la Nature d’Autriche ou ailleurs. Et cela aussi est un signe fort adressé à la politique pour qu'elle prenne au sérieux la lutte contre le changement climatique.
Janvier 2024
RON MANUEL-BENEKER | Directeur Exécutif de Nivon (Amis de la Nature Pays-Bas)
Ron, s’il-te-plait présente-toi brièvement.
Je suis Ron Manuel-Beneker, marié à Marja Beneker-Manuel. Nous sommes tous deux nés et avons grandi à Amsterdam, avons deux filles et un fils et vivons maintenant à la campagne. J'ai une formation en finance et en comptabilité, et je travaille comme contrôleur/trésorier et directeur exécutif de Nivon Pays-Bas depuis maintenant 10 ans.
Comment es-tu arrivé à t’engager chez les Amis de la Nature et quelles étaient et sont les raisons personnelles de ton engagement ? Quelle est ta vision de l'avenir du mouvement des Amis de la Nature ?
Je me suis engagé auprès de Nivon en 2013, lorsque que je voulais changer d’emploi. À l'époque, j'étais directeur général d'une association de logement social près d'Amsterdam. Avec mes connaissances dans le domaine de l'immobilier et de la finance, c'était vraiment un petit pas.
Mon objectif principal était de rendre tous les logements sociaux de l'association durables. L'objectif est toujours le même, la seule chose qui a changé est le type d'immobilier.
Je crois que Nivon a encore un grand avenir, nous pouvons jouer un rôle mobilisateur. Nous pouvons mettre les gens en contact pendant nos randonnées, dans nos maisons d'Amis de la Nature, nos campings, etc., et tout cela à un coût minimum.
Vous avez une petite équipe et il y a également de nombreux bénévoles. Quels sont, selon toi, les raisons et les avantages de ce système ? Et quels sont les défis qui en découlent ?
Le secrétariat de Nivon (siège) soutient nos 3 000 bénévoles qui réalisent toutes les activités de Nivon. Le siège n'organise pas d'activités lui-même. Un grand avantage de ce système est que les coûts peuvent rester bas, de sorte que les participants/membres de Nivon n'ont pas à payer un prix commercial.
Les femmes occupant des postes de direction sont encore minoritaires dans le réseau des Amis de la Nature. Que faut-il faire à ton avis pour changer les mentalités et donner aux femmes une voix plus forte au sein des Amis de la Nature, tant au niveau national que local ?
De mon point de vue, Nivon a réussi il y a longtemps à nommer des femmes à des postes de direction. Notre conseil d’administration est présidé par une femme (Mieke Minkes), et parmi mes prédécesseurs il y a une femme. Le nombre de femmes occupant des postes de direction au sein de nos sections et de nos groupes de travail est de 50/50, ce qui signifie qu'aucun effort supplémentaire n'est nécessaire. Il suffit de continuer à faire du bon travail.
La lutte contre le changement climatique et la contribution à la justice climatique font partie des principaux thèmes du mouvement international des Amis de la Nature, et de nombreuses organisations nationales perçoivent déjà l'impact du changement climatique sur leurs activités. Comment gérez-vous ce sujet ?
Il n'est pas difficile de vivre avec les ODD (Objectifs du Développement Durable). C'est dans notre ADN, il n'y a aucun doute là-dessus !
Quels seront, selon toi, les principaux défis de Nivon et du mouvement mondial des Amis de la Nature au cours des dix prochaines années ?
Notre principal objectif pour la prochaine décennie est de rester en contact avec nos bénévoles, qui sont l'épine dorsale de notre organisation, sans lesquels nous ne pourrions pas exister. Sans eux et elles, nous ne pourrions pas exister. Ils/elles font passer le message et font tout le travail !
Novembre 2023
HANNELE PÖLLÄ | Présidente de Suomen Retkeilyliitto ry (Amis de la Nature Finlande)
Hannele, nous te félicitons pour ton élection à la présidence de Suomen Retkeilyliitto ry en avril 2023. S’il-te-plaît, présente-toi brièvement !
J´ai 68 ans. Je suis aujourd'hui à la retraite après avoir travaillé dans différentes entreprises industrielles où j'ai exercé des responsabilités dans les domaines du marketing, de la communication et du reporting financier. Je suis mariée, j'ai deux enfants et un petit-fils.
Quels sont tes objectifs pour les prochaines années ? Comment décrirais-tu ton style de leadership ? Quels sont à ton avis les plus grands défis ? Comment tes tâches et activités ont-elles évolué ?
Avec mes collègues dans l’association, je veux construire une entité dynamique avec laquelle il soit facile de communiquer et qui puisse attirer de nouveaux adhérents.
Mon objectif est également de mieux faire connaître notre organisation afin d’accroitre notre d'influence dans les domaines de la nature, de l'environnement et des activités de plein air.
En ce qui concerne mon style de leadership, mon approche est caractérisée par l’ouverture d’esprit et je souhaite encourager la discussion et la participation. En même temps, je demande que les choses avancent et que le travail soit fait. Les plus grands défis sont la gestion de nos finances et notre capacité à moderniser nos activités. Auparavant, je supervisais la coopération internationale et les communications de Suomen Retkeilyliitto ; aujourd'hui, je dirige l’association et œuvre pour le développement de l'ensemble de notre association. Je suis fascinée de voir ce que nous pouvons accomplir.
Tu es active au sein des Amis de la Nature depuis de nombreuses années. Comment as-tu fait connaissance avec les Amis de la Nature et quelles étaient et sont les raisons personnelles de ton engagement ?
J'ai rejoint les Amis de la Nature lorsque Suomen Retkeilyliitto cherchait une personne pour coordonner les relations avec l'IAN. Je voulais avoir un hobby intéressant après avoir ralenti mes activités professionnelles, et la coordination de la coopération internationale était exactement ce qu'il me fallait à ce moment-là. Ayant travaillé dans des entreprises multinationales, il était intéressant pour moi de m’engager dans l’IAN qui opère dans de nombreux pays.
Quels sont les aspects du travail international des Amis de la Nature qui te tiennent particulièrement à cœur ? Pourrais-tu nous faire part d'une expérience particulièrement positive ?
Le sens de la communauté est très important pour moi. Nous, les Amis de la Nature internationaux, partageons les mêmes valeurs, et il est formidable de voir comment des gens de différents pays travaillent pour des objectifs communs, même si les contextes politiques et culturels sont différents. L'ambiance de soutien et d'amitié qui règne au sein des Amis de la Nature me surprend chaque jour à nouveau. La nature et l'environnement sont au cœur de mes préoccupations, car nous en avons besoin pour vivre et pour passer nos heures de loisir. Au fond, protéger le climat et pratiquer des modes de vie durables vont de soi, mais cela nécessite une attention permanente. En Finlande, Suomen Retkeilyliitto n'est pas très actif dans la politique intérieure, mais nous donnons notre avis sur divers développements – par exemple dans le domaine de la sylviculture – et en tant que communauté de randonneurs.
Quels seront, selon toi, les principaux défis pour les Amis de la Nature de Finlande et pour le mouvement mondial des Amis de la Nature au cours des dix années à venir ?
En Finlande, la structure d'âge de notre mouvement est une préoccupation majeure. Il est difficile d'attirer les jeunes qui font du trekking individuellement et qui ont leurs propres communautés en ligne. Nos activités reposent sur des bénévoles, et il est important de maintenir cet esprit positif et de les motiver. Au sein du mouvement mondial des Amis de la Nature, le défi pourrait être de proposer des actions et des activités pour lesquelles les différentes organisations membres peuvent facilement et efficacement travailler ensemble, en partageant les mêmes objectifs et le même esprit.
(Septembre 2023)
MADELEINE MEIER & SEBASTIAN JAQUIÉRY | Co-Président(e)s des Amis de la Nature Suisse
Pour la première fois dans l'histoire bientôt centenaire des Amis de la Nature Suisse, la fédération est dirigée par une coprésidence : Madeleine Meier et Sebastian Jaquiéry. Dans l'interview, les deux parlent de leurs priorités de travail, de leurs visions et des femmes dans les positions dirigeantes.
Veuillez vous présenter brièvement, s'il vous plaît !
Madeleine : Je m'appelle Madeleine Meier, j'ai 67 ans et je vis avec mon partenaire à Lucerne. Sur le plan professionnel, j'ai travaillé comme collaboratrice scientifique dans l'administration cantonale, tout en étant active en politique au sein du Parti socialiste et en tant que membre du parlement de la ville de Lucerne. Aujourd'hui, en plus de mon engagement accru pour les Amis de la Nature, je travaille une fois par semaine comme bénévole dans le service d'écriture pour les réfugiés, et cet été je fais des expériences intéressantes comme bénévole au café du cimetière, géré par des amies théologiennes. J'aime d’être active avec d'autres personnes, nous stimuler mutuellement et passer de bons moments ensemble. Sinon, je m'intéresse au vaste monde et à tout ce qui s'y rapporte.
Sebastian : Je m'appelle Sebastian Jaquiéry. J'ai 40 ans, suis père de trois jeunes enfants et membre du Comité des Amis de la Nature Suisse depuis 2016. Il y a quelques jours, je suis arrivé avec ma famille à Pristina, au Kosovo. Ma femme Sarah y a pris un emploi pour le Département suisse des Affaires étrangères. Je vais m'occuper du ménage et aider les enfants à apprendre l'anglais – à partir de septembre ils fréquenteront ici une école anglophone. Parallèlement, j'ai le temps de m'engager pour les Amis de la Nature.
Depuis juin 2023, vous êtes ensemble à la tête des Amis de la Nature Suisse. Toutes nos félicitations ! Où voyez-vous vos atouts personnels et vos futures priorités de travail ?
Madeleine : Continuer à développer ensemble de bonnes idées et les enrichir ainsi, se compléter dans les démarches et s'encourager mutuellement dans la mise en œuvre. Une méthode de travail systématique est importante pour moi, et j'apporte en outre des expériences professionnelles et personnelles variées. Actuellement, nous sommes submergés par de nombreuses tâches (y compris celles que nous avons initiées nous-mêmes), il est donc important de fixer des priorités, compte tenu des ressources financières et humaines disponibles. Actuellement, le développement d'une stratégie et les projets qui en découlent sont au premier plan, mais nous nous occupons également des membres et de l'organisation des activités.
Sebastian : Je me considère comme un esprit créatif qui aime se lancer dans du nouveau. De plus, la collaboration en vue de la réalisation d'objectifs communs est importante pour moi. Ensemble, on réussit toujours plus. Je veux aussi déployer ce potentiel pour les Amis de la Nature Suisse – pour nous fixer de nouveaux objectifs communs au sein de la fédération et pour y travailler ensemble.
Comment êtes-vous entrés en contact avec les Amis de la Nature ? Et quelles sont vos visions pour l'avenir du mouvement des Amis de la Nature ?
Madeleine : Je suis entrée en contact avec les Amis de la Nature il y a environ 30 ans. Le fait qu'ils soient issus du mouvement ouvrier a été pour moi une raison essentielle d'y adhérer. Il s'agit maintenant de donner au mouvement des Amis de la Nature une voix encore plus forte dans le domaine de l'environnement et de la protection du climat. On sait que les activités de loisir sont un facteur essentiel en termes d'impact sur l'environnement. Les Amis de la Nature proposent des alternatives attrayantes et respectueuses de l'environnement. Avec leurs offres de formation continue, ils peuvent contribuer à renforcer la conscience écologique afin que les actes suivent.
Sebastian : Mon engagement pour les Amis de la Nature a commencé en 2016 par une mission de service civil. J'ai découvert une organisation passionnante avec un grand passé, mais qui n'était plus guère visible au public en Suisse. Je voulais absolument changer cela. Depuis, je travaille en tant que membre du Comité pour redonner aux Amis de la Nature Suisse plus de visibilité à tous les niveaux. Quand je pense aux défis de notre époque, j'y vois un grand potentiel pour notre mouvement : Nous devons promouvoir la cohésion et nous opposer aux forces centrifuges visant à diviser nos sociétés. Ce n'est qu'en unissant nos forces que nous parviendrons à stopper les défis mondiaux tels que le changement climatique. En outre, les Amis de la Nature peuvent donner l'exemple en montrant que l'on peut être heureux avec moins – peut-être plus heureux que dans notre société d'abondance actuelle.
Les femmes occupant des postes à responsabilité sont toujours minoritaires au sein des Amis de la Nature. Selon vous, que faut-il pour changer les schémas de pensée dépassés et donner aux femmes une voix plus forte au sein des Amis de la Nature, tant au niveau national que local ?
Madeleine : Chez les Amis de la Nature Suisse, les femmes sont très clairement minoritaires dans les présidences de section (33%), par contre elles se rapprochent de la parité dans les comités de section (46%). Le Comité fédéral est composé d'un tiers de femmes. Je suis optimiste que nous puissions augmenter la proportion de femmes aux deux niveaux en misant systématiquement sur les femmes lors des nouvelles nominations aux instances dirigeantes, jusqu'à ce que l'objectif soit atteint (par exemple, environ 50/50). Nous ne pouvons évidemment pas l'imposer aux sections, mais nous pouvons sensibiliser et montrer l'exemple à chaque occasion. Enfin, il faudrait réfléchir au niveau de l’IAN à la manière dont l'Amie de la Nature pourrait apparaître dans le nom de l'organisation. Ami(e)s de la Nature ? Ou une autre variante ?
Sebastian : C'est une bonne question, à laquelle je n'ai pas de réponse pour le moment. Dans l'immédiat, je suis simplement très heureux que trois femmes exceptionnelles siègent dans notre Comité – ce qui ne va pas de soi vu la concurrence actuelle pour attirer les talents féminins.
Quels sont, selon vous, les plus grands défis à relever dans les dix prochaines années – pour les Amis de la Nature Suisse et pour le mouvement international des Amis de la Nature ?
Madeleine : Comment les Amis et les Amies de la Nature peuvent-ils concilier les besoins des membres et des membres potentiels avec des comportements de loisir respectueux ? Comment parvenons-nous, dans une société de plus en plus individualisée, non seulement à maintenir, mais aussi à accroître le plaisir aux activités et aux expériences collectives ? Réussissons-nous à transmettre ces valeurs aux plus jeunes ? Ce sont des défis passionnants et exigeants que nous voulons relever ensemble.
Sebastian : Continuer à se renouveler, définir et poursuivre des objectifs communs et grandir à nouveau. Mais nous y arriverons !
(Juillet 2023)
JUAN GARCÍA DEL RÍO | Président d´Esperanta Naturamikaro
Juan, veuillez-vous présenter !
Je suis Juan García del Río, né il y a 57 ans en Andalousie, oú j'habite toujours. Licencié en droit. Depuis longtemps intéressé par l'écologie et le changement du climat.
Juan, on vous félicite pour votre élection en tant que nouveau président d'Esperanta Naturamikaro. Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?
Merci pour les félicitations. Les buts principaux de notre association (reconnue par l'état) seront participer aux initiatives pour le tourisme durable et solidaire, faire entendre notre voix (en espagnol et en espéranto, qui symbolise le respect pour les langues régionales) et réaliser notre idéal.
La pandémie de Corona nous a tous affectés. Beaucoup d'associations ont des problèmes avec l'entretien/la rénovation des maisons des Amis de la Nature, Corona a induit une perte de revenus. Comment Esperanta a-t-elle traversé cette période et géré la maison ?
La période a été très difficile pour tout le monde. Mais les gens ont compri qu'il faut vivre autrement, plus en harmonie avec la nature. Etre petite a èté un atout pour notre association, qui a pu se gérer mieux que d'autres, et même réaliser une certaine expansion, pas seulement dans la communauté espérantophone.
La lutte contre le changement climatique et la contribution à la justice climatique font partie des principaux thèmes du mouvement international des Amis de la Nature et de nombreuses associations nationales perçoivent déjà l'impact du changement climatique sur leurs activités. Comment abordez-vous ce sujet ?
Il faut d'abord toucher la conscience de l'humanité, pas seulement des gouvernements.Et cela sera possible si on acceptera une attitude minimaliste et de développement durable dans l'économie mondiale.
Quels seront, selon vous, les plus grands défis des dix prochaines années - pour Esperanta et pour le mouvement international des Amis de la Nature ?
Il y aura un effort de continuité, qui devra tenir compte, surtout à niveau international, de l'évolution du modèle de mouvement parallèle aux mouvements ouvriers nationaux vers un modèle de réseau transnational et participatif. Un réseau qui aide réaliser des modèles alternatives de styles de vie: cela est clair pour les espérantophones, mais peut étre nous sommes en retard dans la péninsule ibérique en général. Berg frei!
(Mai 2023)
MAMADOU SYLLA | Co-président de l'IYNF
Dites-nous quelque chose à propos de ta personne !
Je suis Sénégalais et membre des Amis de la Nature du Sénégal depuis plusieurs années maintenant. Je suis né dans un petit village au nord du Sénégal, où nous cultivions la terre pour nous nourrir. J'ai grandi dans une large famille au sens africaine du terme, avec des parents aimants et de nombreux cousins, tantes et oncles qui étaient toujours là pour me soutenir. Vous imaginez l’ambiance qu’il doit faire dans cette famille !
Pendant plusieurs années, j'ai vécu avec mes grands-parents au village, qui m'ont appris tant de choses sur la vie et sur la nature. Chez nous, l’âge est associé à la sagesse ; quand quelqu’un dit des choses intéressantes, on lui demande si c’est ses grands-parents qui l’ont éduqué. J’ai eu la chance d’avoir grandi chez mes grands-parents et de profiter de leur immense sage et amour. J'ai appris à aimer la terre et à comprendre l'importance de la communauté. C'est grâce à eux que j'ai développé mon engagement communautaire, qui est une grande part de qui je suis aujourd'hui.
J'ai ensuite rejoint mes parents à Dakar pour poursuivre mes études secondaires. Puis, j'ai ensuite décidé de retourner à Saint-Louis pour mes études universitaires à l'université Gaston Berger, où j'ai rencontré une communauté scolaire dynamique et passionné et surtout c’est là où j’ai fait mes premières activités avec les Amis de la Nature, qui sont très vite devenu une part entière de moi-même.
Je suis un grand passionné de sport, de musique et de bonne littérature. J'aime également passer du temps avec mes amis et ma famille, ainsi que faire du bénévolat pour des causes qui me tiennent à cœur. Mais parfois aussi comme tout le monde, j’éprouve le besoin de prendre du temps pour moi, de me ressourcer dans la nature et de profiter du soleil, en se levant très tôt par exemple pour se promener au milieu des arbres, ou aller à la plage pour voir le coucher du soleil. Je suis très curieux de nature et j'aime découvrir de nouvelles choses chaque jour. J'adore apprendre, que ce soit en lisant des livres, en discutant avec des gens ou en essayant des choses qui me sont inconnu. Voilà un peu qui je suis …
Comment es-tu entré en contact avec les Amis de la Nature ? Et quelle est ta vision de l'avenir du mouvement des Amis de la Nature ?
Je me souviens du jour où j'ai été introduit aux Amis de la Nature. C'était mon meilleur ami, un véritable modèle d'engagement pour moi, qui m'a parlé de l'ASAN alors que nous faisions la queue pour déjeuner à la cafétéria universitaire. Il m'a proposé de rejoindre les Amis de la Nature et de les aider à mettre en place une cellule universitaire à Saint Louis. J’étais déjà actif dans des associations humanitaires. Je n’ai pas hésité. C'était l'occasion de plus pour moi de m'investir davantage pour la planète, d’apprendre de nouvelles choses et de rencontrer des personnes engagées.
Je me souviens encore de ma première activité avec l'ASAN ; c’était un programme d'échange en ligne sur le tourisme durable entre les Amis de la Nature du Sénégal et de l’Autriche, je crois. Nous avons échangé pendant plusieurs sessions en ligne et partagé nos bonnes pratiques en matière de tourisme. Cette première expérience a été pour moi le début d'une grande aventure. Par la suite, j'ai participé à de nombreuses campagnes de reboisements, des échanges internationaux, des formations et autres programmes qui m'ont permis d'acquérir de l'expérience et de grandir intellectuellement et humainement.
Aussi, notre cellule locale a rapidement progressé et nous nous sommes vite retrouvés débordés entre nos études et nos activités environnementales. Mais cela n'a jamais été un fardeau pour nous, car nous avons pris plaisir à discuter, planifier, coordonner et essayer de faire évoluer les choses dans notre société. Et aujourd'hui, je suis fier de constater que les Amis de la Nature de l'Université Gaston Berger sont l'une des cellules les plus dynamiques du Sénégal.
Je suis optimiste quant à l'avenir du mouvement des Amis de la Nature. Nous avons quand même plus d'un siècle d'histoire, de lutte et d'impact positif derrière nous. Aujourd'hui, je vois la volonté et l'engagement des membres du mouvement, et cela me remplit d'espoir pour l'avenir de notre planète. Je suis convaincu que les Amis de la Nature vont continuer à jouer un rôle important dans la préservation de notre environnement et de notre vivre ensemble. C'est grâce à notre engagement collectif et à notre capacité à agir ensemble que nous pourrons préserver la planète pour les générations futures.
Tu es le nouveau co-président élu de l'IYNF. Qu'est-ce qui t'a poussé à assumer cette responsabilité ? Quels sont tes objectifs et quelles sont les actions que tu prévois pour ton terme ?
Être élu co-président de l'IYNF est un honneur incroyable pour moi et une opportunité de servir une organisation qui a une histoire aussi riche que celle des Amis de la Nature. Je rappelle quand même que les Amis de la Nature c’est plus d’un siècle d’histoire et qu’IYNF existe depuis plus de 43 ans. C’est immense à tel point que parfois je me suis senti intimidé. Néanmoins, je suis déterminé à assumer cette responsabilité avec dévouement et diligence, et à travailler en étroite collaboration avec mes collègues du présidium et du secrétariat pour atteindre nos objectifs communs.
J'ai toujours été passionné par la nature et la protection de notre environnement, et je suis convaincu que nous avons tous un rôle à jouer dans la préservation de notre planète. Je n´ai pas hésité à prendre ce rôle car c’est une opportunité de contribuer encore davantage à une cause qui me tient à cœur. Quand les Amis de la Nature du Sénégal m'ont proposé de rejoindre le conseil, je n’ai aucunement hésité. Le choix de ma personne est un témoignage de la confiance qu'ils m'ont accordée, et aussi de l’engagement de l’ASAN envers les jeunes.
J'ai auparavant collaboré avec des anciens membres du présidium sur plusieurs projets ; celles que je connais sont des personnes dynamique et inspirant, et leur engagement et leur expertise m’encourage davantage. Mes collègues du nouveau présidium aussi sont des personnes incroyablement expérimentées, en preuve leurs parcours très riches. Je suis convaincu que nous allons accomplir de grandes choses ensemble, et j'ai hâte de travailler avec eux pour atteindre nos objectifs communs. Le secrétariat est également très compétent et expérimenté, et je sais que nous pouvons compter sur leur soutien pour nous aider à réussir. Je ne suis pas seul, c’est clair.
Mon souhait en tant que co-président est de renforcer la coopération entre les organisations membres de l'IYNF et de fournir des ressources et des formations pour les aider à atteindre leurs objectifs. Je veux que toutes les organisations membres bénéficient de l'expertise de ce réseau et soient encouragées à travailler ensemble pour relever les défis environnementaux mondiaux. Je suis convaincu que, grâce à une collaboration étroite et radicale, nous pouvons atteindre de grands objectifs ensemble. Nous avons une opportunité incroyable de partager nos connaissances, nos expériences et nos ressources pour faire avancer notre mission commune de protéger notre planète. Je suis convaincu que si nous travaillons ensemble de manière stratégique et ciblée, nous pouvons accomplir des changements significatifs. Je suis honoré de faire partie de cette aventure.
Comment les jeunes de ton pays, le Sénégal, perçoivent-ils le changement climatique et dans quelle mesure sont-ils affectés par ce phénomène ? Ressentent-ils une injustice climatique ? Y a-t-il des actions spécifiques auxquelles ils participent ?
Le Sénégal est l’un des pays les plus vulnérable aux changements climatiques. Les jeunes en sont conscients parce qu’ils subissent les conséquences au jour le jour. Les conséquences se font sentir quotidiennement, comme les inondations qui touchent régulièrement les quartiers de Dakar et des autres villes, l’érosion côtière dans plusieurs villes surtout dans la région de Saint Louis, la salinisation des terres, la sécheresse ... C'est pourquoi les jeunes sénégalais se mobilisent toujours pour aider leurs communautés de diverses manières, par des actions concrètes, des sensibilisations, dans des projets entrepreneuriaux. Les jeunes sénégalais se sentent très concerné par les changements climatiques à tous les niveaux, que cela soit en termes de militantisme, d’entreprenariat, ou de recherches scientifiques. Malheureusement, tout le monde n’est pas médiatisé. Surtout, les moyens de lutte contre les changements climatiques ne sont pas équitables, que cela soit les moyens financiers, techniques et même structurelles.
Je le dit en toute franchise aujourd’hui, on est dans des configurations politiques qui ne permettent pas certainement aux jeunes de s’exprimer à la hauteur de leur colère contre l’inaction climatique. Aussi, les médias ne sont forcément pas intéressés pour relayer les messages de ses jeunes activistes sénégalais. C’est peut-être pourquoi on n´a pas une Greta Thunberg sénégalaise connue à l’échelle internationale. Il est plus facile pour un activiste d’un pays du nord de se faire entendre qu’un activiste d’un pays du Sud. Mais on essaie de changer les choses par tous le moyens à notre dispositions. Aujourd’hui, les jeunes sénégalais apportent énormément au mouvement climatique globale. Il faut voir le nombre d’associations environnementales présentes au Sénégal et les actions qui y sont menées au jour le jour. On n´attend pas qu’on nous sauve des conséquences des changements climatiques que nous subissons au quotidien. On est en première ligne de la lutte, que ça soit au niveau national ou au niveau internationale.
Tu as représenté l'IAN à la COP 27 à Sharm el-Sheikh. Qu'est-ce que cette expérience a-t-elle signifié pour toi ? Les résultats de la conférence ont été plutôt décevants. Cela t'a-t-il incité à agir davantage ? Avec quels projets es-tu "rentré chez toi" ?
Lorsqu'on considère les difficultés que les jeunes, en particulier ceux des pays du Sud, rencontrent pour accéder aux instances internationales, je ne peux que me réjouir d'avoir assisté à la COP 27 en Égypte. Cela a été possible grâce à l'IAN, qui m'a gracieusement fourni un badge, et au LDYC (Loss and Damage Youth Coalition), qui a financé la totalité de mon séjour de deux semaines durant les négociations. C'était à la fois enrichissant et éprouvant, entre les négociations, les événements, les briefings tardifs la nuit, les réunions de dernière minute et les manifestations. Cela n'a pas été de tout repos, mais il était important pour moi d'être là, de joindre ma voix à celle des milliers de jeunes pour exiger des décisions pragmatiques et plus efficaces.
Malheureusement, nos dirigeants manquent de courage et de volonté politique pour prendre les bonnes décisions. Tout est fait à moitié et à un rythme extrêmement lent. Les changements climatiques sont une urgence mondiale qui doit être traitée comme telle. Nous avons les solutions, mais les dirigeants manquent de volonté. Lorsque la pandémie de Covid est survenue, tout a été mis en œuvre pour l'éradiquer. Malheureusement, pour l'écologie, tout se fait à moitié. Il nous a fallu plus de deux décennies pour parvenir à un accord solide à Paris, et aujourd'hui, nous nous rendons compte que nous sommes loin de l'objectif des 1,5 degrés simplement parce que nous n'avons pas fait ce qu'il fallait. De même, il nous a fallu des décennies pour obtenir une promesse de mise en place d'un fonds pour les pertes et les dommages du changement climatique, et nous devrons encore lutter pour son opérationnalisation à la COP 28. Malheureusement, nous pourrions attendre des années avant que les premières sommes du fonds ne soient reçues par les victimes des pertes et dommages.
Pendant ce temps, les lobbies des énergies fossiles continuent de s'enrichir au détriment des populations. Les inondations et les cyclones continuent de détruire des maisons, des cultures et des activités économiques, ainsi que de prendre des milliers de vies humaines. En tant qu'activiste, je suis encore plus motivé que jamais à me faire entendre. Je continue de faire ce que j'ai toujours fait : exiger des politiques qu'ils rendent des comptes au peuple et qu'ils fassent ce qui est juste pour le peuple.
Grâce aux Fridays for Future, de plus en plus de jeunes élèvent la voix et exigent des actions responsables, tant de la part des décideurs politiques que de la génération de leurs parents et grands-parents. Pourtant, il ne se passe pas grand-chose pour ralentir le changement climatique d'origine humaine et pour transformer notre système économique dans le sens de la durabilité. Que faut-il faire pour que les choses changent ? Et comment des ONG comme les Amis de la Nature peuvent-elles y contribuer ?
Aujourd'hui, il est évident que nous devons agir à tous les niveaux, à la fois individuellement et collectivement. Chaque personne a le devoir de se questionner sur sa responsabilité sociale. Nous devons changer nos modes de production et de consommation, remettre en question le sens de nos actions quotidiennes et, au plus haut niveau, réformer notre modèle économique capitaliste, qui est intrinsèquement axé sur la croissance à tout prix. Le capitalisme est destructeur et doit être abandonné.
A l'ASAN, nous avons très tôt compris l'importance de sensibiliser les jeunes à la durabilité. Nous avons mis en place de nombreux programmes destinés aux élèves pour les informer et les sensibiliser, car le programme éducatif sénégalais ne traite que très peu des problèmes écologiques. Nous avons également travaillé avec les aînés sur des programmes de reboisement d'arbres fruitiers pour montrer qu'il est possible de choisir et de cultiver de manière plus responsable les aliments que nous consommons.
Ce dont nous avons besoin, c'est d'une synergie des forces individuelles et collectives. Aujourd'hui, les ONG, telles que les Amis de la Nature, jouent un rôle crucial dans la lutte contre les changements climatiques pour un monde durable. Elles agissent à différents niveaux, dans la sensibilisation, le renforcement des capacités pour nous aider dans la transition écologique, le militantisme et la recherche scientifique. Tout le monde a un rôle important à jouer. C'est une véritable chaîne où chaque maillon est important, et aucun maillon ne doit faiblir.
(Avril 2023)
Jana Civanova | Présidente OTI Slovakia
Jana, peux-tu te présenter, s'il te plaît ?
Je viens de Nitra, le lieu de naissance d’OTI (Outdoor Training and Inclusion). En tant qu'enseignante au primaire, je m'engage dans le cadre de mon travail pour encourager les enfants et les jeunes. J’aime beaucoup les chiens et j'organise également un club pour les enfants après l’école, où ils peuvent interagir avec nos amis canins !
OTI SLOVAKIA a été acceptée comme organisation partenaire de l’IAN lors de la Conférence annuelle du 15 octobre 2022. Comment êtes-vous entrés en contact avec les Amis de la Nature et quelle a été votre motivation pour rejoindre le réseau international des Amis de la Nature ?
C'est en cherchant des refuges de montagne en Autriche pour un beau week-end de randonnée pour nos adhérents que nous avons découvert l'incroyable réseau international des Amis de la Nature. Nos valeurs et objectifs communs nous ont inspirés à aller plus loin dans notre passion et à rejoindre cette remarquable communauté !
Que signifie pour OTI – étant l’une des plus jeunes et des plus petites organisations membres de l’IAN – faire partie du mouvement international des Amis de la Nature ? Comment les valeurs traditionnelles des Amis de la Nature sont-elles perçues par vos adhérents ? Comment participez-vous au réseau international et quelles sont vos attentes ?
Dans notre organisation, nous allons au-delà de la randonnée pure et simple, que nous combinons avec des découvertes enrichissantes et riches en apprentissages, afin d’améliorer les connaissances des participants sur des questions importantes telles que le changement climatique, la perte de la biodiversité et le tourisme durable. Tout en explorant le riche patrimoine culturel et naturel de la Slovaquie, nous nous penchons également sur les pratiques respectueuses de l'environnement. De plus, nos adhérents bénéficient de l'avantage de pouvoir participer à des formations internationales dans le cadre du prestigieux programme Erasmus+ Sport.
En parlant d'Erasmus, OTI SLOVAKIA a jusqu'à présent participé à plusieurs projets Erasmus+ de l'UE. Quelles expériences avez-vous faites et quelles perspectives voyez-vous pour la collaboration future avec des organisations du réseau des Amis de la Nature ?
Nous sommes toujours à la recherche de pistes pour impliquer et appuyer notre jeunesse. C'est pourquoi nous avons profité des programmes « mobilités » d’Erasmus+ pour vivre de nouvelles aventures dans la région époustouflante des Basses Tatras : l'année dernière par exemple les randonnées numériques sur les herbes et les calculs d'azimut ont fait fureur ! Notre envie d’associer des activités non-formelles à des activités sportives en plein air nous a même amenés à organiser des camps d'été internationaux, au cours desquels nous avons compensé le manque d'activité physique dans notre vie quotidienne à l'aide de jeux et de danses traditionnels !
Cette année, nous continuerons à travailler dans ce sens. Nous nous concentrerons sur la sécurité en montagne et motiverons en particulier les femmes parmi nos adhérents à élargir leur horizon d'expérience en les initiant à l'escalade. Nous souhaitons encourager les autres membres de l’IAN à saisir toutes les opportunités qui se présentent à eux, notamment dans le cadre du formidable programme sportif d’Erasmus+.
Jetons un coup d'œil vers l'avenir, vers l’année 2033 : où voyez-vous OTI SLOVAKIA dans dix ans ? Quelles sont les priorités de votre organisation ? Quelle est ta vision, qu'est-ce qui t'attire et quels sont les défis à relever ?
En 2023, nous avons lancé notre projet d'améliorer les sentiers de randonnée slovaques ! Nous imaginons qu’à l’avenir le balisage des sentiers de randonnée sera une activité bénévole extrêmement populaire parmi les jeunes. Dans le cadre de cet objectif, nous visons à former au moins 20 guides de montagne certifiés au cours des dix prochaines années – et souhaitons ainsi faire venir un nombre croissant de personnes dans la nature, pour la découverte et l’aventure.
(Mars 2023)
Doris Banspach | Responsable du groupe spécialisé « relations internationales » des Amis de la Nature d'Allemagne
Doris Banspach s'engage depuis de nombreuses années dans le cadre d'initiatives de partenariat avec des organisations d'Amis de la Nature du Sud global. Dans cet entretien, elle nous parle des motifs de son engagement, de ses priorités et de ses visions.
Doris, tu es active depuis de nombreuses années pour les Amis de la Nature. Comment es-tu arrivée aux Amis de la Nature et quelles étaient et sont tes motivations personnelles pour ton engagement dévoué ?
À l’âge de 18 ans, je suis tombée sur un groupe de personnes engagées dans différentes organisations ou associations : mouvements de protection de la nature et de l'environnement, syndicats, initiatives pour le tiers-monde. Lors de randonnées vers des Maisons des Amis de la Nature, les statuts de cette organisation nous sont tombés entre les mains et nous avons constaté que tous les intérêts et thèmes que nous défendions y étaient déjà ancrés. Nous avons donc fondé un groupe local et, dès le début, nous nous sommes surtout occupés de protection de la nature et de l'environnement au niveau local (plantation de haies, protection des amphibiens, nichoirs) et de thèmes globaux. C'était l'époque de l'apartheid en Afrique du Sud, des mouvements des droits civiques en Amérique centrale. Grâce à une initiative d'amitié au Salvador, nous avons eu la chance d'entrer directement en contact avec les populations locales. C'est ainsi que se sont développés mon intérêt et mon engagement pour les pays du Sud.
Quels sont les thèmes qui te tiennent particulièrement à cœur dans le travail international des Amis de la Nature ? Y-a-t-il une expérience particulièrement positive que tu aimerais partager avec nous ?
La mise en réseau au niveau international est pour les Amis de la Nature européens une occasion formidable de porter leur regard au-delà de leur propre environnement. En nous rapprochant des conditions de vie dans les pays du Sud nous arrivons aussi à remettre en question notre propre réalité de vie, à situer nos propres actions dans le contexte d’efforts contribuant à un monde plus juste.
Mes plus belles expériences ont toujours été des rencontres personnelles, par exemple avec les Amis de la Nature au Sénégal, avec les jeunes de l’association Just Act en Gambie. J’en ai beaucoup profité pour mieux comprendre la situation dans les pays du Sud global, et en même temps les gens m’ont beaucoup appris sur culture.
La justice climatique est un thème central aussi bien pour votre groupe spécialisé que pour l’IAN. Avec le Fonds des Amis de la Nature pour le climat (link), nous proposons à toutes les Amies et tous les Amis de la Nature de contribuer, par un don, à des projets des Amis de la Nature africains qui œuvrent pour la justice climatique et améliorent les conditions de vie des populations. Les reboisements d'arbres fruitiers dans des villages au Sénégal et en Gambie, que tu as toi-même visités dans le cadre de voyages des Amis de la Nature, en sont un exemple. Quelles sont tes impressions sur ces projets ?
Lors de mes premiers voyages avec les Amis de la Nature au Sénégal, l'accent était souvent mis sur la plantation d'arbres. Les arbres étaient plantés en dehors des villages. Les Amis de la Nature au Sénégal ont ensuite dû faire l'expérience que les arbres étaient trop éloignés de l'environnement de vie des gens, qu'ils n'y survivaient pas toujours. Par la suite, la stratégie a consisté à planter les arbres à proximité immédiate des habitations des personnes, pour que ces arbres puissent être mieux entretenus et que les avantages directs pour les habitants soient plus tangibles. Ce concept a fait ses preuves et, du fait que les Amis de la Nature sénégalais visitent régulièrement les reboisements, les arbres se développent bien.
Nous constatons malheureusement qu'il est de plus en plus difficile d'inciter les adhérents à travailler bénévolement. Beaucoup aiment bien participer à nos activités. Pourtant, il est difficile de franchir le pas vers l’engagement actif, même si les ressources en temps ne font pas défaut. Que faut-il, selon toi, pour motiver nos adhérents à faire ce pas ?
L'action personnelle est tout d'abord la meilleure façon d’interpeller les gens, les motiver à s'engager. Donner l'exemple et porter de l’estime aux personnes qui souhaitent s’impliquer, sont des aspects importants à cet égard.
Pour attirer davantage de jeunes, les personnes âgées devraient toujours leur donner la possibilité de proposer leurs idées. Les anciens doivent aussi vouloir apprendre des jeunes. Vouloir rester curieux, voilà ce qui devrait être l’attitude de base de tous les Amis de la Nature. Et c'est la force des Amis de la Nature : les contacts personnels et respectueux de l’autre au sein des groupes constitue une base importante pour un engagement durable.
(Janvier 2023)
Claudia Mazzocco | Co-directrice des Amis de la Nature Suisse
Depuis le 1er juillet 2022, Claudia Mazzocco est la nouvelle Co-directrice des Amis de la Nature Suisse. Directrice adjointe jusqu’ici, responsable du marketing et de la communication, elle devient ainsi l'égale de l'actuel Directeur Ramon Casanovas. Dans cette interview, Claudia nous parle de ses idées et de ses projets.
Les femmes aux postes de direction sont malheureusement l'exception dans de nombreuses organisations d'Amis de la Nature. Les Amis de la Nature Suisse, comme aussi les Amis de la Nature d’Allemagne, donnent à ce propos le bon exemple. Que faut-il, selon toi, pour changer les vieux schémas de pensée et donner une voix plus forte aux femmes au sein des Amis de la Nature – aussi bien au niveau des employé/e/s qu'au sein des groupes locaux ?
Les Amis de la Nature Suisse comptent déjà 53% de femmes, et 46% de nos sections sont dirigées par des Présidentes. Je ne peux pas juger de la situation dans d'autres organisations d'Amis de la Nature. De telles statistiques sont toutefois importantes pour connaître la structure de sa propre Fédération. Si ce sont surtout des hommes qui occupent les comités ou qui constituent la majorité des adhésions, il vaut la peine d'y regarder de plus près.
En plus de leurs obligations professionnelles, les femmes ont plus souvent à s'occuper de leurs enfants et de proches. Y a-t-il des offres pour les mères et leurs enfants ? Existe-t-il des responsabilités limitées dans le temps ou à bas seuil d’accessibilité ? Et la communication visuelle et écrite des associations et des sections s'adresse-t-elle aussi directement aux femmes ? Ou bien ne trouve-t-on que des randonneurs et des raquetteurs sur les supports publicitaires et les sites Internet, et ne cherche-t-on pas que de nouveaux animateurs et présidents ? Il s’agit de s’adresser directement aux présidentes et aux raquetteuses potentielles pour les drainer vers notre mouvement.
Comment décrirais-tu ton style de direction ? Quels sont pour toi les plus grands défis ? Comment tes tâches ont-elles évolué ?
Le secrétariat des Amis de la Nature Suisse est une petite équipe de cinq employé/e/s qui se partagent 3,4 équivalents temps plein. En outre, nous employons régulièrement une ou deux personnes effectuant le service civil qui, dans le cadre de leur engagement, nous soutiennent pendant trois à six mois dans le domaine de l'informatique et de l'administration. Cela exige de nous tous et toutes beaucoup d'autonomie et de responsabilité dans nos domaines d'activité respectifs. Nous dépendons fortement les un/e/s des autres et devons pouvoir compter les un/e/s sur les autres. Cela signifie également que nous devons tous et toutes penser plus loin que notre propre spécialité, apporter nos contributions et nous soutenir mutuellement dans diverses tâches. Cette culture est très exigeante pour tout le monde, mais elle nous donne aussi une grande liberté dans l'organisation de notre travail et la possibilité d'adapter et de développer nos processus en permanence.
Garder une vue d'ensemble de toutes nos obligations et répondre aux besoins de plus de cent sections, de soixante-dix Maisons des Amis de la Nature et de plusieurs organisations partenaires, ainsi qu'aux exigences du Comité de la Fédération, avec des ressources humaines et financières limitées, est un véritable défi. Quiconque dirige une association connaît ce défi. En raison de notre façon de travailler en réseau et de la hiérarchie plate, rien n'a fondamentalement changé dans mon travail personnel. Je me sens cependant plus responsable de la bonne marche de l'association.
Les Amis de la Nature ont des priorités très variées aux niveaux national et régional. De nombreux groupes organisent des activités pour leurs membres et gèrent des Maisons des Amis de la Nature. Un thème central est également le travail politique pour les thèmes phare des Amis de la Nature – de la protection de la nature et de l'environnement à l'engagement pour la paix et les droits humains. Quelles sont tes priorités personnelles ?
Il est important pour moi non seulement d’accroitre la visibilité des valeurs du mouvement des Amis de la Nature à l'extérieur, mais aussi de les ancrer plus profondément dans nos sections et nos Maisons. Le travail de la Fédération nationale en matière de politique environnementale joue un rôle central à cet égard. Nous constatons cependant que la plupart de nos sections sont principalement actives dans le domaine des loisirs et peu engagées politiquement. Il me tient à cœur de réunir ces deux bras de l'engagement environnemental au niveau national et de l'organisation d'activités de loisirs en plein air au niveau local.
Quels seront, selon toi, les plus grands défis des dix prochaines années – pour les Amis de la Nature Suisse et pour le mouvement international des Amis de la Nature ?
Tous les quatre ans, une enquête nationale permet d'étudier l'engagement bénévole au profit des individus, de la société et de l'environnement. L’Observateur Bénévolat Suisse permet de découvrir pourquoi des personnes s'engagent sans rémunération pour le bien commun au milieu d'un monde dominé par l'argent et favorisent ainsi la cohésion et la vitalité de la société. Le dernier Observateur Bénévolat est paru en 2020 et constate, premièrement, que le nombre de personnes engagées bénévolement reste stable et n'est pas en recul, comme on le pense souvent. Deuxièmement, il découle du rapport que les personnes qui s'engagent bénévolement recherchent des activités en commun pour faire bouger les choses, tout en se développant elles-mêmes, en apportant et en élargissant leurs connaissances et leurs compétences. Le fait de partager des moments de détente et d'entretenir des contacts sociaux, joue un rôle central dans ce contexte. La difficulté de concilier travail, famille et bénévolat est un obstacle majeur. Par contre le manque de temps et d'esprit d'équipe, la bureaucratie envahissante ou le manque de reconnaissance peuvent conduire à l'abandon.
Pour notre mouvement, il est indispensable d'adapter nos structures et nos offres à ces réalités – non pas par manque de bénévoles, mais pour rester attractifs pour les bénévoles. Les questions que nous devons nous poser sont par exemple : combien de personnes dans un Comité de direction sont vraiment nécessaires pour diriger une section, comment rendre les réunions plus attrayantes et comment créer des possibilités d'engagement liées à des projets. Quelle est notre culture associative ? Les nouvelles idées sont-elles acceptées ou s'en tient-on au statu quo ? Nos Comités de section et les sections elles-mêmes fonctionnent-ils comme des sociétés fermées ou ont-ils le courage de confier la conception de nouveaux projets à des adhérents nouvellement arrivés ? Sans cette ouverture à l’innovation nous aurons du mal, à long terme, à mobiliser les gens pour l'engagement en faveur de nos causes.
Un objectif important du travail international des Amis de la Nature est de faire vivre les valeurs de notre mouvement, comme la solidarité internationale, et d'apporter une contribution active, par exemple avec le Fonds pour le climat des Amis de la Nature ou encore avec le Paysage de l'année dans la région frontalière entre le Sénégal et la Gambie. Quelle est à ton avis l'importance de l'engagement international pour un mouvement comme les Amis de la Nature ? Et comment pouvons-nous contribuer efficacement à une plus grande solidarité (internationale) en ce moment ?
Le Fonds pour le climat de l’IAN est un outil formidable pour faire connaître à nos adhérents non seulement les projets internationaux des Amis de la Nature financés par le Fonds, mais aussi pour leur faire comprendre le thème de la justice climatique, de la solidarité entre le Nord et le Sud. Je considère le travail du Fonds pour le climat comme central dans la construction de cette prise de conscience. Nous essayons d'intégrer davantage le Fonds pour le climat dans nos projets et d'informer nos adhérents sur sa mission, son rôle et son impact. Par exemple, pendant la période précédant Noël, nous faisons un don de 5 CHF au Fonds pour le climat, lors de l'achat de certains produits de notre boutique en ligne. Nous souhaitons ainsi réagir par rapport à l’annuelle consommation massive de Noël – à savoir des produits durables et de qualité dont profitent non seulement les destinataires des cadeaux, mais aussi, par le biais du Fonds pour le climat, des personnes dans d'autres situations de vie, directement touchées par le changement climatique.
(Octobre 2022)
François Septier | Président des Amis de la Nature France
François Septier a été élu président des Amis de la Nature France en juin dernier lors du congrès d'Evian-les-Bains. Dans cette interview, il nous parle de ses projets et de la contribution des Amis de la Nature à une plus grande justice climatique.
François, nous te félicitons pour ton élection comme président des Amis de la Nature France ! Quels sont tes objectifs pour les prochaines années ?
J’ai adhéré aux Amis de la Nature depuis 9 ans : d’abord à Saint Dié des Vosges, au club photo de l’assiciation locale puis aux Amis de la Nature Val d’Orbey où, responsable de la maintenance du chalet refuge du Lac Noir, j’ai mené avec les bénévoles et les entreprises, la remise aux normes et l’amélioration des services et des locaux de notre chalet-refuge.
Elu Président National au congrès d’Evian en mai 2022, je souhaite apporter ma contribution à la relance sereine de notre fédération nationale au service des Associations locales ainsi qu’à la relance de notre contribution à l’action de l’IAN.
Il me paraît particulièrement important d’axer nos efforts sur:
- La communication interne et le lien entre l’IAN, les Amis de la Nature France et les associations locales pour que chaque adhérent prenne conscience qu’il appartient à un mouvement qui va au-delà de son association locale, que sa cotisation sert réellement à la mise en œuvre d’actions correspondant à la raison d’être du mouvement. Le travail sur cette prise de conscience doit s’étendre bien sûr au-delà du périmètre national, et notamment en renforçant un engagement au sein de l’IAN.
- La communication externe envers le public et le partenariat pour rendre les Amis de la Nature visibles.
- Le développement du partenariat avec des acteurs dont le domaine est similaire ou complémentaire.
- L’investissement de notre mouvement au travers de ses activités dans le respect et la défense de l’environnement et de la biodiversité.
La pandémie de Corona nous a tous touchés. Quelle est la situation pour les Amis de la Nature France ?
ANF a connu quelques difficultés ces dernières années, mais l'équipe précédente a tant bien que mal essayé de maintenir les liens avec l’IAN : Nous essaierons de conforter notre présence et notre action. Il faudra cependant un peu de temps pour relancer notre action fédérale.
Les Amis de la Nature France sont fortement liés aux Amis de la Nature en Afrique - votre engagement a largement contribué au développement du mouvement des Amis de la Nature en Afrique. Les Amis de la Nature France sont engagés dans de nombreux projets en Afrique et sont également actifs dans le groupe de travail de l´IAN sur la justice climatique. Comment vois-tu le rôle et la contribution des Amis de la Nature au niveau national et international pour plus de justice climatique et plus généralement pour une transformation du monde vers la durabilité (Agenda 2030) ?
Nous avons déroulé le project « Des graines pour nos insectes et des arbres pour l'Afrique », avec Betty Miclo à la tête de l’opération menée dans le Haut Rhin et présentée à notre congrès d’Evian 2022 en présence de Manfred Pils, le président de l´ IAN. Cette opération (modeste aujourd’hui), crée un lien matériel et symbolique entre notre engagement local et l'engagement international du Mouvement. Nous serions heureux de pouvoir dire un mot de cette opération et de remettre officiellement un chèque (modeste, lui aussi), résultant de celle-ci lors des rencontres d’Octobre à la Conférence Annuelle.
(septembre 2022)
Martial Kouderin | Directeur Exécutif Centre Régional de Recherche et d'Education pour un Développement Intégré (CREDI-ONG)
Le Centre Régional de Recherche et d'Education pour un Développement Intégré (CREDI-ONG) au Bénin est une organisation partenaire (Membre C) de l’Internationale des Amis de la Nature depuis plus d'une décennie. Comment avez-vous contacté les Amis de la Nature et qu'est-ce qui vous a poussés à vous engager dans notre mouvement ? Et que signifie pour vous être membre du mouvement international des Amis de la Nature ?
C’est en faisant des recherches sur les organisations et mouvement associatif à l’international œuvrant pour la conservation de la nature et la gestion durable des ressources naturelles que nous avons découvert sur le web, l’Internationale des Amis de la Nature (IAN).
Au regard de la vision de CREDI-ONG d’œuvrer pour un monde plus vert et bleu où l’homme vit décemment en harmonie avec la Nature et vu notre initiative naissante à l’époque de Gestion Communautaire des Ressources Naturelles dénommée « La vallée du Sitatunga » au sud du Bénin, nous avons trouvé que ce mouvement pourrait nous permettre de retrouver des organisations œuvrant pour des buts similaires afin non seulement de s’enrichir de leurs expériences mais aussi et surtout de partager les nôtres.
Être membre de l’IAN pour nous, c’est l’expression d’une prise de conscience que les solutions à plusieurs problèmes majeurs de notre temps se trouvent dans la Nature et qu’il faut s’engager à la sauvegarder à tout prix afin de mieux profiter de ses délices.
Comment votre organisation a-t-elle évolué durant cette période ? Quels projets avez-vous menés et sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Depuis sa création en 2005, CREDI-ONG a initié deux ans plus tard, un projet de création d’un Parc Naturel Communautaire dénommé « La Vallée du Sitatunga », une initiative de gestion communautaire des ressources naturelles au sud du Bénin dans le but de contribuer à la mise en œuvre de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), ratifiée par le Bénin depuis 1992. Ce projet qui est né à la suite de la création d’une ferme aquacole d’expérimentation, de démonstration et de formation pour une agriculture intégrée durable, a pris le pas sur toutes les autres actions et constitue de nos jours un épicentre autour duquel rayonne pratiquement l’ensemble de nos activités.
L’initiative « Vallée du Sitatunga » continue de faire son petit bonhomme de chemin même si elle a passé plusieurs étapes importantes. De nos jours, elle continue de nous absorber au regard des nouveaux défis d’engagement et d’implication des autorités politiques locales et nationales dans sa gestion et sa gouvernance. Une communauté de commune est née l’année dernière dans ce sens et les activités de développement de l’écotourisme puis de promotion des activités génératrices de revenus au profit des communautés locales pour réduire de manière significative les pressions anthropiques sur les ressources naturelles, sont plus que d’actualité.
L’éducation environnementale des jeunes à travers les programmes d’échanges et les sorties de découverte est une pièce maîtresse de nos actions actuelles et il nous paraît indispensable d’œuvrer pour l’amélioration des conditions de vie des populations locales à travers des projets de développement d’infrastructures socio-communautaires, notamment l’accès à l’eau potable, le renforcement scolaire, la promotion des énergies renouvelables, la gestion des déchets, l’autonomisation des femmes, la restauration écologique des écosystèmes, etc.
La promotion de l'aquaculture et la protection de l'environnement sont-elles toujours vos principales priorités ? Parlez-nous de l'avenir de votre organisation. Quels seront les plus grands défis à relever dans les prochaines années ?
Si la promotion de l’aquaculture a été mise en veille actuellement, la protection de l’environnement est davantage le socle des actions de CREDI-ONG. Avec une superficie de plus de 80 000 ha, le Parc Naturel Communautaire de la Vallée du Sitatunga constitue la zone d’intervention et d’actions de CREDI-ONG. Ce parc naturel est doté d’un Plan d’Aménagement et de Gestion qui définit les grands axes de planification pour faire de cette initiative un « Modèle intercommunal de conservation qui assure l’amélioration de l’état des ressources naturelles et la durabilité des services écosystémiques pour le bonheur des populations ».
Il s’agira à cet effet d’œuvrer pour renforcer le dispositif de gestion du parc et conserver la biodiversité et les habitats, de valoriser les ressources naturelles par le développement du tourisme et l’éducation environnementale tout en améliorant les conditions de vie des couches vulnérables. Avec la création de la communauté des communes de la Vallée du Sitatunga, CREDI-ONG se positionne désormais comme une structure technique d’accompagnement des collectivités locales.
A travers son plan stratégique 2019-2025, CREDI-ONG s’est assigné la lourde mais noble mission de contribuer à l’émergence d’une génération de citoyens du monde apte à proposer et mettre en œuvre des solutions innovantes et locales pour un développement humain respectueux de la Nature.
(Avril 2022)
Péniel Ngaba Kazou | Président de Centrafrique Action Verte Plus (République centrafricaine)
Péniel, votre association a été accepté comme membre C (organisation partenaire) de l'Internationale des Amis de la Nature lors de la Conférence annuelle du 23 octobre 2021. Comment êtes-vous entré en contact avec les Amis de la Nature et quelle était votre motivation pour rejoindre le réseau international des Amis de la Nature?
En effet, nous nous sommes entrés en contact avec le réseau des Amis de la Nature par le biais de la Fédération française des Amis de la Nature le 11 février 2021.
Étant donné que notre mission vise à contribuer à la recherche des solutions durables face à la pollution croissante de l'environnement, pour un équilibre climatique tant au niveau national qu'au niveau mondial, nous souhaitons avoir des échanges d'expériences dans ce cadre, avec les amis de la nature pour une lutte collective contre le réchauffement climatique.
Quelles sont vos attentes? Et comment souhaitez-vous vous impliquer dans le réseau?
Nos attentes sont basées sur le transfert de connaissances complémentaires liées à la lutte contre le réchauffement climatique, pour nous permettre de les appliquer dans le contexte environnemental de notre pays. Par conséquent, nous souhaitons nous impliquer dans le réseau en devenant membre, en développant des synergies d'actions à travers des ateliers de formation, des conférences et des colloques sur l'environnement avec le réseau.
Quelles sont les activités concrètes que vous avez mises en œuvre au cours des dernières années? Sur quels projets travaillez-vous actuellement? Quelles sont les priorités de votre organisation?
Concrètement nous avions eu comme activités: les corvées de ramassage des sacs plastiques aux abords des rivières et du fleuve Oubangui; actions de sensibilisation et de reboisement des arbustes au sein de l'Ombella M'Poko suite aux incendies forestièrs ; actions de sensibilisation sur l'usage d'engrais naturel à base des foins et de bouse des bœufs sur des surfaces agricoles.
Nous travaillons actuellement, sur le projet de sensibilisation contre'' les actes irrespectueux de l'environnement '’ comme source de changement climatique dans le village de Yamboro.
Les priorités de notre organisation sont: la lutte contre la déforestation, la lutte contre la pollution croissante de l’environnement, la lutte contre l’érosion de la biodiversité et la sensibilisation sur l’écologie.
La justice climatique est un thème central dans le travail international des Amis de la Nature. Nous savons tous que les habitants des pays du Sud global, qui contribuent peu aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, sont beaucoup plus touchés par le changement climatique que les habitants des pays européens, par exemple. Quel est l'impact du changement climatique sur la vie des habitants de votre pays?
L’impact du changement climatique sur la vie des habitants de notre pays est centré sur des raretés des denrées alimentaires (fruits et légumes) sur le marché et des difficultés d'approvisionnement en eau potable lié à la sécheresse. En outre, les inondations pendant la saison des pluies envahissent et transforment les terres agricoles en zones marécageuses.
Quelles seraient, selon vous, les mesures les plus importantes à prendre? Et quel rôle les organisations non gouvernementales peuvent-elles jouer dans ce domaine?
Les mesures les plus importantes à prendre consistent à sensibiliser et à mobiliser un large public autour des questions de protection du climat, afin de faire prendre conscience des actes irrespectueux de l'environnement et d'adopter un comportement éco-responsable.
Les organisations non gouvernementales jouent un rôle de catalyseur, en s'engageant dans des actions collectives, visant à sensibiliser chaque individu à la protection du climat par un comportement respectueux de l'environnement.
(Mars 2022)
Margarita Mileva | Présidente de l'Association bulgare des Amis de la Nature (Priyateli na prirodat – Bulgarie)
Margarita Mileva est l'une des fondatrices de l'Association bulgare des Amis de la Nature (Priyateli na prirodat – Bulgarie), et actuellement sa présidente. Margarita est avocate de profession et depuis de nombreuses années active sur le plan socio-politique. Depuis le début de l'année 2021, les Amis de la Nature bulgares sont une organisation partenaire (membre C) de l'IAN.
Les Amis de la Nature de Bulgarie sont l'une des plus jeunes et des plus petites organisations membres de l'IAN. Que signifie pour toi le fait de faire partie du mouvement international des Amis de la Nature ? Comment les valeurs traditionnelles des Amis de la Nature sont-elles perçues par vos membres ? Comment participez-vous au réseau international et quelles sont vos attentes ?
En tant qu'Amis de la Nature de Bulgarie, nous considérons que nous faisons partie de l'Internationale des Amis de la Nature depuis notre fondation. Dès le début, notre objectif était de devenir un partenaire fiable de l'Internationale des Amis de la Nature en Bulgarie. L'occasion concrète de notre enregistrement officiel en tant qu'association a été la préparation de l'événement européen « Europe for All », qui a eu lieu dans de nombreuses villes européennes le 19 mai 2019. Les Amis de la Nature de Bulgarie étaient l’interlocuteur bulgare dans le réseau établi à l'échelle européenne. Dans la préparation et la mise en œuvre de l'événement à Sofia, nous avons collaboré avec de nombreux mouvements, organisations et initiatives progressistes à travers l'Europe. Nous souhaitons continuer à nous engager et à coopérer avec les organisations membres de l'IAN.
Dans nos activités, nous nous engageons pour la nature, l'environnement et le développement du sport. Nous organisons diverses activités éducatives pour promouvoir le développement de la libre pensée et de la solidarité dans un esprit d'humanisme, de démocratie et d'internationalisme. Nous prônons la lutte contre toutes les tendances au racisme, à l'antisémitisme, à la xénophobie et à toutes les formes de discrimination fondées sur l'origine, les opinions politiques, l'appartenance religieuse et l'orientation sexuelle. Nous défendons les droits des minorités et des personnes socialement défavorisées. Nous croyons qu'il est impossible de réaliser des changements et des succès dans un seul pays. La solidarité internationale, la coopération par-delà les frontières et le soutien mutuel sont donc essentiels au travail de toute organisation progressiste. En tant que membre de l'IAN, nous espérons être un partenaire fiable pour les autres membres de l'IAN en Bulgarie grâce à des actions, des initiatives et des positions communes.
Quelles activités concrètes avez-vous mises en œuvre ces dernières années ? Quelles sont les priorités de votre organisation ?
Pendant de nombreuses années, les représentants des Amis de la Nature de Bulgarie ont été impliqués dans la préparation des randonnées internationales organisées par les Amis de la Nature de Berlin dans les montagnes de Stara Planina (chaîne du Balkan), et y ont également participé. Malheureusement, en raison de la pandémie de ces deux dernières années, il n'a pas été possible de réaliser les randonnées prévues. En mai de cette année, nous prévoyons, en coopération avec les Amis de la Nature de Berlin, un voyage culturel et éducatif en Bulgarie sous la devise « Sur les traces de l'histoire antifasciste, de la capitale au littoral de la mer Noire ». Nous souhaitons également participer à nouveau à la préparation de la prochaine randonnée internationale des Amis de la Nature de Berlin dans les montagnes de Stara Planina en juillet 2022, sous le thème « Montagnes, vallées et partisans ».
L'organisation de rencontres d'éducation politique sur différents sujets tels que la justice climatique, la protection du climat, le racisme, l'antisémitisme, etc. fait également partie de nos activités. En outre, nous coopérons avec d'autres organisations en Bulgarie dans différentes initiatives progressistes et dans la préparation et la réalisation de divers événements. Par exemple, il y a quelques jours, nous avons participé à la manifestation antifasciste annuelle contre la dite Marche Loukov en février. Avec d'autres organisations, nous avons participé à l'organisation de contre-manifestations. Le général Hristo Loukov, à qui cette marche est dédiée, était un ministre de la Guerre bulgare pendant la Seconde Guerre mondiale et le chef de l'Union des légions nationales bulgares, une organisation anticommuniste et ultra-nationaliste.
Tu es la principale force motrice de l’association. Quelle a été ta motivation personnelle pour t’engager et créer l'association Amis de la Nature Bulgarie ?
Je suis née et j'ai grandi dans une petite ville au pied des montagnes de Stara Planina. Enfant, je participais souvent aux randonnées scolaires, et c'est depuis cette époque que mon attachement à la nature s'est fortement développé. Plus tard, mon intérêt pour les thèmes socio-politiques, tels que la protection de l'environnement, la justice climatique et le changement climatique, s'est accru. D'autres questions comme l'égalité, l'antifascisme et l'antiracisme sont devenues centrales pour moi grâce à ma famille. En même temps, en Bulgarie, les organisations actives dans les domaines du sport, de la randonnée en montagne, du changement climatique, etc. sont très souvent d'orientation extrêmement conservatrice, voire nationaliste. C'est pourquoi il était important pour moi de m'engager et de gagner d'autres militants. Préalablement à la manifestation européenne « L'Europe pour tous » (2019), les Amis de la Nature de Bulgarie ont été officiellement enregistrés et confirmés en tant qu'association auprès de l'agence d'enregistrement bulgare.
La pandémie de la Covid-19 a entraîné une diminution drastique des rassemblements et des expériences partagées dans la nature presque partout. Comment la pandémie a-t-elle affecté vos activités au sein de l'association, mais aussi, à plus grande échelle, les activités de tourisme vert de votre pays ?
Avec le début de la pandémie de la Covid-19, les Amis de la Nature de Bulgarie, comme d'autres organisations de l'IAN, ont dû faire face à de grands défis. En raison des mesures anti-Covid qui ont été introduites, la possibilité d'organiser des rencontres, des randonnées et d'autres activités était très limitée. Dans la mesure du possible, nous avons organisé nos initiatives en ligne via Zoom. Cependant, nous avons dû reporter de nombreuses activités. Nous espérons vivement que nous pourrons enfin organiser davantage d'activités cette année.
L'impact de la pandémie sur les activités des Amis de la Nature de Bulgarie n'est qu'un exemple de l'influence de la Covid-19 sur la vie socio-politique et l'économie du pays. Si l'on considère que la Bulgarie est le pays le plus pauvre de l'UE et que le système de santé et les soins de santé se sont effondrés après 1989, la situation du pays a encore été aggravée par la pandémie. À cela s'ajoute le très faible taux de vaccination de la population (29 %). Et en ce qui concerne le taux des décès dus à la Covid-19, la Bulgarie se classe première en Europe et deuxième dans le monde.
2032 – Où vois-tu les Amis de la Nature Bulgarie dans dix ans ? Quelle est ta vision, qu'est-ce qui te passionne et quels seront les défis à relever ?
Les Amis de la Nature de Bulgarie veulent se consolider dans les années à venir et essayer d'être actifs dans d'autres régions de Bulgarie. En raison de la situation politique difficile dans le pays et de l'influence sans cesse croissante des formations conservatrices et nationalistes, c'est un grand défi pour nous. Un problème majeur pour les organisations progressistes en Bulgarie est également l'exode massif des familles jeunes et bien formées. Au cours des 30 dernières années, plus de 2 millions des quelque 8 millions d'habitants de la Bulgarie ont émigré en raison du manque d'opportunités d'emploi. C'est dans ce contexte que les Amis de la Nature de Bulgarie veulent intervenir et essayer de contacter activement les émigrants bulgares depuis Berlin et, avec les Amis de la Nature de Berlin, passionner les Bulgares pour les Amis de la Nature et recruter ainsi des militants à Berlin et en Bulgarie.
Ces derniers mois, nous nous sommes lancés dans des recherches dans les archives bulgares pour savoir jusqu'à quelle date les Amis de la Nature en Bulgarie existaient déjà dans les années 1920. Nous voulons préparer une publication à ce sujet dans les prochaines années. Nous discutons activement avec les Amis de la Nature de Berlin de la construction à moyen terme de la première maison indépendante pour les Amis de la Nature de Bulgarie. Actuellement, nous essayons de clarifier les questions organisationnelles et financières et de trouver une maison appropriée.
Dans le cadre de nos activités, nous continuerons à nous engager pour la nature, l'environnement et le développement du sport, et à organiser diverses activités éducatives pour encourager le développement de la libre pensée et de la solidarité dans l'esprit de l'humanisme, de la démocratie et de l'internationalisme. Nous voulons également développer de nouvelles activités pour combattre toutes les tendances au racisme, à l'antisémitisme, à la xénophobie et à toutes les formes de discrimination. Nous espérons faire de réels progrès dans les années à venir et continuer à construire notre mouvement progressiste et interculturel. A moyen terme, nous espérons avoir atteint cet objectif et pouvoir demander alors l'adhésion comme membre B à l'IAN.
(Février 2022)
Pramod Bhandari | Président de l´association Friends of Nature Nepal Pokhara
L’association Friends of Nature Nepal Pokhara a été accueillie en tant que membre C (organisation partenaire) de l'Internationale des Amis de la Nature lors de la Conférence annuelle de 2021. Nous nous sommes entretenus avec Pramod Bhandari, président de l'organisation.
Comment avez-vous pris contact avec les Amis de la Nature et quelle était votre motivation pour rejoindre le réseau de l'Internationale des Amis de la Nature ? Quelles sont vos attentes ? Et comment souhaitez-vous vous impliquer dans le réseau ?
Tout d'abord, je tiens à remercier tous les membres de l’Internationale des Amis de la Nature qui nous ont accueillis en tant que membre C lors de la Conférence annuelle 2021. Et une bonne année à toutes et tous !
Nous sommes des travailleurs sociaux. Nous étions impliqués dans plusieurs organisations sociales et actifs pour notre communauté avant de rejoindre l'Internationale des Amis de la Nature. Depuis que nous sommes en contact avec les Amis de la Nature, notre motivation et notre inspiration ont augmenté.
En 2015, des touristes français ont visité le Népal. Ils sont entrés en contact avec le guide touristique Nabaraj Adhikari. Cette année-là, le Népal a été fortement touché par le tremblement de terre. À leur retour en France, Stefan Natty a contacté les Amis de la Nature France, avec l'idée de développer le tourisme durable et de résoudre les problèmes environnementaux. La proposition était parfaite car nous avions besoin de soutien, puis nous avons formé le comité et lancé notre association ensemble. Nous aimons et soutenons le mouvement des Amis de la Nature. Actuellement, l’association Amis de la Nature Népal Pokhara est un membre C de l'IAN.
Le Népal est un petit pays disposant de magnifiques ressources naturelles. Lorsque nous avons rejoint l'Internationale des Amis de la Nature, nous étions motivés par la protection de notre patrimoine naturel et culturel et le développement d'un tourisme durable. Nous encourageons la responsabilité sociale et environnementale et une bonne éducation à l'environnement.
Il nous faut du soutien pour changer la situation actuelle. Le Népal est un pays en développement. La plupart des gens sont pauvres et peu instruits. Nous voulons collaborer avec l'Internationale des Amis de la Nature, afin de recevoir du soutien, des conseils et une aide pour répondre aux besoins fondamentaux des personnes vivant dans les zones rurales. En rejoignant l'organisation internationale, nous serons établis au niveau national et mondial. Nous nous investirons pleinement dans la mise en œuvre de notre devise !
Quelles sont les activités concrètes que vous avez mises en œuvre au cours des dernières années ? Quelles sont les priorités de votre organisation ?
Depuis de nombreuses années, nous avons mené diverses actions de sensibilisation, de tourisme durable en montagne, de solidarité et d'environnement, nous avons mené des programmes de sensibilisation communautaire, de nettoyage et de collecte de déchets sur la route dans les vallées. Lorsque les Amis de la Nature Berlin et certains pays nous ont apporté un soutien financier, nous avons réhabilité l'école secondaire Ambika à Pokhara, qui a été gravement endommagée par le tremblement de terre de 2015. Puis, en 2019, notre organisation a utilisé le fonds de réserve pour l'école élémentaire Kabilas Katsu pour les enfants de Tiffin Food. Nous soutenons également l'école élémentaire Shrijana pour sa reconstruction en 2020. En 2021, nous avons également distribué de la nourriture aux familles pauvres qui ont été touchées par les glissements de terrain. Récemment, nous avons distribué des vêtements chauds à Chapang Basti Chitwan en collaboration avec l'organisation de tourisme.
Notre organisation s’inspire de l’idée de travailler ensemble au sein d’un groupe. Notre objectif est de changer la façon dont les gens pensent et agissent afin d'augmenter la participation et l'implication des populations dans le domaine du développement. Friends of Nature Nepal Pokhara est une organisation sociale non gouvernementale, à but non lucratif et apolitique, travaillant dans les domaines de l'environnement et de la biodiversité. Nous travaillons en partenariat avec des ONG, des ONG internationales et des communautés. Nous essayons de résoudre leurs problèmes, de développer des solutions innovantes et de les mettre en œuvre.
L'internationalité et la solidarité sont des valeurs centrales du mouvement des Amis de la Nature, qui nous distinguent également de nombreuses autres « organisations de loisirs ». Qu'est-ce que cela signifie pour votre association de faire partie d'un mouvement international ? Et comment les valeurs traditionnelles des Amis de la Nature sont-elles perçues par vos adhérents ?
L'internationalité signifie la présence de nombreuses nations, et la solidarité est la valeur du travail d'équipe du mouvement des Amis de la Nature. Les Amis de la Nature ont pour symbole des mains jointes, ce qui signifie qu'ils travaillent ensemble. Et nous avons rejoint cette organisation. Le but de notre travail est le développement durable en termes environnementaux et sociaux, aux niveaux régional, national et international.
La pandémie de la Covid-19 a entraîné un arrêt brutal du tourisme international. De nombreuses restrictions subsistent, rendant les voyages transfrontaliers difficiles. Que signifie l'impact de la pandémie sur le tourisme pour votre pays ?
La pandémie de la Covid-19 a un effet important sur le secteur du tourisme au Népal. Le Népal est un pays riche en beauté naturelle et en cultures anciennes diverses. Il est renommé pour son célèbre Himalaya, avec la plus haute montagne du monde, l’Everest, et le lieu de naissance de Gautama Bouddha. Le Népal compte donc parmi les attractions touristiques les plus connues au monde, ce qui signifie qu'il dépend aussi fortement du tourisme et des voyages pour son secteur économique. Pokhara est la première destination touristique du Népal. La pandémie de la Covid-19 affecte la structure socioculturelle, la psychologie humaine et le système économique global, et l'industrie du tourisme n’y fait pas exception. Les personnes directement employées dans les hôtels, les restaurants, le trekking, l'alpinisme, les compagnies aériennes et d'autres sous-secteurs du tourisme au Népal sont toutes touchées de manière significative par la pandémie.
Ce n'est pas la première crise de cette ampleur à laquelle est confrontée l'industrie touristique népalaise, le secteur a été gravement touché par le tremblement de terre catastrophique et les perturbations commerciales le long de la frontière sud en 2015, ce qui a entraîné une forte baisse du tourisme. En raison de la pandémie, les entreprises liées au tourisme n'ont aucune perspective d'arrivées de touristes. Actuellement de nombreuses entreprises ne peuvent plus survivre et payer leur loyer mensuel aux propriétaires. Voici l'impact majeur de la pandémie sur le tourisme notre pays.
Compte tenu des problèmes rencontrés avant la pandémie (tels que l'encombrement des itinéraires de randonnée, les déchets sauvages et la gestion des déchets, …), comment peut-on mettre en œuvre un tourisme de montagne durable à l'avenir ? Quels sont les principaux défis que vous voyez dans votre région ?
Les principes de durabilité font référence aux trois valeurs les plus importantes – les aspects environnementaux, économiques et socioculturels du développement touristique – et un équilibre durable doit être trouvé entre ces trois dimensions pour assurer sa pérennité à long terme. Alors que le monde est confronté à de multiples défis, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer que l'opérateur mondial est sur la bonne voie. Nous demandons aux voyagistes et aux sociétés de gestion des destinations d'adopter des pratiques durables et aux fournisseurs d'être davantage sensibilisés à la durabilité.
Les principaux défis auxquels est confronté le ministère du Tourisme du Népal sont les suivants : doivent-ils faire du Népal une zone libre de Covid-19 ? Comment peuvent-ils justifier qu'il s'agit d'une destination sûre ? Comment promouvoir le tourisme intérieur ? Ce sont les défis sur la voie du redressement. Un autre défi est de savoir comment transmettre notre image à ceux qui rentrent chez eux.
Nous sommes en attente de vos conseils, de votre soutien et de votre inspiration ! Merci.
(Janvier 2022)
Chikara Mparanyi Philippe | Coordinateur de l‘Action le Vert (République Démocratique du Congo)
Chikara Mparanyi Philippe est le coordinateur de l‘Organisation Action le Vert en République Démocratique du Congo, organisation partenaire (membre C) de l’IAN depuis octobre 2021. Dans la présente interview il parle de son engagement, des de son engagement, des défis pour l’organisation et de ses plans et visions.
Action Le Vert a été acceptée comme membre C (organisation partenaire) de l'Internationale des Amis de la Nature lors de la Conférence annuelle du 23 octobre 2021. Comment avez-vous entendu parler des Amis de la Nature ?
Étant engagé pendant plus de 30 ans dans la lutte pour la protection de la nature dans notre région, j’ai trouvé le site des Amis de la Nature dans mes recherches sur Internet, directement j’ai découvert qu’il y a d’autres personnes au monde qui avaient les mêmes ambitions et les mêmes objectifs de protection de la nature que moi.
Et qu'est-ce qui vous a poussé à poser votre candidature pour devenir membre du mouvement international des Amis de la Nature ?
On dit bien en français : « qui se ressemble s’assemble ». J’ai grandi dans une plantation, mon père était un planteur et grâce à son travail d’agriculteur a fait étudier tous ses enfants. Dès le bas âge, je savais déjà arroser les jeunes plantules dans la pépinière, ma joie était de voir les jeunes plantules vertes en pleine croissance. Après mes études primaires, mon père m’avait orienté de faire mes études secondaires en Agriculture Générale et j’ai poursuivi l’Agronomie jusqu’à l’université.
J’ai développé une expérience d’observer et d’interroger la nature depuis mon enfance et mon jeune âge. Chaque fois quand je compare la végétation (Paysage Passé-Présent) de mon village, sa nature de mon enfance à celle d’aujourd’hui, une PLAIE ne cesse de gonfler mon cœur. Une forte dégradation des forêts, des terres agricoles, de la nature tout entière s’accélère.
Il y a toute une histoire à écrire, une guerre à combattre, une lutte à mener sans pause.
Voilà ce qui nous a poussés à créer Action Le Vert, une organisation qui avait commencé par les jeunes agronomes qui voulaient sensibiliser et former les agriculteurs-éleveurs aux nouvelles techniques culturales, non seulement pour augmenter leurs productions, mais aussi pour préserver la structure biologique de leurs terres. Depuis 1998, la structure avait pris l’aspect d’une organisation non gouvernementale qui encadrait déjà les producteurs locaux (hommes, femmes et jeunes de toutes tendances). En bref, voilà en 2021, la structure était dotée de sa personnalité juridique.
Pour rendre efficace nos interventions, pour arrêter la dégradation des forêts, des terres agricoles et remettre les écosystèmes détruits dans leurs activités naturelles, nous avons besoin d’un partenariat, d’une collaboration avec tous les acteurs mondiaux qui interviennent dans la lutte contre le changement climatique et qui travaillent pour la réalisation des objectifs du développement durable. En dehors de tout ce qui est dit ci-haut, j’ai trouvé que nous poursuivons les mêmes objectifs.
Voilà ce qui nous a poussés à rejoindre le mouvement des Amis de la Nature pour mener cette lutte ensemble.
Quels sont les points forts de votre travail ?
Les points forts de notre travail c’est de travailler à proximité avec la population à la base, nos bénéficiaires participent à toutes les phases de nos projets, à la conception, à l’exécution et à l’évaluation.
Deuxièmement, nous avons un personnel dynamique et multidisciplinaire dans le domaine spécifique de la protection de l’environnement et de nos domaines d’intervention. Les projets déjà réalisés continuent à régénérer l’impact positif et contribuent au développement de la zone.
Quelles sont les réussites que vous avez pu obtenir ces dernières années ou quels sont les plus grands défis que vous avez à relever ?
Nous avons déjà réalisé plusieurs projets notamment dans le domaine de reboisements des collines nues, des rétablissements des paysages, des luttes anti-érosives pour la restauration des écosystèmes dans plusieurs localités qui constituaient les zones d’intervention.
Afin de réduire la vulnérabilité des populations au Sud-Kivu, ACTION LE VERT propose un modèle intégré d’agriculture durable inclusive de la biodiversité. Ceci impliquerait que les paysans pratiquent une agriculture basée sur l'agroforesterie, l'intégration du bétail et la pisciculture avec comme résultat d’augmenter la productivité agricole (donc réduire la pression de déforestation et de braconnage ainsi que d’exploitation non durable des zones protégées). Les pressions sur les ressources ligneuses seront réduites grâce à l’apport d’énergies renouvelables et d'efficacité énergétique (moins de dépendance sur le bois pour le chauffage, etc.). Ceci aura comme résultat d’accroître la résilience des écosystèmes agricoles et de contribuer aux objectifs de conservation de la nature. La non prise en compte des barrières telles que le manque de capacité technique pour l'agroforesterie et de financement pour l'agriculture durable et la protection des aires protégées ainsi que la gestion territoriale inadéquate constituent un défi majeur.
La justice climatique est un thème central dans le travail international des Amis de la Nature. Nous savons tous que les habitants des pays du Sud global, qui contribuent peu aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, sont beaucoup plus touchés par le changement climatique que les habitants des pays européens, par exemple. Quel est l'impact du changement climatique sur la vie des habitants de votre pays ? Quelles seraient, selon vous, les mesures les plus importantes à prendre ? Et quel rôle les organisations non gouvernementales peuvent-elles jouer dans ce domaine ?
Ces changements climatiques causent une augmentation dans les pertes et dommages liés à l'agriculture (inondation / perte de couverture), diminueront la productivité des terres et des rendements agricoles (inondation / perte de couverture) et dégradent les écosystèmes.
Ceci mène à une vulnérabilité humaine par la décroissance de la sécurité alimentaire. Cette vulnérabilité est alimentée par un cercle vicieux de précarité/pauvreté extrême (faim, malnutrition, chômage, etc.), de pratiques agricoles non durables (déforestation et dégradation des forêts, agriculture sur abattis-brûlis et de subsistance), de manque d'accès à l'énergie, de gestion et gouvernance inadéquates des parcs et d’un manque de savoir sur la conservation.
Mettre en place des projets de rétablissement des paysages agroforestiers, la vulnérabilité au changement climatique sera réduit parce que la sécurité alimentaire et l’eau, les infrastructures, environnement (écosystèmes/services) seront améliorés.
Des projets visant à réduire la vulnérabilité des populations rurales en République Démocratique du Congo dans sa partie Est plus précisément dans la province du Sud- Kivu à travers le reboisement et la mise en œuvre d'agriculture climato-sensible. Des projets de formation des jeunes et des femmes en entrepreneuriat agricole pour leur auto-prise en charge socio-économique et professionnelle.
Les organisations non gouvernementales jouent un très grand rôle dans la sensibilisation, conscientisation et mobilisation communautaires pour réduire les effets du changement climatique malgré leurs moyens financiers très limités. Elles jouent le rôle intermédiaire entre le gouvernement et la population à la base. Elles conçoivent, mobilisent les fonds, exécutent les projets au profit des populations bénéficiaires. Elles mènent des plaidoyers auprès des autorités tant nationales qu’internationales pour contribuer à l’atteinte des objectifs du développement durable.
(Novembre 2021)
Irvin Mujčić | Prijatelji Prirode – Oaza Mira (Amis de la Nature de Bosnie)
Irvin Mujčić a fondé et dirige l’organisation des Amis de la Nature de Bosnie – Oasis de la paix (Prijatelji Prirode – Oaza Mira), organisation partenaire (membre C) de l’IAN depuis 2019. Dans la présente interview il parle de son engagement, des enjeux pour la nouvelle organisation et de ses projets et visions.
Prijatelji Prirode – Oaza Mira est l'une de nos plus jeunes organisations membres. Quelles sont les priorités de votre organisation ? Quelles sont les activités concrètes que vous avez mises en œuvre au cours des dernières années ?
Notre organisation PPOM est située à Srebrenica, en Bosnie orientale, à la frontière avec la Serbie. Les Balkans sont une région européenne particulière à bien des égards : géopolitique, écologique, historique, etc. Les Balkans sont aussi une région riche en contrastes, par exemple, la Bosnie possède la dernière forêt vierge européenne et la ville la plus polluée d'Europe. Mais il ne faut pas oublier que c'est aussi la région européenne où s'est déroulé le premier conflit armé après la Seconde Guerre mondiale, qui a conduit à une guerre civile de trois ans et à de nombreux crimes de guerre contre l'humanité, comme le génocide de Srebrenica. J'appartiens moi-même à la génération appelée les « enfants de la guerre ». Nous avons grandi pendant la guerre, nous y avons perdu notre enfance. Après la guerre, nous avons hérité d'un pays complètement détruit : non seulement en termes d'infrastructures, mais aussi spirituellement et mentalement.
La priorité de notre ONG est donc de reconstruire notre pays, des infrastructures matérielles aux relations entre les différents groupes ethniques et religieux. La vraie question est de savoir comment y parvenir. C'est là que le concept de nature devient central comme base de la réconciliation. C'est autour de ce concept que nous construisons toutes les activités de notre ONG. La région elle-même est riche en ressources et en potentialités naturelles, humaines et historiques qui ne sont pas encore mises en valeur.
Il y a quatre ans, nous avons commencé à mettre en œuvre des activités de tourisme durable, d'abord en créant un réseau avec plusieurs familles, puis en les impliquant dans le développement de sentiers de trekking et de randonnée qui relient les différents villages. En même temps, il est très important de faire prendre conscience aux gens de la beauté de notre terre, mais aussi de la manière de la protéger. C'est pourquoi nous avons commencé à organiser des ateliers d’éducation environnementale pour les enfants et des actions volontaires pour nettoyer les espaces verts ou les monuments historiques.
Nous organisons également un programme pour les écoles qui visitent le mémorial du génocide de Srebrenica et que nous informations sur le génocide et les droits humains, sur le changement climatique et le rôle de l'éducation environnementale. Il y a deux ans, nous avons lancé un nouveau projet intitulé « Le temps des Bogomiles ». Nous reconstruisons un village détruit faisant partie de Srebrenica en faisant appel aux méthodes traditionnelles anciennes et à autant de matériaux naturels que possible. Jusqu'à présent, nous avons construit quatre maisons en bois et nous sommes dans la première phase de construction d'un moulin à eau. Ce village est le siège des Amis de la Nature de Bosnie. L'idée est de réunir et de promouvoir les meilleures pratiques environnementales et d'en développer de nouvelles, afin de construire le village le plus durable possible.
Comment êtes-vous entrés en contact avec les Amis de la Nature et quelle a été votre motivation pour rejoindre le réseau international des Amis de la Nature ? Quelles sont vos attentes ? Et comment souhaitez-vous vous impliquer dans le réseau ?
Pendant la guerre, j'ai atterri comme réfugié dans une petite ville des Alpes italiennes. À proximité, il y a une section et une Maison des Amis de la Nature. Ce n'est qu'en 2014 que je suis retourné en Bosnie et deux ans plus tard, j'ai été contacté par l’organisation des Amis de la Nature italiens, proposant de développer un tourisme durable et d’établir un groupe des Amis de la Nature bosniaques. Leur proposition était parfaite car elle donnait une structure pour mettre au point des idées déjà existantes. Nous nous sommes donc lancés ensemble dans cette aventure. J'aime personnellement l'histoire et le courage du mouvement des Amis de la Nature. Cette résolution à quitter la vie urbaine pour retourner à la nature et essayer quelque chose de nouveau. Nous avons besoin de quelque chose comme cela à Srebrenica, d’une décision radicale pour changer la situation actuelle.
J’apprécie les Maisons des Amis de la Nature et aimerais en savoir plus ainsi que sur les organisations d’Amis de la Nature à travers le monde. Nous sommes à présent un petit groupe en construction, mais je pense que nous pouvons aussi apporter une contribution spéciale et intéressante au mouvement des Amis de la Nature.
La pandémie a entraîné un arrêt soudain du tourisme international, et il existe encore de nombreuses restrictions qui compliquent les voyages transfrontaliers. Quelles en sont les conséquences pour votre organisation ?
Pendant l'année précédant la pandémie, nous avions plus de 4000 visiteurs, dont 95% venaient de l'extérieur de Bosnie-Herzégovine. La première année de la pandémie était une période sans visiteurs, ce qui est grave pour une ONG qui autofinance toutes ses activités grâce au tourisme durable. Mais cela nous a donné beaucoup de temps pour construire notre village.
Pour les Journées mondiales des Amis de la Nature de cette année, les Amis de la Nature néerlandais (Nivon) ont lancé une campagne de solidarité afin de collecter des dons pour votre initiative « Srebrenica – Ville de l'espoir ». De cette façon, ils font d’une manière très pratique preuve de solidarité internationale et mettent ainsi en œuvre, dans une action concrète, une des valeurs clés de notre mouvement. Que signifie la solidarité pour vous ? Et comment la solidarité peut/doit-elle être vécue au sein du réseau de l’IAN – et en dehors ?
La solidarité est l'un des plus beaux concepts et actes humains. Elle signifie simplement aider quelqu'un dans le besoin. Depuis plus de 125 ans, les Amis de la Nature ont pour emblème les deux mains ce qui symbolise la solidarité à l'intérieur et à l'extérieur du réseau : les mains jointes.
(septembre 2021)
Omar Jammeh, Directeur de « JUST ACT »
Omar Jammeh, Directeur de l'organisation gambienne « JUST ACT » (Janjanbureh United for Sustainable Tourism and Community Training) – partenaire de l'IAN depuis 2019 – s’engage avec passion pour l'émancipation des jeunes et des femmes de son pays et pour leur donner des perspectives d'avenir. Dans l'interview il parle des initiatives et des projets qui soutiennent ces objectifs.
JUST ACT est une organisation partenaire (membre C) de l'Internationale des Amis de la Nature depuis 2019. Quelle a été votre motivation pour vous engager dans le mouvement international des Amis de la Nature ?
Notre motivation à devenir partenaire du réseau de l'IAN a émergé du « Paysage de l'année » en Gambie et au Sénégal et de notre participation aux préparatifs et à la mise en œuvre de sentiers de randonnée dans les deux pays. L'approche et l’exemple de l'IAN sont devenus une source d'inspiration, notamment dans les domaines du changement climatique et de la justice climatique, ainsi que de l'émancipation des jeunes et des femmes.
JUST ACT est l'acronyme de « Janjanbureh United for Sustainable Tourism and Community Training ». Votre travail est donc axé sur le développement du tourisme durable et la formation des jeunes. Quels sont exactement vos objectifs et comment peut-on décrire votre travail ?
En 2015, l’organisation JUST ACT a été enregistrée en tant qu'organisation indépendante auprès du Conseil national de la jeunesse de Gambie et des Chambres du procureur général, en conservant les mêmes objectifs principaux que JUST ACT Gambie.
Nos principaux objectifs sont de permettre un développement géré par la communauté, de soutenir des formations agréées et non agréées par le biais d'organisations locales, développant ainsi des compétences fondamentales et des opportunités de revenus, d'utiliser au mieux l'expertise locale dans le développement de la formation, de permettre un tourisme responsable, durable et favorable aux pauvres à Janjanbureh et dans les zones environnantes – au profit de la communauté et dans le respect de la culture locale, des traditions et de l'environnement naturel – et de permettre la revitalisation économique des zones rurales. Nous nous proposons de procurer une ville prospère à la génération d'étudiants d'aujourd'hui, en freinant l'exode rural, la migration urbaine et la migration clandestine.
Déjà, l'exode rural est en déclin chez les jeunes de l'île, car des projets viables sont actuellement en cours et créent des revenus pour des dizaines de personnes, parmi elles des femmes et des migrants de retour du Sahara et d'Europe.
Quel est le potentiel du tourisme communautaire (TC) pour Janjanbureh ? Que signifie-t-il pour la zone ?
Le tourisme communautaire a un grand potentiel et un impact sur la vie des visiteurs et des voyageurs dans notre communauté. A Janjanbureh, le TC a joué dans le passé déjà un rôle important pour les acteurs du tourisme dans la région.
Dans un contexte défini, le tourisme communautaire se base sur les éléments suivants :
- l’action – permettre une expérience concrète de la vie locale, au-delà de la prise de photos,
- l’apprentissage – procurer des possibilités de faire connaissance avec la vie et la culture locales,
- l’émotion – à travers l’expérience concrète stimuler l'enthousiasme, l'intérêt, l'émerveillement, la fierté, etc.,
- le partage – partager l'expérience avec les compagnons de voyage et les membres de la communauté locale,
- les bénefices – créer des bénéfices pour la communauté locale, grâce à cette forme de tourisme
Je pense que le TC est un modèle unique susceptible d’engendrer un développement touristique responsable et durable, sans compromettre les risques environnementaux ou la commercialisation de la culture locale, et qui maximise les bénéfices grâce à une participation locale active.
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ? Dans quelle mesure la pandémie de la Covid-19 vous a-t-elle affectés, vous et votre travail ?
Actuellement, JUST ACT se lance dans deux grands projets visant à atténuer les effets du changement climatique :
1. Poulailler et abattoir (financé par ENABEL\RIEC) :
La pandémie de la Covid-19 a été un revers majeur pour JUST ACT, mais au fil du temps, nous avons pu développer des stratégies pour vivre avec elle et redéfinir un projet de tourisme-agriculture qui aidera à créer des emplois et aussi à approvisionner le marché local en aliments sains et biologiques. L'aviculture a émergé de la pandémie, l'agro-tourisme s’est développé et un concept agricole intégré s’est établi, prenant en compte la chaîne de valeur ajoutée. Plus d´informations sur le site web de JUST ACT: https://www.justactgambia.org/post/a-second-great-building-project-for-independent-just-act
2. Réhabilitation des mangroves (financé par les Amis de la Nature Allemagne/Gouvernement allemand) :
Le projet relatif aux mangroves est né du constat que nos communautés sont affectées par l'érosion et l'intrusion de sel, dues aux activités humaines. Les Amis de la Nature d’Allemagne financent la réhabilitation de mangroves sur un terrain de 5 hectares à Ballangharr dans la Central River Region. Les membres de la communauté seront formés à la gestion des mangroves et de pépinières, par le biais du réseau d'associations de jeunes et de femmes. Le projet est prévu pour trois ans, les partenaires pour la réhabilitation provenant de divers groupes environnementaux. (Vous trouvez plus d'informations sur le projet ici : https://www.nf-int.org/fr/qui-nous-sommes/nouvelles-des-amis-de-la-nature#Mangroven)
La région frontalière entre la Gambie et le Sénégal, où vous êtes actifs, a été déclaré « Paysage de l'Année des Amis de la Nature » en 2018 – ceci pour la première fois sur le continent africain. Que s'est-il passé depuis ? Qu'ont apporté ces deux années de « Paysage de l'Année » pour la région, mais aussi pour JUST ACT ?
Le « Paysage de l'Année » a permis de créer un réseau transfrontalier pour les communautés de Gambie et du Sénégal, en particulier pour les localités rurales, grâce à la collaboration des jeunes et des femmes. Plus important encore, le « Paysage de l'Année » a contribué à restaurer nos habitats naturels par des reboisements, par des formations sur le recyclage ou sur la construction de fourneaux, et par la conception de sentiers de randonnée à Janjanbureh et dans ses environs, pour lequel des jeunes sont recrutés comme guides.
Juillet 2021
Plus d´informations :
JUST ACT
https://www.justactgambia.org
Paysage de l’Année Sénégal/Gambie 2018–2020
https://www.nf-int.org/fr/themen/paysage-de-lannee/aktivitaeten/paysage-de-lannee-senegalgambie-2018-2020
Interview avec Omar Jammeh dans le cadre du Tour d’Horizon en janvier 2018
https://tourismlog.respect.at/2018/02/16/day-7-fairtravelling-landscape-of-the-year-senegal-the-gambia/
Voyage virtuel au Sénégal et en Gambie 2021 (Jour 4)
https://tourismlog.respect.at/2021/01/23/virtuelle-reise-nach-senegal-gambia-voyage-virtuel-au-senegal-en-gambie-virtual-journey-to-senegal-the-gambia/
Pari & Lisa | Présidentes de l’Internationale des Jeunes Amis de la Nature (IJAN)
Depuis août 2020, l'IJAN (Internationale des Jeunes Amis de la Nature) est dirigée par deux Présidentes : Pari résidant en Italie et Lisa résidant en Allemagne. Dans notre interview, elles parlent de leur motivation à s'engager auprès des Amis de la Nature, de leurs expériences avec la présidence en duo, et de leurs idées pour l'avenir.
Vous avez pris la direction de l'IJAN à l'été 2020, en pleine crise de la Covid-19. Qu'est-ce qui vous a poussées à prendre la responsabilité de l'IJAN dans cette période particulièrement difficile ? Et quels défis avez-vous dû relever jusqu'à présent ?
Lisa : En 2018, j'ai effectué un Service Volontaire Européen au secrétariat de l'IJAN. J'ai ainsi appris l'histoire, les valeurs, le réseau et les procédures organisationnelles de l'organisation et j'ai eu la chance de développer des compétences au sein d'une ONG internationale de jeunesse. L'approche éducative non formelle dans les activités m’a permis de mettre en lumière mes passions : prendre soin pour la nature et les gens. Après le SVE, j'ai continué à travailler pour l'IJAN en tant que Vice-présidente afin de stabiliser et de structurer le travail de l'organisation. En combinant mes intérêts pour le développement personnel, un mode de vie sain, une vie avec les rythmes de la nature et le partage de connaissances interculturelles avec l'équipe engagée des Amis de la Nature, j'ai développé la Erasmus+Youth Worker Mobility « Health & Wellbeing through Nature-based Methods (HWNM). Le stage de formation aura lieu en mai 2022.
Ma motivation pour rester impliquée dans le Présidium de l'IJAN en tant que Présidente n'était pas liée à la pandémie. J'ai vu la nécessité de continuer à faire partie d'une équipe forte et diverse pour continuer à établir des structures de travail efficaces et développer un esprit d'équipe motivé. La pandémie a montré que l'IJAN était prête à élargir son expertise dans le domaine de l'éducation numérique, ce qui, en plus du management en matière de Covid-19 que le secrétariat a dû assurer, a apporté une valeur ajoutée à l'organisation. Je pense que le plus grand défi à relever – et nous ne faisons que sortir peu à peu de ce « trou de lapin » – a été de maintenir la motivation du Présidium et des bénévoles de l'IJAN. La communication via les moyens numériques est un complément efficace au travail de jeunesse, mais elle ne remplace pas les avantages de l'interaction physique. Un autre défi qui a été catalysé par la pandémie, a été de rester concentrés et présents en période d'incertitude et de changement, et avec cela de prendre conscience de ce que nous, les jeunes, avons encore beaucoup d'influence pour cogérer la réalité dans laquelle nous voulons nous voir.
Pari : Quand je suis venue pour la première fois en Europe, je n'avais aucune expérience en matière de militantisme. Lorsqu'en 2016, j'ai été invitée pour la première fois à la réunion nationale de Gian-Gio avec les Italiens, je n'avais aucune idée de ce que sont le militantisme politique et les responsabilités de la société civile. Ma motivation pour être Présidente de l'IJAN est née exactement à ce moment-là. Je veux me battre pour qu'une jeunesse plus neutre et active trouve sa place dans la famille des Amis de la Nature, adhérant aux valeurs du respect pour la nature, afin de lutter pour notre planète.
Jusqu'à présent, mon expérience de ce premier système de co-présidence est très positive. Du moins de mon point de vue, il s'agit d'une structure très fonctionnelle, notamment en ce qui concerne les décisions relatives aux tâches et à la gestion du temps. Nous avons eu jusqu'à présent des réunions informelles en ligne très intéressantes pendant la période de la pandémie et cela nous a beaucoup aidées à rester en rapport en tant que Présidentes.
Pandémie ? Oui ! C'était en effet très difficile. Notre équipe du Présidium n'a pas encore passé un seul jour ensemble. Nous avons essayé de garder nos réunions en ligne interactives dans une certaine mesure et de faire de notre mieux pour tenir compte de tous les besoins et souhaits de chaque membre, afin que tout le monde se sente à l'aise et motivé. Notre secrétariat a aussi dû faire face à des périodes de clôture et de quarantaine. Dans l'ensemble, je pense que nous avons tous bien géré la situation et que nous avons gardé notre énergie jusqu'à la fin de cette saison. J'espère qu'avec le solstice d'été qui s'annonce, nous pourrons nous retrouver et passer des moments loin de l’écran.
Ce qui m'a permis de rester motivée, c'est la présence des autres membres du Présidium. Il était important de voir que chacun faisait de son mieux pour surmonter ensemble cette phase difficile. Eh bien, ce fut le cas !
Comment êtes-vous entrées en contact avec les Amis de la Nature ? Et quelles sont vos visions pour l'avenir du mouvement des Amis de la Nature ?
Pari : En 2016, un ami de l'Université m'a parlé d'une réunion de Gian-Gio. Honnêtement, après la réunion, j'étais immergée dans la nature, après avoir rencontré tant de jeunes, et surtout je me suis sentie pour la première fois incluse dans un contexte italien (même si mon italien n'était pas si bon) ; et pour la première fois aussi j'ai fait une expérience d’éducation non formelle. Toutes ces raisons m'ont bien sûr poussée à m’engager plus activement dans le groupe.
Lisa : Mon acheminement vers les Amis de la Nature est une histoire plus longue, et je préfèrerais la raconter autour d’une tasse de thé .... Donc brièvement : mon ancien partenaire m'a amenée à Prague et pour y vivre, je cherchais un travail lié aux activités dans la nature et à la sensibilisation au changement climatique.
Pour autant que je sache, l'IJAN est la première organisation d'Amis de la Nature à avoir une présidence en duo. Comment cela fonctionne-t-il en pratique ?
Lisa : Les Jeunes Amis de la Nature allemands (NFJD) sont également dirigés par un duo et le concept a en fait été inspiré par une motion des NFJD à l'Assemblée générale de l'IJAN en 2018. L'idée derrière la présidence partagée est d'avoir une hiérarchie plus horizontale dans la direction de l'organisation. Il est ainsi possible de distribuer des tâches représentatives à plus d'une personne. Une autre raison de la double présidence est d'apporter plus de diversité dans les fonctions représentatives. Pour garantir la diversité au sein de la double direction de l'IJAN, les conditions de base sont que les personnes soient issues de différentes organisations membres et qu'au moins une d'entre elles ne s'identifie pas comme un homme. Dans la pratique, la double direction maintient un lien plus étroit avec le secrétariat pour la planification stratégique au sein du Présidium.
Pari : Je pense que c'est une chance. Je dois dire que le fait d'avoir Lisa au même niveau de pouvoir me permet d'avoir une personne à mes côtés lorsqu'il s'agit de faire un brainstorming ou de discuter de sujets à l'avance. J'aime travailler avec elle et j'apprécie que nous soyons amies.
D'un point de vue logistique, il a été très utile jusqu'à présent de ne pas avoir à décider seule des questions juridiques à court terme, une deuxième personne étant disponible à qui vous pouvez demander de l'aide.
Grâce aux Vendredis pour l'avenir, un nombre croissant de jeunes font entendre leur voix et exigent des actions responsables – tant de la part des décideurs politiques que de la génération de leurs parents et grands-parents. Pourtant, il ne se passe pas grand-chose pour ralentir le changement climatique d'origine humaine et transformer notre système économique dans le sens de la durabilité. Que faut-il faire pour que les choses changent ? Et comment des ONG comme les Amis de la Nature peuvent-elles y contribuer ?
Pari : Je suis heureuse que cette question commence par la mention du mouvement des Vendredis pour l'avenir. Au cours de mes dernières années en tant que militante pour la justice climatique, j'ai acquis de plus en plus de connaissances sur les raisons pour lesquelles la protestation est devenue indispensable. Vivre individuellement dans le respect de l’environnement et ne pas émettre du carbone est bien sûr utile, mais cela ne suffit pas pour obtenir le changement rapide dont nous avons besoin. Ce que les Amis de la Nature peuvent faire à mon avis ? Atteindre les jeunes ! Grâce à l'éducation non formelle et informelle, nous pouvons faire beaucoup pour la justice climatique et l'éducation au climat. Notre organisation, avec sa structure de base, est parfaite pour plaider dans les petites villes et villages ainsi que dans les grandes villes. Atteindre les jeunes en leur donnant suffisamment de pouvoir pour devenir actifs, est la première étape.
Lisa : Le changement vient de nos propres façons de penser. En pratiquant des comportements favorisant un mode de vie sain, nous commençons à vivre selon les rythmes de la nature et nous pouvons apprendre ce qu'il faut vraiment pour être un être humain heureux. Il s'agit de construire un ensemble de valeurs sur lequel nous puissions nous appuyer pour être heureux. En outre, il s'agit d'autonomisation, de responsabilité et de choix pour faire la différence. Si nous voulons être pilotes d’un mode de vie que nous attendons des autres, alors il faut que nous assumions ce rôle. Une communauté pourrait ainsi se constituer de personnes partageant les mêmes idées et se rassemblant pour établir de nouvelles majorités pour le changement.
Le changement n'est pas une question de Vous ou de Moi ou d’Eux ou de Nous – le changement consiste à intégrer ce qui est et à le transformer. Ce processus a le pouvoir d’impliquer différents systèmes, que ce soit le système économique, sanitaire, social ou le numérique. Une fois que nous nous ouvrons à l'auto-responsabilisation et donc à l'amour de nous, nous verrons que tous les petits choix que nous faisons pour un changement individuel sont interconnectés. Il nous suffit de croire en la vie et de la servir.
Les organisations d'Amis de la Nature peuvent soutenir ce changement de paradigme de créativité partagée, en le faisant converger avec des activités touchant les niveaux les plus profonds de l'engagement de l'individu. L'objectif est d'aider les jeunes à se reconnecter à leur véritable Moi afin qu'ils prennent conscience de leur but en développant des cadres méthodologiques nous mettant de nouveau en rapport avec nous-mêmes et avec l'environnement.
Juin 2021
Susi Raub-Vogler | Secrétaire internationale des Amis de la Nature de Californie
Susi Raub-Vogler est Secrétaire internationale des Amis de la Nature de Californie depuis 1999 et représente son organisation au sein du réseau international des Amis de la Nature. Dans cette interview, elle parle de sa motivation, de son travail pour les Amis de la Nature et de ses visions pour l'avenir.
Tu joues un rôle actif au sein des Amis de la Nature en Californie depuis de nombreuses années – pourquoi es-tu engagée auprès des Amis de la Nature et qu'est-ce qui t’a motivée pour t’impliquer dans notre mouvement ?
C’est grâce à mes parents que je me suis rapprochée des Amis de la Nature en Californie. Ayant émigré d'Allemagne à San Francisco en 1960, leur besoin de compenser le choc culturel de la grande ville les a conduits au « Nature Friends Tourist Club » de San Francisco, créé en 1912 par des Autrichiens et des Allemands. Mes parents ont été contents de trouver ici ce qui leur semblait être un lien avec le « vieux pays » dans un cadre magnifique qui leur rappelait la Forêt-Noire.
Je suis donc en quelque sorte née dans ce Club et j'en suis membre depuis toujours. Mon père a été le Secrétaire international des Amis de la Nature de Californie pendant 28 ans, jusqu’en 1999, quand je l’ai remplacé à ce poste. Il allait de soi pour moi de continuer sur ses traces, car j'ai apprécié les bénéfices de l’appartenance au mouvement des Amis de la Nature, tout en profitant de l’expérience internationale de mon père. Je suis fermement convaincue que, afin d’agir pour un environnement sain, nous devons encourager des activités humaines et des communautés saines, et c'est ce que les Amis de la Nature proposent. Grâce à cette communauté d’esprit, nous pouvons motiver les gens à contribuer à préserver ce que nous apprécions tant – notre environnement naturel et la camaraderie. L'enrichissement que m’ont procuré les Amis de la Nature a été d’une valeur inestimable !
Les Amis de la Nature ont des centres d'intérêt très divers d’un pays à l’autre. De nombreux groupes organisent des activités de loisirs pour leurs adhérents et gèrent des Maisons des Amis de la Nature. Pour certaines organisations, l’action politique est également une priorité, qu'il s'agisse de faire pression pour une législation forte en matière de nature et d'environnement ou de travailler pour la paix et les droits humains. Quelles sont les priorités de ton organisation ?
Nous nous engageons en priorité pour l’exploration et la préservation de la nature, à travers l’expérience directe et la sensibilisation, afin de créer le bien-être au sein de la communauté, et pour la poursuite et le partage des traditions culturelles des fondateurs, conformément à leurs principes directeurs. Au fil du temps, notre organisation s'est diversifiée en termes humains et d'activités. Chacune de nos Maisons a acquis sa propre ambiance et sa propre culture, ce qui ajoute à la diversité et à l'intérêt de notre Club.
Mon rôle consiste principalement à la mise en réseau des membres du club et, occasionnellement, avec des acteurs extérieurs. J'ai également organisé et dirigé des activités. En outre, mon expérience au sein des Amis de la Nature m’a aidée dans travail d'animatrice d’activités de plein air et environnementales.
En raison de votre éloignement par rapport à l’Europe, où sont normalement organisées les conférences et rencontres internationales des Amis de la Nature, il est difficile pour vous et vos collègues d’y participer régulièrement. Vous considérez-vous néanmoins comme faisant partie d'un mouvement international ? Et que signifie pour toi l'internationalité ?
Eh bien, les réunions Zoom se sont révélées être un grand avantage puisque les organisations membres de notre mouvement dans les différents pays peuvent ainsi se rencontrer virtuellement et partager leurs activités ; avec en prime un impact environnemental réduit ! J'ai le sentiment que justement en ces temps de sensibilisation accrue au climat, nous faisons tous partie d'un mouvement international. Au niveau international, nous sommes reliés par l'environnement, par l'atmosphère, par les océans... L’internationalité peut être perçue comme le moteur du mouvement international pour le climat, qui est à l'avant-garde des événements actuels. Nous sommes tous concernés et connectés – toutes les nations sont plus ou moins impactées par les actions des unes et des autres.
En tant qu'organisation, nous sommes une branche apolitique des Amis de la Nature originels, mais en tant qu’adhérents individuels, nous partageons les espoirs internationaux de réduire les crises climatiques et humaines, sans parler de toutes les espèces menacées sur la planète. Je suis persuadée que le Mouvement des Amis de la Nature est un véhicule de solidarité, contribuant au « discours sociétal » qui, face à la crise planétaire, s’impose de toute urgence. En tant que membres du Mouvement AN, nous sommes dans une position idéale pour faire avancer le mouvement pour le climat. Individuellement et en tant que collectif nous pouvons à tout moment prendre des décisions plus sages. La pandémie a permis une introspection précieuse de la société et mis en évidence le besoin fondamental de prendre soin de notre milieu, surtout des humains, et de nous acheminer ainsi vers une meilleure prise en charge de notre milieu de vie.
Au début de la pandémie, la solidarité – l’une des valeurs fondamentales des Amis de la Nature – était un sujet central dans le discours sociétal en Europe, mais au fur et à mesure que la crise durait, elle est passée de plus en plus au second plan. Quelle est la situation dans votre pays ? Et quel rôle peuvent jouer des ONG comme les Amis de la Nature pour faire de cette valeur une réalité ?
La solidarité aux Etats-Unis a été compromise sous notre précédente administration en raison du chaos que celle-ci a créé. Je pense qu'il y a un désavantage inhérent à vouloir obtenir la solidarité dans les grandes populations. Je pense également que la perte de solidarité est symptomatique de la méfiance à l'égard d'un nouveau défi de société tel que la pandémie. Les ONG comme les Amis de la Nature pourraient contribuer à générer un « discours sociétal ». La participation des adhérents est génératrice de collaboration et d’une « masse critique » potentielle, pour amener des changements. J'espère que la pandémie aura pu nous donner tout le temps pour reconnaître nos modes de vie non durables et malsains, et pour comprendre que nous devons réévaluer nos objectifs sociétaux et prendre conscience de la menace existentielle que nous avons inutilement fait peser sur nous-mêmes et sur le reste de notre planète. Bien que nos problèmes terrestres soient énormes et compliqués, nous pouvons trouver de l'espoir et un but, dans la sollicitude et l’affection.
(Avril 2021)
Clara Wengert | Vice-Présidente de l‘IAN
Clara Wengert est membre du Bureau fédéral des Amis de la Nature d'Allemagne et, depuis le XXIVe Congrès de l'IAN, également Vice-Présidente de l'IAN. Dans cette interview, elle parle de sa motivation pour s’engager chez les Amis de la Nature et de ses idées pour l'avenir.
Tu t’engages depuis de nombreuses années pour les Amis de la Nature à différents niveaux. Comment as-tu fait connaissance avec les Amis de la Nature ? Et qu'est-ce qui t’a amenée à t’investir justement chez eux ?
J’ai eu mon premier contact avec les Amis de la Nature à l'âge de quatre ans, lorsque je participais aux réunions régulières d'un groupe d'enfants du quartier. Grâce à ce groupe, j'ai pu participer à diverses colonies de vacances dans mon pays et à l'étranger pendant mon enfance et plus tard, à l'adolescence, et faire beaucoup d’expériences qui m’ont profondément marquée. Par ma participation aux conférences nationales des Jeunes Amis de la Nature, j'ai eu la possibilité inattendue de pouvoir contribuer à la programmation de camps pour d'autres enfants et adolescents, en acceptant de diriger la Commission technique « Voyages et sport ». Deux ans plus tard, j'ai assurée en duo la direction, au niveau fédéral, des Jeunes Amis de la Nature d'Allemagne, avant d'être élue au Bureau fédéral des Amis de la Nature d'Allemagne en 2017.
Ce qui m’inspire dans ma fonction bénévole, ce sont les idées et les valeurs des Amis de la Nature, une conception de la durabilité comprenant toutes ses dimensions et la nécessité de contribuer à organiser la société à travers la transformation socio-écologique.
Jusqu'en 2016, tu as dirigé au niveau national les jeunes Amis de la Nature d’Allemagne. En tant que directrice exécutive de l’Alliance des organisations de jeunesse allemandes (« Bundesjugendring »), tu abordes également des thèmes touchant la jeunesse. De quoi dépend pour toi le succès de l’animation et quelles sont à ton avis les plus grandes opportunités et les plus grands défis à l'heure actuelle – notamment au vu de la crise de la Covid-19 ?
Travailler avec succès avec et pour les jeunes signifie pour moi, faire partie d’une association de jeunes indépendante dans la mise en œuvre des thèmes qui intéressent le mouvement des Amis de la Nature. L'élément principal est l’animation jeunes au plan local, permettant aux jeunes de gérer leur environnement, de défendre leurs intérêts et de se divertir ensemble, à travers des activités de groupe régulières, des camps de vacances ou des campagnes diverses.
La crise de la Covid-19 prive le travail actif des associations de jeunesse en Allemagne de la diversité de formats qui est si importante. Les contacts peuvent être maintenus à court terme par le biais de rencontres en ligne, mais le travail « normal » avec les jeunes n'est pas possible. Actuellement, le grand défi se pose de maintenir les groupes en vie et de proposer quelque-chose aux jeunes, malgré toutes les difficultés.
En même temps, la pandémie et ses restrictions nous obligent à fixer de nouvelles priorités. Nous pouvons ainsi nous arrêter un moment pour repenser notre parcours, et la politique et la société pourraient être amenées à prendre enfin les mesures nécessaires et urgentes dans le sens de modes de vie plus respectueux de l'environnement. Les problèmes sociaux tels que la pauvreté, l'emploi précaire ou l'inégalité des chances sont également exacerbés par la crise et font donc l'objet d'une attention politique croissante. Peut-être parviendrons-nous à changer réellement de cap vers une société plus solidaire.
Les Amis de la Nature d'Allemagne sont très actifs au niveau international, par exemple dans le cadre du réseau NaturFreunde Global. Quelle importance revêt pour toi l'internationalité dans le cadre du mouvement des Amis de la Nature ?
L'internationalité est une composante fondamentale du mouvement des Amis de la Nature. Depuis le début, les Amis de la Nature ont réalisé des activités internationales à tous les niveaux du mouvement. De nombreux groupes locaux ont des contacts directs avec des groupes locaux dans d'autres pays européens, mais aussi dans des pays africains ou en Amérique du Sud. Les activités avec nos partenaires au Sénégal, au Togo et en Gambie sont actuellement un pilier important du travail des Amis de la Nature d’Allemagne. La coopération entre pairs, telle que nous la concevons, permet un échange international très actif pour les deux parties, mais rend aussi les Amis de la Nature plus visibles en Allemagne, comme acteurs dans ce domaine.
La solidarité est l'un des objectifs premiers des Amis de la Nature. Nous essayons de contribuer à la solidarité internationale à travers plusieurs initiatives concrètes, comme le Paysage de l'Année au Sénégal et en Gambie ou les différents projets du Fonds pour le climat, et nous défendons également la solidarité au niveau politique. Au début de la pandémie, la solidarité était également un thème central du discours social, mais à mesure que la crise se prolongeait, elle est passée de plus en plus au second plan. Quel rôle peuvent à ton avis jouer des ONG comme les Amis de la Nature dans la situation actuelle ? Et comment pouvons-nous contribuer efficacement à plus de solidarité en ce moment précis ?
Il est en effet frappant de constater qu'au début de la pandémie, l'intérêt et l'attention des médias se sont portés sur l'évolution de la situation à l'échelle mondiale et qu'une grande solidarité internationale s'est manifestée. Il était clair à tout moment qu'une telle pandémie ne peut être surmontée qu'ensemble. Malheureusement, cet objectif a rapidement été perdu de vue. La fermeture des frontières et la suspension des liaisons ferroviaires et aériennes, même avec nos pays voisins, auraient été inimaginables peu de temps auparavant.
Je pense que les ONG ont actuellement une fonction importante en tant qu'acteurs sociaux. Elles attirent l'attention sur la situation et exigent des solutions politiques. Les Amis de la Nature continuent donc à proposer quelque-chose à leurs adhérents, mais de plus en plus dans l'espace numérique. Ils disent clairement que les taux d'incidence ne doivent pas être l’unique thème et que la solidarité doit continuer à être vécue dans des contextes tant nationaux qu'internationaux. Lorsque les États se replient de plus en plus sur un mode de pensée national, les Amis de la Nature doivent continuer à mettre le doigt dans la plaie. Même si des rencontres personnelles ne sont pas possibles pour le moment, la solidarité au sein des groupes des Amis de la Nature est possible à un niveau personnel, par exemple par des actions téléphoniques ou un soutien dans la vie quotidienne.
Dans le contexte international, notre première priorité pour l'instant est de maintenir en vie les structures et les programmes existants, de soutenir politiquement que la logique nationale ne mène pas au but ; et nous avons à assurer qu’un nouveau départ soit possible et à veiller à ce que ne soient sacrifiées trop de choses ou ne puissent tout simplement pas survivre à la pandémie.
(Mars 2021)
Wilfried Meulenbergs | Vice-président de l'IAN
Wilfried Meulenbergs a été élu Vice-président de l’IAN par le XXIVe Congrès de l’IAN, le 28 novembre 2020. Il est actif pour les Amis de la Nature depuis de nombreuses années – tant pour l'association flamande ATB « De Natuurvrienden » qu'au niveau international. Dans cette interview, l'alpiniste passionné parle de son engagement et de ses idées et visions pour le travail des Amis de la Nature.
Comment as-tu fait connaissance avec les Amis de la Nature ? Et pourquoi as-tu décidé de participer activement au travail de notre mouvement ?
Ce fut lors d'une randonnée périlleuse dans les Lechtaler Alpen (Autriche) que j'ai rencontré mon premier Ami de la Nature, qui nous a conseillé de suivre un entraînement d'alpinisme, afin de rendre la prochaine randonnée un peu moins aventureuse. J'ai donc fini par rejoindre le Stage de formation et la Master Class Marche sur glace, à la Hochgebirgschule (École d’alpinisme) Glockner-Kaprun de Fritz Moravac. Ce fut le début de rencontres régulières avec de grands Amis de la Nature et de l'exploration de merveilleuses montagnes du monde entier.
Après avoir terminé ma formation de guide de montagne en Suisse, j'ai rejoint les Amis de la Nature belges et suis devenu leur formateur et finalement leur responsable technique. Comme l'alpinisme m'avait déjà appris la joie et les bénéfices des amitiés internationales, j'ai été heureux quand ATB-Natuurvrienden m'a donné l'opportunité de m'engager formellement dans l'IAN, d'abord comme expert en alpinisme et ensuite comme membre du Bureau.
Les Amis de la Nature ont des intérêts très divers aux niveaux national et régional. De nombreux groupes développent des activités de loisirs attrayantes pour leurs membres et/ou gèrent des Maisons des Amis de la Nature. Un thème central est aussi l’action politique pour les thèmes des Amis de la Nature – de la protection de la nature et de l'environnement à la défense de la paix et des droits humains. Quelles sont tes priorités personnelles ?
Je me suis rapproché des Amis de la Nature à travers mes deux principales passions : l'amour de la nature (surtout des montagnes) et la joie de rencontrer des gens de cultures différentes. Au sein des Amis de la Nature, j'ai découvert une dimension supplémentaire : la dimension sociale. Notre slogan « Berg frei ! » m'a vraiment frappé, et je réalise maintenant que ces mots simples et la poignée de main de notre emblème ont une signification profonde et très importante. De plus, j'ai appris que ma passion pour l'alpinisme et les voyages ne peut être vécue sans respect pour la nature et les gens, et que la durabilité est le mot clé de notre avenir. Ainsi, les formations et les expéditions que j'aide à organiser au sein de notre organisation ne sont pas du tout uniquement axées sur l’« alpinisme », mais sur la nature, la durabilité, le respect, la solidarité, ...
Et c'est là que se situent mes priorités dans le travail avec les gens dans le cadre de nos activités : les faire profiter de la bonne vie simple, proche de la nature, s'entraider sur la piste, l'amitié et la solidarité étant bien plus importantes que d'atteindre un sommet ou n’importe quel objectif prestigieux ! En cela, nous, les Amis de la Nature, sommes une « marque » unique dans le monde de l'outdoor, notre mission n'est pas de gagner plus d'argent, d'avoir plus d’adhérents, mais de partager nos valeurs fortes avec nos participants et nos adhérents.
L’internationalisme et la solidarité sont des valeurs centrales du mouvement des Amis de la Nature, qui nous distinguent aussi de beaucoup d’autres « organisations de loisirs ». Quelle est l’importance pour ton association ATB « De Natuurvrienden » de faire partie du mouvement international des Amis de la Nature ? Et comment vos adhérents perçoivent-ils les valeurs traditionnelles des Amis de la Nature ?
Je continue à entendre (et à lire dans les fiches d'évaluation) de la part des participants que ce qu'ils vivent dans nos activités et formations est vraiment différent de ce qu'ils ont vécu dans d'autres organisations de loisirs. L'alpinisme a tendance à contenir beaucoup de machisme, de compétition et d'héroïsme. Rien de tout cela ne se retrouve dans nos activités. Nos formateurs sont des « guides accompagnateurs » au lieu de machos qui tirent sur des cordes. Les participants à nos groupes se serrent les coudes, s'entraident. Dans nos camps nous préparons (ensemble) de la nourriture saine, nous campons dans un environnement propre, nous n'exploitons pas la nature mais la respectons tout en y étant, ... Encore et encore, les gens deviennent des hôtes enthousiastes des Maisons des Amis de la Nature, même après une seule nuit dans une des belles Maisons de notre réseau international. Et dès qu’ils apprennent que nous avons des amis (de la Nature) en Afrique et même de l'autre côté de l'océan, ils s'émerveillent et se sentent heureux de rejoindre ce mouvement qui travaille pour un monde meilleur où il fait bon vivre...
La COVID-19 a fortement limité le travail des Amis de la Nature au cours de l'année passée. Beaucoup de Maisons des Amis de la Nature ont dû fermer, les voyages communs et d’autres activités ont dû être annulés. Malheureusement la fin de la pandémie ne se dessine pas pour le moment. Quels sont pour toi les enjeux et les chances particuliers pour les Amis de la Nature dans la situation actuelle ?
Même si ma famille, mes amis et moi-même souffrons nous aussi de la perte de possibilités, en raison des restrictions de la COVID-19, je considère cela comme un avertissement (en plus d’autres) : nous sommes vulnérables, le paradigme capitaliste de la croissance n'est PAS du tout durable. Même dans cette crise, nous voyons à nouveau l'impitoyable « effet Matthieu » * : les plus vulnérables souffrent le plus, les travailleurs manuels perdent leur emploi, les plus instruits peuvent travailler à domicile, l'Occident achète des vaccins à n’importe quel prix, mais les pays pauvres sont laissés pour compte ; dans les camps de réfugiés des îles, les gens vivent dans des conditions de plus en plus difficiles, ...
Une fois de plus, nous, les Amis de la Nature, devons nous élever pour plus de solidarité et de durabilité. Il nous faudra trouver des solutions originales, et non pas reprendre nos activités comme si de rien n'était. Ceci a besoin de réflexion et de planification : Comment pouvons-nous ouvrir davantage nos activités aux personnes vulnérables d'aujourd'hui (en Belgique, les migrants et les réfugiés, et en particulier les dits « sans-papiers », sont les plus vulnérables) ? Il y a 100 ans, nos fondateurs ont travaillé à faire sortir les travailleurs démunis « des usines et des villes sales » pour leur permettre de profiter de la nature : aujourd'hui, d'autres groupes sont démunis. Pourquoi ne pas, par exemple, leur ouvrir nos Maisons en suivant et en nous souvenant de notre « Berg frei » !
(février 2021)
* Matthieu, 25/29 : Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a.
Ursula Vetter | Vice-Présidente de l’IAN
Ursula Vetter fait partie du Bureau de l'IAN en tant que Vice-présidente depuis le XXIVe Congrès de l'IAN, tenu le 28 novembre 2020. Ursula, née en Allemagne, est active depuis de nombreuses années pour les Amis de la Nature d’Italie et parle de ses projets et idées pour le travail international des Amis de la Nature.
Ursula, tu t’engages depuis de nombreuses années pour les Amis de la Nature d’Italie. Comment as-tu fait connaissance avec les Amis de la Nature ? Et comment se fait-il que tu souhaites maintenant travailler aussi pour les Amis de la Nature au niveau international ?
J'ai fait connaissance avec le mouvement des Amis de la Nature dès mon arrivée en Italie en 1998. À cette époque, je venais de Paris où j'avais enseigné dans une école Waldorf pendant plus de dix ans, et je me sentais plus attirée par la culture que par la nature. Du fait que j’étais la partenaire de Luciano Busdraghi, pour qui la Maison des Amis de la Nature Gran Pino et le mouvement des Amis de la Nature jouaient un rôle central dans sa vie, les Amis de la Nature m'ont également accompagné dans mon intégration en Italie. Après la naissance de notre fille en 2005, j'ai commencé à connaître et à apprécier l'importance d'une communauté stable, d’activités en plein air et du contact direct avec la nature.
Depuis 2017, je suis membre du Conseil d'administration des Amis de la Nature italiens (GIAN). L'un de nos principaux objectifs est de ne plus nous concentrer en premier lieu sur les Maisons, mais de nous faire connaître au niveau national et de développer ainsi une communauté au-delà des différences géographiques et sociologiques. Dès le début, j'ai été enthousiaste sur la façon dont les sections italiennes entretiennent des partenariats avec des personnes en Amérique, en Afrique et dans des pays des Balkans – ainsi que par le fait que le mouvement italien est né grâce à l'initiative des Amis de la Nature français.
L'amitié, le partenariat, les rencontres internationales sont au cœur du mouvement international des Amis de la Nature. Voilà ce qui me correspond tout à fait, en tant qu'Allemande qui considère la France comme une patrie et qui vit maintenant en Italie depuis plus de 20 ans. Un autre pas vers l'IAN a été pour moi la rencontre avec l'Internationale des Jeunes Amis de la Nature en 2018, à la Maison des Amis de la Nature Gran Pino à Cecina. Nous avons tous et toutes été impressionné/e/s par l'atmosphère dynamique, engagée, chaleureuse et internationale que ces jeunes gens enthousiastes ont amenée avec eux.
Les Amis de la Nature ont des intérêts très divers aux niveaux national et régional. De nombreux groupes développent des activités de loisirs attrayantes pour leurs membres et/ou gèrent des Maisons des Amis de la Nature, d'autres se concentrent sur l’action politique, bien que là aussi les sujets varient – de la protection de la nature et de l'environnement à la défense de la paix et des droits humains. Quelles sont tes priorités personnelles ?
Ces dernières années, j'ai pris de plus en plus conscience de l'importance et de la pertinence du logo des Amis de la Nature, les deux mains de couleurs différentes se serrant dans une poignée de main ferme. Il y a des différences entre les gens, mais la solution réside dans la rencontre, dans le respect, la reconnaissance et le soutien de chacun. Le respect de l'environnement, mais aussi un comportement responsable vis-à-vis les autres êtres humains, sont les valeurs fondamentales de l'IAN auxquelles j’adhère et pour lesquelles je m‘engage. Il ne s'agit plus seulement de la montagne et de l'Europe, mais du monde entier – même la mer est libre !
Mes priorités personnelles résident clairement dans les rencontres respectueuses. Cela peut bien sûr se faire lors de voyages, de séminaires et autres occasions, mais c'est surtout dans les Maisons des Amis de la Nature que cela se passe, où se rencontrent des personnes d'horizons et d'intérêts différents. Ce respect à petite échelle, dans le microcosme de la Maison des Amis de la Nature, trouve son reflet à grande échelle, dans le macrocosme du globe. Nous vivons dans un monde globalisé. Nous avons à veiller à ce que celui-ci ne soit pas laissé aux multinationales, mais que nos rapports soient basés sur les échanges, la coopération et le soutien mutuel, surtout parce que nous sommes une organisation travaillant aux niveaux local et national ainsi qu'à échelle internationale.
La COVID-19 a fortement limité le travail des Amis de la Nature au cours de l'année passée. Les activités dans la nature n'étaient souvent autorisées qu’en individuel ou avec la famille, les Maisons des Amis de la Nature ont dû fermer, les voyages communs ont été annulés, les réunions n'étaient souvent possibles qu'au niveau virtuel. L'avenir est incertain, mais il est clair que la pandémie sera présente pendant longtemps. Quel rôle vois-tu pour les ONG comme les Amis de la Nature dans la situation actuelle ?
Dans la situation actuelle, il est particulièrement important de créer des moments de rencontre interpersonnelle aussi souvent que possible et d'utiliser tous les créneaux pour les rendre possibles. Les activités de plein air sont autorisées dans de nombreux pays, nous avons appris à gérer les masques, les distances et les mesures d'hygiène. Partout où nous voyons une opportunité de rencontre interpersonnelle, nous devons la saisir, que ce soit au niveau local, national ou international. Nous avons appris à communiquer les uns avec les autres de manière virtuelle et dans de nombreux cas, cela a même contribué à une intensification des contacts. Cependant, nous ne devons pas nous laisser tromper : Ce mode de communication conduit les gens à l’isolement progressif.
Avec plus de 350 000 membres, les Amis de la Nature sont l'une des plus grandes ONG au monde. Ce qui nous unit, ce sont nos valeurs communes telles que la solidarité et la justice mondiale, que nous mettons en pratique dans le cadre d'activités internationales comme le Paysage de l'Année ou le Fonds des Amis de la Nature pour le climat. Néanmoins, il est souvent difficile pour nous d'atteindre les membres individuels, les adhérents, et de les motiver à participer à des activités internationales. As-tu des idées sur la manière dont nous pourrions réussir à impliquer davantage les adhérents ?
Un point est certainement l'information directe : chaque adhérent/e devrait également être informé/e des activités de l'IAN au niveau local. A ce niveau-là, la crise sanitaire actuelle nous a permis de faire des progrès ; les médias sociaux sont suivis de plus près et le contact direct avec les adhérents individuels est devenu plus facile. Cependant, puisque nous sommes un mouvement basé sur des groupes locaux et que le but est de les sensibiliser, nous devrions essayer d'inviter les groupes locaux à regarder au-delà de leur Maison, de leur localité et à se sentir partie intégrante d'un grand mouvement. Une première étape pourraient être des partenariats entre des groupes locaux de différents pays ; des visites réciproques, des actions communes aboutiront à des contacts personnels, créeront une conscience d'appartenir à la même « famille » et donc de s'intéresser également aux préoccupations de cette famille.
(janvier 2021)
Moussa Traoré | Président des Amis de la Nature du Mali
Il y a quelques semaines, la construction du magasin de stockage pour produits agricoles a été officiellement achevée dans la commune rurale de Finkolo. Le nouvel entrepôt financé par des dons au Fonds des Amis de la Nature pour le climat, permet de stocker les produits agricoles dans des conditions hygiéniques. Moussa Traoré, Président des Amis de la Nature du Mali, nous explique dans une interview pourquoi la construction du magasin s'imposait d'urgence, comment la population de Finkolo a réagi par rapport au projet et comment des réussites sont possibles même avec des projets relativement modestes.
Les Amis de la Nature du Mali sont actifs à Finkolo depuis de nombreuses années et soutiennent l'agriculture régionale, spécialisée dans le maraîchage. Pourquoi fallait-il un magasin ?
En raison du changement climatique, les périodes de sécheresse se multiplient. Il n'y a plus de saison de pluies régulières. Parfois une récolte est totalement perdue. Dans le nouveau magasin, les produits agricoles peuvent être stockés pendant une plus longue période, ce qui permet aux populations de mieux survivre aux périodes de sécheresse et de mieux commercialiser leurs produits agricoles avec moins de pertes.
Le projet à Finkolo a été mis en œuvre en peu de temps grâce aux nombreux dons des Amis de la Nature européens. Que signifie le projet pour les populations de Finkolo ? Quelles ont été leurs réactions ?
Je profite de cette interview pour remercier les donateurs, les Amis de la Nature européens. Ce n'était pas évident au départ que ce projet de construction du magasin de stockage soit financé, vu la crise sécuritaire qui prévaut au Mali. Merci pour votre confiance !
Pour répondre à votre question :
Le projet signifie pour les populations de Finkolo une aide, un soutien, un appui pour amorcer le développement durable. La réalisation de ce projet a suscité en elles un sentiment de joie, de satisfaction et d'abnégation. Elles sont sûres maintenant que leurs produits agricoles seront mieux conservés contre les méfaits du réchauffement climatique, motivées davantage dans leur activité maraîchère, principale source de revenus. Je vous promets que l'impact de ce projet réalisé se fera sentir positivement sur la productivité agricole de ces braves femmes !
Je remercie donc tous les Amis de la Nature de leurs dons pour des populations qui ont tant besoin. Ces dons appuient fortement les bénéficiaires, les motivent et leur donnent beaucoup d'espoir.
En Europe, la plupart des gens ne savent pas grand-chose de la vie au Mali. Comment fonctionne le travail pour une organisation comme les Amis de la Nature dans votre pays ? Quelles sont vos priorités ?
Notre organisation 2ADIB-MALI/AMIS DE LA NATURE est une association qui fonctionne grâce aux statuts et règlements. Le bureau exécutif mis en place par l'assemblée générale, l'instance suprême de l'association, priorise ses activités lors de ses différentes réunions au cours de l'année.
Nous œuvrons dans le domaine humanitaire, de la protection de la nature et de l'environnement partout où la sécurité est garantie sur le territoire du Mali. Nous priorisons :
• la protection de la nature et de l'environnement
• la lutte pour le développement durable
• la lutte contre la pauvreté
• la lutte pour l'éducation primaire pour tous.
• l’organisation de camps chantiers pour tous les volontaires du monde en vue de la promotion de l'éco-tourisme.
Vous êtes actif en tant que président des Amis de la Nature du MALI depuis très longtemps. Qu'est -ce qui vous motive particulièrement pour votre activité ?
Trois points me motivent pour mon activité :
1. lutter contre la pauvreté
2. lutter contre le réchauffement climatique, un fléau social
3. donner du sourire à ceux qui en ont besoin à travers des aides.
D’une manière générale je souhaite me rendre utile à la société à chaque fois que cela est nécessaire ! Mon grand-père me disait ceci autour du feu pendant la nuit : « Mon petit-fils : prends soin toujours de toi, sois utile à chaque fois que la nécessité s'impose, profite bien de cette belle vie car elle est courte, et tâche de ne pas mourir gratuitement ».
(mai 2020)
Plus d´informations sur le projet
Kostas Foteinakis | Président des Amis de la Nature Grèce
Kostas Foteinakis est cofondateur et président des Amis de la Nature Grèce depuis 2012. Dans l'interview, il donne un aperçu du travail des Amis de la Nature Grèce et de la manière dont ils gèrent la situation économique difficile dans le pays.
Depuis combien de temps fais-tu partie des Amis de la Nature, quel est ton rôle et pourquoi t’es-tu impliqué ?
Je suis l'un des membres fondateurs de Naturefriends Greece (NFGR), à savoir depuis 2007. Un an plus tard, en 2008, les NFGR sont devenus membre à part entière de l'IAN. À l'époque, je présidais un groupe écologique local et nous voulions entrer en contact et coopérer avec une organisation environnementale européenne ou internationale, car nous pensions que les grands thèmes environnementaux et sociaux, tels que le changement climatique, les droits humains, le droit au travail et à l'éducation, le développement démocratique, durable et équitable, la préservation du patrimoine culturel mondial et la biodiversité doivent être abordés non seulement au niveau local ou national mais aussi au niveau européen et international.
En 2007, nous avons mené des recherches sur les organisations environnementales qui ont des spécificités sociales et politiques et avons constaté que l'IAN répondait à nos attentes. En 2007, un processus pour mettre en place des Amis de la Nature en Grèce a été initié par d'autres organisations de notre pays. Nous les avons donc contactées et j'ai signé, en tant que membre fondateur, la constitution juridique de l'organisation. De 2008 à 2012, j'ai été membre du conseil d'administration et depuis 2012, je préside l'organisation.
Si les thèmes qui nous ont incités à rejoindre l'IAN sont toujours pertinents, d’autres se sont ajoutés : par exemple la migration, la montée de l'extrême droite, etc
Les Amis de la Nature de Grèce comptent parmi les petites organisations membres, mais aussi parmi les plus actives, en particulier sur les médias sociaux. Quelle est l'importance du réseau international pour votre travail et comment nous soutenons-nous mutuellement aussi en ligne ?
Travailler avec l’IAN et utiliser les documents de synthèse, les avis, etc. de l'organisation nous est particulièrement utile. Bon nombre d’informations, de résolutions et de communiqués de presse de l'IAN sont traduits dans notre langue. Deux exemples récents sont : a) Respecter les droits humains –également dans le tourisme ! et b) la résolution de la dernière conférence de l'IAN « Le changement climatique est la vraie menace, et non la migration ».
Nous avons également traduit le récent Manifeste des Green 10 pour les élections européennes https://bit.ly/2x4i02G et la Déclaration de Berlin « Transformer le tourisme » (Résumé) https://bit.ly/2N0bMMl. Nous pensons que s'il n'y avait pas eu la coopération entre l'IAN et les NFGR, les Grecs n'auraient connu ni le Manifeste, ni la Déclaration ni de nombreux autres documents utiles.
Parallèlement, les NFGR collaborent avec d'autres organisations et réseaux européens. L'un d'entre eux est le réseau Seattle-Bruxelles / S2B travaillant sur les accords commerciaux de l'Union européenne avec d'autres pays ou groupes de pays, tels que l'accord commercial entre l'UE et le Canada, le CETA.
La Grèce a connu des années difficiles, avec une économie en difficulté et des coupes financières massives. Quelles en sont les conséquences pour une organisation comme les Amis de la Nature ? Comment avez-vous surmonté ces difficultés ?
C'est un fait que les coupes économiques et les mesures sévères ont en partie affecté notre organisation. Ce qui a joué et joue encore un rôle dans chaque groupe et organisation, et pas seulement dans notre organisation, c'est l'incertitude sur leur avenir et les autres priorités que la société se fixe pour survivre, comme le chômage (de 27% à 19%), les dettes auprès des banques, l'État providence, la crise des réfugiés, les retraites, etc.
Cependant, même en période de crise politique et sociale intense, l'intérêt des citoyens grecs pour l'environnement, tel qu'il ressort des enquêtes d'EUROSTAT, est l'un des plus élevés de l'UE, même si l’on admet qu’il y a une différence entre les déclarations de volonté et l’actions.
Dans ces circonstances politiques et sociales, les NFGR ont tout d'abord réduit de 80 % les cotisations à des catégories particulières de chômeurs, de sous-employés, etc. En même temps, nous avons développé des actions de solidarité, non seulement envers nos membres, mais aussi envers ceux qui sont dans le besoin. Le climat défavorable a influencé, mais n'a pas suspendu, le fonctionnement des NFGR. Et nous, le groupe de direction, avons développé un sentiment de responsabilité et de partage, ce qui se reflète aussi dans notre action.
Les Amis de la Nature de Grèce se concentrent particulièrement sur le travail politique. Quels sont ici les domaines principaux de votre action et pourquoi sont-ils importants pour vous en tant qu'Amis de la Nature ?
Les NFGR ont voté leur programme opérationnel 2018-2022 sous le titre « L'avenir appartient à ceux qui le préparent aujourd'hui". C'est une phrase bien connue du militant afro-américain pour les droits politiques, Malcolm X. (le résumé est disponible en anglais sous http://joom.ag/LF4Y).
Nous sommes particulièrement actifs dans les domaines suivants :
- Nous participons à la consultation publique sur les projets de loi relatifs à l'environnement et à d'autres thèmes tels que le tourisme, le développement durable, etc. Nous faisons appel à nos bénévoles pour préparer des propositions. L'intervention la plus récente concerne la planification énergétique et le changement climatique. Cette action n'est pas particulièrement visible pour la société et semble inconnue des membres des AN en Europe et dans le monde. Les interventions ne sont pas seulement de nature juridique et technique, mais ont aussi des implications sociales.
- Les AN de Grèce sont les principaux acteurs dans le mouvement STOP TTIP CETA TiSA et en même temps l’administrateur pour les médias sociaux du mouvement (blogs, Facebook, etc.).
- Nous participons en tant que membres de la société civile aux commissions spéciales du Parlement sur l'environnement et le commerce.
- Nous soutenons les principales luttes contre l'extraction d’or en Chalcidique et d’hydrocarbures à travers la Grèce.
- À l’occasion des Journées Mondiales nous organisons des actions pour faire connaitre nos positions. Nous proposons des visites en plein air dans les parcs et les espaces naturels, par exemple des promenades pendant la Journée mondiale des zones humides, la Journée mondiale des montagnes, etc.
- Nous adhérons aux 17 ODD, même si beaucoup dans notre pays les considèrent comme « liste de souhaits ». Nous en faisons la promotion, les considérant comme revendications.
- Nos grandes faiblesses sont a) le petit nombre d’adhérents et le manque de ressources financières qui en résulte, et b) le faible nombre de jeunes, etc.
- Notre grande force, ce sont nos adhérents, nos bénévoles et nos partenaires.
Je profite de l'occasion de cette interview pour vous informer que, parallèlement aux autres actions, les Amis de la Nature de Grèce mettent en œuvre deux programmes : a) le programme Moins de déchets – Meilleure vie (la réduction et la gestion écologique des déchets urbains constituent probablement le problème le plus important et le plus complexe dans notre pays), et b) le programme « Go to West - We Discover West Athens » qui comprend des visites guidées dans une zone dégradée avec des sentiers historiques significatifs, un atelier de développement durable et un guide de la ville. Nous préparons à ce sujet un bulletin d'information adressé spécifiquement aux membres de l'IAN à travers le monde.
Enfin, j'aimerais informer les membres historiques de l'IAN, qui se font une certaine image des NFGR, que nous avons réussi à retrouver le statut que nous avions perdu entre 2010 et 2012 et que nous continuerons, avec beaucoup d’engagement et d’énergie, à lutter pour protéger et promouvoir la nature, la biodiversité et le patrimoine culturel, en participant aux réseaux citoyens et institutions en Grèce, en Europe et dans le monde.
(janvier 2019)
Simon Neal | Secrétaire national de Friends of Nature UK (Amis de la Nature Royaume-Uni)
Bonjour à tous et à toutes et salutations depuis les Scottish Borders ! Je suis géographe de formation et j'ai travaillé ces 20 dernières années dans le secteur du tourisme et pour des modes de vie durables. Mes intérêts incluent la randonnée, la nature, les voyages et les moyens de ménager la planète. Je suis actif chez Friends of Nature UK depuis une quinzaine d'années, d'abord en tant que responsable de l'environnement et depuis 9 ans en tant que secrétaire national.
Simon, tu as joué un rôle de premier plan dans le développement de Friends of Nature UK – quelle a été ta principale motivation ?
Une conviction forte que Friends of Nature est une vraie organisation de base reposant sur le bénévolat, sur le réseau des Maisons et sur son engagement en matière d'environnement. Sans vouloir être dramatique, j’ai le sentiment que notre mouvement propose une stratégie ou une référence pour la vie quotidienne. Nous pouvons tous essayer de rendre le monde meilleur par nos actions et nos choix quotidiens, que ce soit individuellement ou en groupe.
Friends of Nature UK est une organisation petite mais très active, composée de quatre groupes principaux, de huit Maisons, d’adhérents répartis dans tout le pays et qui fonctionne sur une base totalement bénévole.
Comment réussissez-vous à renforcer la cohésion au sein de l'organisation ?
C'est un défi ! Nous sommes un petit groupe comparé aux autres pays européens, mais nous avons la chance de pouvoir compter sur un noyau d’adhérents enthousiastes. Chez nous, à Kirk Yetholm, nous avons un groupe de bénévoles dévoués qui aident à gérer le site sur une base quotidienne. À Norwich, il existe un groupe historique de quelque 80 adhérents qui se rencontrent régulièrement pour des promenades et des activités à caractère social. Nous essayons de plus en plus de maintenir un sentiment de cohésion de groupe, de fidéliser et d’encourager les nouveaux adhérents via Internet et les médias sociaux.
Quels sont vos objectifs et activités principaux ? Et qu’est-ce que cela signifie pour vous d'être membre du mouvement international des Amis de la Nature ?
Nos principaux objectifs sont de permettre aux gens d’explorer le plein air, d’apprécier la nature et de susciter un sentiment de responsabilité vis-à-vis d’eux-mêmes et de la planète. Nous y parvenons, quoique à notre manière, en proposant des lieux de séjour communs (nos Maisons) et des rencontres pour partager des idées avec d’autres personnes de tous horizons. La durabilité est devenu un mot à la mode ... nous la pratiquons depuis des années ! Faire partie de l’IAN signifie de rencontrer des personnes d’horizons culturels différents et d’échanger avec elles. En fin de compte, nous avons beaucoup en commun.
Quels seront les principaux défis des 10 prochaines années – pour Friends of Nature UK et pour le mouvement international des Amis de la Nature ?
Faire passer le message des Amis de la Nature et de ce que nous défendons est peut-être notre plus grand défi – non seulement fidéliser les adhérents, mais également sensibiliser et informer les autres pour ce que nous faisons. Je crois fermement que le « bouche à oreille » est la meilleure forme de publicité. En nous montrant tous enthousiastes pour les valeurs des Amis de la Nature, en montrant ce que nous avons à proposer et en encourageant les autres à s’associer, nous prospérerons. L’IAN doit fournir une plate-forme internationale pour présenter les organisations individuelles, faire connaître notre nom à un nouveau public et fournir le ciment indispensable pour nous unir.
En mon propre nom et en celui de Friends of Nature UK, je présente à tous et à toutes nos meilleurs vœux pour les fêtes, dans le respect de la nature, ainsi qu’une année 2019 saine, heureuse et paisible.
(décembre 2018)
Hynek Pečinka | Président de Přátelé přírody z. s. (Amis de la Nature République Tchèque)
Hynek Pečinka, président de Přátelé přírody z. s. (Amis de la Nature République Tchèque), parle de sa participation au projet "Naturefriends Sports for All" (Sports pour Tous) et des nombreuses idées nouvelles à partager avec les membres. Il attend avec impatience les prochaines rencontres internationales avec d'autres groupes des Amis de la Nature.
Tu es actif pour les Amis de la Nature de Tchéquie depuis de nombreuses années. Comment t’es-tu rapproché du mouvement des Amis de la Nature et qu'est-ce qui t’a poussé à y investir ton temps au fil de toutes ces années ? Peux-tu nous parler de l’expérience avec Přátelé přírody z. s. qui t’a impressionné le plus ?
J'ai commencé ma carrière dans les « mouvements verts » comme scout, en 1990, et plus tard j'ai rejoint de jeunes environnementalistes. En 1995, j’ai adhéré à l'organisation Duha qui était à l’époque la branche jeunesse des Amis de la Nature de Tchéquie. Au début j’ai travaillé comme organisateur d’activités pour jeunes dans ma section à Olomouc avant de devenir vice-président de l'organisation nationale. En 2010, j’ai senti que j’avais besoin de faire une pause ou de laisser le travail pour les jeunes, et c’est la raison pour laquelle moi-même et plusieurs autres personnes avons fondé une section « Amis de la Nature » adultes à Olomouc et avons commencé à organiser des activités culturelles et de plein air pour adultes. Aujourd’hui, la section compte 70 adhérents et organise plus de 60 activités par an. Depuis 2010, je suis également actif au sein du Bureau national des Amis de la Nature tchèques et j'essaie de motiver nos adhérents à faire avancer les choses, à coopérer et à être plus visibles aux niveaux local et national.
Je me souviens de plusieurs expériences qui montrent que mon engagement a porté des fruits. En 2012, nous avons commencé à organiser un rassemblement national d'une durée de quatre jours une fois par an et les gens se sont réunis pour la septième fois en octobre passé, heureux de revoir leurs amis d'autres sections ainsi que de nouveaux visages. Cela fait déjà plusieurs années que la Journée nationale des Amis de la Nature est organisée dans l’ensemble du pays et nous rend visibles dans les communautés où travaillent nos sections. Mais pour moi, l'impression majeure a été le voyage en bus pour participer au lancement du Paysage de l'Année « Vallée du Rhin supérieur », qui comportait aussi l'exploration des régions frontalières des trois pays participant au projet : l'Allemagne, la Suisse et la France. Plus de 50 Amis de la Nature tchèques y ont participé et ont passé plus d’une semaine ensemble. De nombreuses amitiés durent jusqu’à présent et les contacts personnels sont ce qui rend plus fortes toutes les structures, ainsi que notre mouvement.
Si vous me demandez ce qui me motive à investir mon temps à ce genre d’activités : c’est tout simplement mon propre style de vie, j’aime les gens et leur proposer et partager avec eux des activités pleines de sens. Et je pense aussi que tout le monde devrait laisser quelque chose de bon pour les autres et redonner ce qu'il / elle avait reçu une fois.
Přátelé přírody z. s. compte parmi les petites organisations membres de l’IAN. Qu'est-ce que cela signifie pour vous de faire partie du mouvement international des Amis de la Nature ? Comment participez-vous au réseau de l’IAN – et comment en tirez-vous profit ?
Voyez-vous, faire partie d’une structure internationale offre de nombreuses opportunités à tous ceux qui aiment voir sous différentes perspectives le monde qui vous entoure. Le fait que les Amis de la Nature tchèques fassent partie d’une plus grande « famille » de personnes partageant les mêmes intérêts et idées nous ouvre la porte à la coopération mutuelle : voyager, rencontrer des gens intéressants, prendre part aux décisions qui peuvent nous influencer et partager des savoirs. En termes simples, cela signifie faire des choses ensemble au niveau international et apprendre les uns des autres, chacun ayant sa spécialité.
La devise de notre association est la suivante : « Nous sommes férus de nature, d’histoire et de culture. Nous aimons marquer le monde qui nous entoure ». Et faire partie du mouvement des Amis de la Nature nous permet de nous enrichir de nouvelles idées et de partager notre expertise dans nos domaines d’action.
Cette année, les Amis de la Nature de Tchéquie participent au projet Erasmus+ « Naturefriends Sports for all ». L'objectif est de donner aux organisations membres des outils leur permettant de développer des activités sportives de plein air pour personnes handicapées. Au printemps et à l'automne passés, vous avez assisté à des ateliers sur la randonnée et l'escalade accessibles pour tous. Que rapportez-vous à Přátelé přírody z. s. ? Quelles activités voudriez-vous développer ?
La plupart de nos sections pratiquent des sports de plein air tels que la randonnée ou le ski. Certaines d’entre elles ont déjà rencontré des personnes handicapées lors d’une activité de plein air, mais pour beaucoup c’est encore un sujet nouveau. C’est la raison pour laquelle nous avons salué l’idée de ce projet « sports pour tous », avons délégué des participants et en fait la promotion auprès de nos sections. Nous aimerions partager les connaissances acquises lors d’un atelier d’un week-end l’année prochaine, afin que nos organisateurs puissent s’ouvrir davantage aux activités conjointes pour les personnes sans et avec handicap, et devenir plus confiants et préparés aux éventualités qui peuvent apparaître lors de l’organisation de telles rencontres. Autant que je sache, il n’y a pas beaucoup d’Amis de la Nature tchèques qui ont l’habitude de pratiquer l’escalade. Nous concentrerons donc notre atelier uniquement sur la randonnée.
En octobre, la Conférence annuelle de l’Internationale des Amis de la Nature s'est tenue à Vienne, où de nombreuses idées d'activités futures ont été discutées, comme par exemple la Journée mondiale des Amis de la Nature en 2020 ou le prolongement du projet Erasmus +. Quelles activités seraient particulièrement intéressantes pour vous ?
Personnellement, je salue toutes les actions qui font de l’IAN non pas une plate-forme de dirigeants d’organisations nationales mais qui offrent des opportunités ciblées aux adhérents. Si vous demandez aux adhérents à quoi sert l’IAN, ils vous diront par exemple qu’être informés sur la possibilité de participer à un atelier avec des Amis de la Nature d'autres pays est plus important que d’être un délégué à une conférence. Je préférerais donc tout projet axé sur la coopération transfrontalière, l’échange d’expériences ou les campagnes communes ayant un effet concret, comme la Journée mondiale des Amis de la Nature. C'est plus valable que des tonnes de documents et de déclarations.
(Novembre 2018)
Sékou Kader NANAMOU | Président des Amis de la Nature de Guinée (ALUSFADE-GUINEE)
Sékou Kader NANAMOU est Président des Amis de la Nature de Guinée, qui ont entamé en octobre la mise en œuvre de l’actuel projet du Fonds des Amis de la Nature pour le climat. Dans l’interview il parle du projet et du travail des Amis de la Nature en Guinée.
À présent les Amis de la Nature de Guinée ont commencé à mettre en œuvre l’actuel projet du Fonds des Amis de la Nature pour le climat, dans la réserve de biosphère des Monts Nimba. À quoi ce projet doit-il parvenir ?
Le projet doit favoriser une réelle prise de conscience des populations guinéennes, notamment celles riveraines des Monts Nimba, par rapport au phénomène du changement climatique. A travers les séances de sensibilisation et de démonstration sur les foyers améliorés, elles s’apercevront que l’utilisation de ces derniers permet de lutter contre la déforestation et le réchauffement climatique. Le projet doit également inciter les autorités locales, et plus loin le Gouvernement, à prendre ou renforcer les mesures d’atténuation des effets du changement climatique. Il n’est pas exclu que des partenariats soient formalisés en vue d’une synergie d’action et une démultiplication dans d’autres localités du pays.
Quelles sont, concrètement, les différences des fours améliorés comparés aux fours traditionnels ?
Les différences sont notoires !
Contrairement aux foyers traditionnels, les foyers améliorés :
- consomment moins de bois ;
- chauffent très vite ;
- gardent la chaleur à l’intérieur ;
- permettent de gagner du temps (le temps de cuisson est plus court) ;
- permettent une économie financière ;
- contribuent à la protection de l’environnement (réduire le déboisement et atténuer les effets du changement climatique) ;
- protègent la santé des populations, car ils émettent très peu de fumée.
Tu es Président des Amis de la Nature de Guinée depuis le 02 août 2006. Qu’est-ce qui t’a amené à être candidat pour cette fonction ?
La raison est très simple. En tant que Guinéen, je suis conscient que le développement socio-économique n’est pas seulement l’apanage du Gouvernement. C’est pourquoi nous avons fondé ALUSFADE-GUINEE qui est une Organisation Non Gouvernementale. Fort de ma formation universitaire et de mes capacités managériales, je me suis alors porté candidat à la fonction de président de cette ONG en vue de contribuer au développement durable de la Guinée, et pourquoi pas du continent africain.
L’ONG ALUSFADE-GUINEE est très active dans le domaine de la protection du climat. Quelles sont les autres priorités de votre travail ? Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’appartenir au mouvement international des Amis de la Nature ?
Après le domaine de l’environnement où nous menons plusieurs activités dont la protection du climat, nous intervenons aussi dans beaucoup d’autres domaines tels que l’agriculture, l’élevage, l’alphabétisation, la santé (notamment les infections sexuellement transmissibles et le HIV/SIDA), la gouvernance et les droits humains.
Appartenir au mouvement international des Amis de la Nature signifie pour moi un atout en termes d’échange d’expériences, d’opportunités de financement, d’efficacité, de leadership et de réussite dans notre combat pour l’épanouissement de l’Homme dans un environnement sain.
(Octobre 2018)
Hannu Puhalainen | Président des Amis de la Nature de Finlande
Hannu Puhalainen, âgé de 66 ans et résidant dans la ville de Rovaniemi, est président
des Amis de la Nature de Finlande et en même temps président de la section Rovaniemi
des Amis de la Nature. Comme il vit en Laponie finlandaise, la nature et la randonnée
font partie intégrante de sa vie. Dans cette interview il parle de sa motivation personnelle
pour s’engager chez les Amis de la Nature et de ses idées pour l’avenir.
Tyovaen retkeilyliitto, l’organisation des Amis de la Nature de Finlande, a été créée en 1971 comme organisation sportive nationale. Quels sont aujourd’hui vos objectifs et vos activités principales ?
Notre objectif est de développer encore notre action, par l’organisation de diverses activités et par la promotion des valeurs de la randonnée et de la nature, de manière à ce que les gens puissent s’intéresser et s’activer pour des thèmes relatifs à la nature. Nous voulons aussi augmenter le nombre de nos sections locales, afin d’être présents partout en Finlande.
Nous coordonnons et soutenons les activités des sections locales. Nous gérons nos chalets et les louons principalement à nos adhérents. Nous publions une revue qui est le lien entre nos adhérents et renforce la coopération entre sections.
Quelle est ta motivation personnelle pour t’engager chez les Amis de la Nature ?
Ma motivation majeure est de rencontrer des personnes partageant les mêmes valeurs, de passer du temps dans la nature, de jouir des sons et du silence de la nature, la pêche, la cueillette de baies, les feux de camp avec café et saucisses. J’aime aussi aider et soutenir des personnes cherchant à connaître la nature.
Tyovaen retkeilyliitto est une petite organisation très active, avec à peu près 1 700 adhérents. Qu’est-ce que cela signifie pour toi d’être membre du mouvement international des Amis de la Nature ?
Comme membre de l’Internationale des Amis de la Nature nous sommes informés sur des manifestations et tendances en Europe. De nos jours, les Amis de la Nature nous initient aussi à des thèmes touchant la nature et l’environnement en Afrique. Nous espérons que cette dimension internationale pourra motiver des jeunes à intégrer nos activités. Jusqu’ici nous n’avons pas encore su mettre en valeur cette opportunité dans nos actions.
Quels seront les défis majeurs pour les dix ans à venir – pour les Amis de la Nature de Finlande et pour le mouvement international des Amis de la Nature ?
Pour nous en Finlande l’enjeu majeur est de rassembler des personnes jeunes et actives dans notre organisation et de maintenir nos effectifs au moins au niveau actuel.
En ce qui concerne le mouvement international des Amis de la Nature, je pense qu’il est important de réaliser un équilibre entre les dimensions locale et globale. Les activités communes doivent être suffisamment intéressantes pour attirer un public large, et en même temps les sections locales dans le pays devraient voir les avantages de la coopération globale. La communication et l’interaction dans des projets communs pourraient y contribuer.
Tyovaen retkeilyliitto
(septembre 2018 ; la version française du présent texte est basée sur la traduction anglaise de la version finnoise par Hannele Pöllä, Coordinatrice des relations internationales au sein des Amis de la Nature de Finlande)
Maritta Strasser | Directrice exécutive des Amis de la Nature d’Allemagne
Depuis le 1er juillet Maritta Strasser est la nouvelle Directrice exécutive des Amis de la Nature d’Allemagne (NaturFreunde Deutschlands). Elle succède à Hans-Gerd Marian qui part en retraite après avoir travaillé pendant bien des années pour les Amis de la Nature d’Allemagne. Dans cette interview Maritta parle de ses idées et plans.
Comptant plus de 70 000 adhérents, les Amis de la Nature d’Allemagne sont la deuxième organisation membre de l’Internationale des Amis de la Nature. Quelles sont à ton avis vos atouts et vos priorités pour le travail futur ?
Il y a tant d’activités chez les Amis de la Nature d’Allemagne : formations sportives, voyages, maisons, projets de conservation, offres culturelles … les Amis de la Nature travaillent beaucoup, et dans la plupart des cas à titre bénévole. Ceci m’inspire beaucoup de respect. Mais nous n’en parlons pas assez. Il faut que nous soyons plus surs de nous. Nous avons beaucoup à proposer ! Il faut que nous soyons encore plus convaincants pour que les nombreuses personnes venant pratiquer un sport chez nous ou assister ponctuellement à des activités, finissent par adhérer à l’organisation.
Quels sont pour toi personnellement les défis majeurs ?
J’aimerais aller dans le sens d’une augmentation de nos effectifs, pour que nous ayons un avenir viable. Je souhaite donc renforcer nos relations publiques. J’aimerais aussi aller vers un changement culturel au sein de la fédération. J’aimerais que nous soyons plus ouverts, plus accueillants, et que nous nous adressions en particulier aux jeunes. J’attache donc beaucoup d’importance à la collaboration avec les Jeunes Amis de la Nature.
Les Amis de la Nature d’Allemagne se disent « association politique de loisirs ». Qu’entendez-vous par là ? Et quel est pour vous le rôle du travail politique – aux échelles nationale et internationale ?
Nous sommes en quelque sorte le feu de camp autour duquel se retrouvent ceux et celles qui pensent qu’il y a des choses qui vont fondamentalement mal dans ce pays. Nous exploitons toujours plus brutalement la nature pour accumuler des richesses dont profitent un nombre toujours plus petit de personnes. Individuellement nous n’avons pas de pouvoir, ce n’est qu’ensemble que nous pouvons changer les choses. Comme non seulement l’homme mais aussi la nature a besoin de repos, nous ne menons pas seulement notre combat ensemble mais nous retrouvons aussi pour jouir du sport et des loisirs.
On a plus que jamais besoin de nous. Les partis ont de moins en moins de réponses aux enjeux de notre époque. Leur force s’affaiblit. Il incombe donc à la société civile de formuler des alternatives sociétales – à la politique du cloisonnement, à la redistribution du bas vers le haut et à l’exploitation impitoyable de notre planète.
Un objectif important de l’action internationale des Amis de la Nature consiste à rendre tangibles les valeurs de notre mouvement, telles que la solidarité internationale, et de contribuer activement à leur mise en œuvre, par exemple à travers le Fonds des Amis de la Nature pour le climat ou par le Paysage de l’Année dans une région à cheval sur la frontière sénégalo-gambienne. Quelle est à ton avis l’importance de l’engagement international pour un mouvement comme les Amis de la Nature ?
J’estime que l’engagement global est très important, et ceci pour deux raisons : premièrement le changement climatique et le tarissement de ressources globales ne s’arrêtent pas aux frontières – ce sont des problèmes globaux que l’on ne peut résoudre que dans un énorme effort global.
Et deuxièmement la solidarité est notre valeur centrale, et elle ne peut accepter des frontières si elle est prise au sérieux. Car l’exclusion, la limitation d’aides à certains groupes de personnes sont des signes d’un manque profond de solidarité. Nous sommes tous et toutes des êtres humains et souhaitons avoir les mêmes droits et libertés. C’est notre diversité qui fait notre richesse.
(Juillet 2018)
Ciprian Costa | Président Amis de la Nature Roumanie
Ciprian Costa est le Président des Amis de la Nature de Roumanie ; il a récemment participé à un atelier international des Amis de la Nature à Vienne, sur les activités sportives sans barrières. Dans l’entretien il parle des moments majeurs de son travail passé pour les Amis de la Nature et des visions pour les années à venir.
Tu es déjà actif pour les Amis de la Nature de Roumanie depuis de nombreuses années. Comment es-tu entré en contact avec les Amis de la Nature et qu'est-ce qui t’a motivé pour t’engager pendant toutes ces années ? Peux-tu décrire les moments majeurs vécus avec Prietenii Naturii Romania ?
Il y a 25 ans, alors que j'étais étudiant à Timisoara, j'étais membre d'un club de montagne, partenaire de l’IAN. J'ai aimé la devise « nature et culture » et toutes les activités, mais j'ai aussi aimé être membre d'une « grande famille » - des Amis de la Nature. L'un des moments majeurs a été quand la Roumanie est devenue membre A de l’IAN.
Autres étapes importantes : le prix Cabana Codrin au Concours Climat, le Paysage de l'année – Delta du Danube ; la création de deux nouvelles associations d’Amis de la Nature en Roumanie ; la participation de la région du Banat au projet « Hiking Europe » – et en 2017 nous avons réussi à établir un nouveau système de gestion de nos adhérents.
Prietenii Naturii Roumania compte parmi les petites organisations membres au sein de l’IAN. Qu'est-ce que cela signifie pour vous de faire partie du mouvement international des Amis de la Nature ? Comment participez-vous au réseau international et comment cela vous est-il utile ?
Nous sommes une petite organisation dans l’Ouest du pays, et nous avons aussi une maison AN. Nos adhérents ont des contacts avec d'autres organisations d’Amis de la Nature en Europe. Nous avons participé à des ateliers et à des séminaires et partagé nos expériences avec les autres adhérents. En voyageant à l'étranger tout au long de l'année, nos membres fréquentent autant que possible les maisons AN.
Cette année, vous participez au projet Erasmus + « Naturefriends Sports for all ». Ceci devra munir les organisations membres d'outils pour développer des offres de sports de plein air à l’intention de personnes handicapées. Le premier atelier, où tu étais également présent, vient d’avoir lieu à Vienne. Pourquoi ce projet est-il si important pour toi ?
J'ai aimé cette idée dès le début, et le premier atelier à Vienne était extraordinaire. Étant donné que des activités dans la nature pour des personnes handicapées sont assez récentes en Roumanie, nous n'avons presque aucune infrastructure à leur proposer. L’atelier fut la première étape pour nous de comprendre et d'apprendre plus sur les besoins des personnes handicapées et sur les possibilités que nous avons de répondre à ces besoins.
2028 - où vois-tu les Amis de la Nature de Roumanie en dix ans ? Quelle est ta vision, de quoi te réjouis-tu, et quels défis avez-vous à relever ?
Dans 10 ans ? Bon, un défi pour nous sera d'avoir au moins 10 sections avec plus de 100 adhérents chacune, 10 maisons AN et une plus large gamme d’activités.
Berg frei !
(Mai 2018)
Mamadou Diallo | Secrétaire général de l’ASAN
Dans son discours à l’occasion du lancement du Paysage de l’Année Sénégal / Gambie, Mamadou Diallo, Secrétaire général de l’Association Sénégalaise des Amis de la Nature (ASAN), s’est réjoui du fait que l’ASAN sera pendant deux années au cœur des activités internationales des Amis de la Nature. Dans son entretien avec l’IAN, il parle de l’importance de l’initiative pour la région et pour son association ainsi que de ses visions pour l’avenir.
Dans ton discours inaugural tu as manifesté ton enthousiasme au sujet du nouveau Paysage de l’Année Sénégal / Gambie. En plus d’un très grand nombre de participant/e/s de la région et des pays voisins, 40 Amies et Amis de la Nature sont venu/e/s d’Europe pour participer aux cérémonies et pour découvrir la région. Que signifie cette attention pour les Amis de la Nature du Sénégal ?
Pour les Amis de la Nature du Sénégal, nous considérons que c’est un honneur et une marque d’amitié et de considération que l’IAN vient de nous manifester. En effet, confier l’organisation du Paysage de l’année 2018 – 2019 à l’Association Sénégalaise des Amis de la Nature (ASAN), une Fédération africaine, constitue une première dans l’histoire du Mouvement international des Amis de la Nature. Vous nous donnez une fois de plus l’occasion d’exprimer notre reconnaissance et notre profonde gratitude aux responsables de l’IAN, aux nombreux participants venus d’Europe et d’Afrique, pour rehausser de leur présence la cérémonie officielle de lancement du Paysage de l’année.
Quelles sont pour toi les spécificités de la région que tu souhaites faire découvrir aux voyageurs et voyageuses ?
Vous savez qu’il y a beaucoup de choses à découvrir au Sénégal, qui est un pays riche en biodiversité, en écosystèmes variés, en sites touristiques extraordinaires et en culture vivante et vibrante. En plus, les sénégalais, malgré leur diversité ethnique et linguistique, constituent un peuple merveilleux, très accueillant et très ouvert. Dans le cadre de nos activités nous avons plusieurs circuits éco touristiques très intéressants que nous proposons à nos hôtes.
Au-delà des différentes zones éco géographiques que compte notre pays, il serait intéressant pour les touristes qui viennent au Sénégal, de visiter l’Ile de Gorée, témoin de plusieurs siècles d’esclavage et de traite négrière, le Lac Rose, les différents Musées de la capitale, les marchés d’art et le Monument de la Renaissance Africaine. Pour ceux qui souhaitent sortir non loin de Dakar, ils peuvent visiter la Reserve de Bandia pour découvrir des Giraffes, des Elands de Derby, d’autres variétés d’antilopes, des singes, des buffles, etc., faire un tour à la station balnéaire de Saly en passant par Poponguine et les forêts de baobabs, l’arbre qui soigne tout.
Le circuit nord permet aux visiteurs de découvrir Saint Louis, l’ancienne capitale du Sénégal et site du patrimoine mondial, avec ses monuments historiques (l’Hôtel Mermoz, le Pont Faidherbe, le Palais du Gouverneur), Goxxu Mbathie le village des pêcheurs, la Langue de Barbarie, le retour coloré et animé des pêcheurs le soir, les villages traditionnels des maures et des Peulhs, sans oublier la Reserve de Gueumbeul et le Parc national des oiseaux de Dioudj, troisième site ornithologique du monde avec ses milliers d’oiseaux et de pélicans.
Les adeptes du tourisme religieux peuvent faire un tour à Tivaouane, capitale du Tidjanisme, Touba, capitale du Mouridisme, Kaolack, capitale des Niassènes, etc. Pour ceux qui s’intéressent à la grande faune et au tourisme culturel, les régions de Tambacounda et de la Casamance sont incontournables.
Mais pour le Tour d’Horizon de cette année, nous avons proposé de faire visiter aux amis de la nature une région frontalière commune au Sénégal et à la Gambie. Vous allez découvrir la Sénégambie, avec un écosystème particulier commun aux deux pays, une aire géographique très riche en ressources biologiques et la culture et le peuple sénégambiens, divers et variés.
L’un des objectifs du Paysage de l’Année est toujours d’initier des activités concrètes susceptibles d’améliorer les conditions de vie des populations. Que faut-il à ton avis pour que cet objectif soit atteint ?
La mise en œuvre du programme permettra de contribuer à la préservation de notre environnement, à la lutte contre le réchauffement de la Planète, à l’amélioration de la biodiversité, mais surtout à la promotion de l’écotourisme.
En effet, il est prévu un reboisement d’arbres à usages multiples dans les concessions au profit des populations. Ce sont des arbres à large frondaison pour fournir de l’ombre, des arbres fruitiers pour lutter contre la malnutrition et améliorer les revenus monétaires des bénéficiaires, ce sont des arbres qui fournissent du bois d’énergie pour freiner la déforestation, ce sont des arbres qui ont des vertus médicinales qu’utilisent les tradipraticiens locaux, bref c’est un reboisement pour séquestrer le carbone, lutter contre le réchauffement de la planète et le changement climatique.
De même, c’est l’occasion pour les populations de revisiter le patrimoine culturel local. D’ailleurs, au contact avec le peuple sénégambien composite, vous serez admiratifs de la richesse et de la diversité de sa culture. Et dans la pure tradition africaine et de la Teranga sénégalaise, vos hôtes vous feront danser le Mbalakh, le Yela, le Ndawrabine, le Sawrouba, etc., au rythme du tamtam, de la kora, du balafon, du riti, etc. Avec le festival du Kankourang en Gambie, les Génies protecteurs sortiront de la forêt sacrée, non seulement pour danser et souhaiter la bienvenue aux amis de la nature, mais à leur manière, ils contribueront à la réussite du Paysage de l’année.
Après le premier voyage très réussi à travers le Paysage de l‘Année d’autres voyages sont déjà prévus. Quel est le rôle du tourisme pour la région et que faut-il pour que les populations puissent effectivement profiter du tourisme ?
Le tourisme est un secteur porteur et profitable pour les populations locales. Il peut contribuer à maintenir la jeunesse dans le terroir et lutter contre l’émigration clandestine avec ses méfaits que constituent l’errance, la perte de vies humaines dans le désert et les océans, ainsi que l’esclavage des temps modernes en Lybie et dans d’autres pays.
Il faudrait néanmoins que ces populations soient soutenues et organisées pour qu’elles profitent réellement aux retombées du tourisme. A cet effet, il serait bien que des campements touristiques villageois soient créés, que les artistes locaux soient capacités pour créer des articles d’artisanat d’art à proposer aux visiteurs comme souvenir, que les femmes soient organisées et formées dans la production de produits maraichers, la restauration et la transformation des fruits et légumes et des céréales locales.
Comme d’autres associations africaines d’Amis de la Nature, les Amis de la Nature du Sénégal connaissent depuis des années un développement très positif. Quelle est à ton avis la recette pour réussir l’avenir du mouvement des Amis de la Nature ? Et quelle est pour toi l’importance de l’internationalisme de notre mouvement ?
Il n’y a pas de recette miracle. Seul le travail paye. Il faut reconnaitre que nous avons bénéficié de trois facteurs cumulatifs de mon point de vue ; (1) l’encadrement d’un homme formidable, Feu le Président Alioune DIAGNE MBOR, dont la sagesse, la clairvoyance et la notoriété nous ont permis d’avoir un groupe soudé et de nous ouvrir beaucoup de portes ; (2) des membres compétents dans leurs spécialités respectives, dynamiques, engagés et volontaires ; (3) des partenaires sérieux, généreux, aussi engagés que nous, comme l’Internationale des Amis de la Nature (IAN), qui ont accepté de nous accompagner et de relever avec nous des défis. Personnellement je ne regrette pas d’avoir pris la liberté, dans le passé, de contacter la Fédération Française des Amis de la Nature et l’IAN pour un partenariat avec l’ASAN.
L’internationalisme du mouvement des amis de la nature est très important, en ce sens que c’est la manifestation d’une vision commune partagée sur des valeurs, des missions et des initiatives concrètes de préservation de notre environnement, de lutte contre le changement climatique et la pauvreté, de promotion de l’écotourisme et de la solidarité internationale entre les peuples. Votre présence ici, en ces moments de tensions multiples perceptibles à travers le monde, contribuera sûrement à la compréhension mutuelle et au rapprochement des peuples, gage de la paix du monde.
Association Sénégalaise des Amis de la Nature (Facebook)
(Février 2018)
Manfred Pils | Président de l´IAN
Le 21 octobre 2017, l’Autrichien Manfred Pils a été réélu Président de l’Internationale des Amis de la Nature par le Congrès de celle-ci, tenu à Lage Vuursche aux Pays-Bas. L’équipe de l’IAN le félicite sincèrement de cette réélection !
Dans notre conversation Manfred Pils parle de ses visions pour l’avenir du mouvement AN, des actuels défis et de ses objectifs personnels.
La 23e Conférence sur le climat vient de s’achever à Bonn. Le Congrès de l’IAN lui aussi a été placé sous la devise « Vivre la justice climatique ! Solidaires pour un bel avenir ! ». La protection du climat et la justice climatique sont des thèmes centraux du mouvement international des Amis de la Nature. Quels sont pour toi les défis majeurs dans ce contexte, comment pouvons-nous réussir la protection du climat sur le plan global ? Comment se présenterait un monde équitable en matière de climat ? Et quelle pourra être la contribution de l’Internationale des Amis de la Nature ?
Pour protéger le climat il faut qu’on s’attaque aux causes principales du changement climatique. Il s’agit en premier lieu de réduire radicalement les émissions de CO2 dans les pays industrialisés occidentaux et dans les pays émergents – ceci concerne en premier lieu la production énergétique, le trafic, l’industrie et le chauffage.
Les technologies existent, il faut seulement les appliquer, ce qui aura aussi des effets économiques positifs. Parallèlement il s’agit d’assister ceux qui, sans y avoir contribué, sont les premiers concernés par le changement climatique – à savoir les populations des pays du Sud global – afin d’en atténuer les conséquences négatives. Il s’agit par exemple de financer des projets de reboisement, des travaux pour stabiliser les zones côtières, des projets de distribution d’eau et d’irrigation, mais aussi des déplacements devenant nécessaires.
Pour cela nous avons besoin de solidarité vécue au plan international, pour laquelle l’IAN s’engage et qu’elle se propose de promouvoir. Et bien entendu nous devons, en tant qu’Amis de la Nature, contribuer activement nous-mêmes à la justice climatique – ce que nous faisons déjà par le biais de plusieurs projets, par exemple par des reboisements au Sénégal et en Gambie, financés par le Fonds des Amis de la Nature pour le climat.
Les Amis de la Nature font actuellement face à des défis majeurs. Pour bien des organisations membres de l’IAN des thèmes centraux sont l’entretien des chalets et des maisons et l’adaptation des activités aux nouvelles donnes de la société. En même temps beaucoup de fédérations sont confrontées à une diminution des recettes venant de cotisations et de subsides nationaux. Quelles sont tes visions pour que le mouvement AN puisse réussir dans l’avenir ?
L’IAN est loin de vouloir donner de bons conseils à ses organisations membres. Mais ce qui nous unit ce sont l’utilisation durable de nos fondements de vie, les découvertes conviviales de la nature et l’internationalisme. Nous combinons les activités de loisir avec un engagement progressiste pour la société durable. Voilà les caractéristiques particulières de notre mouvement, sur lesquelles nous devons insister dans une mesure croissante. Si en nous dotant d’un profil moderne nous parvenons à intéresser du monde pour notre mouvement, celui-ci pourra se renouveler et devenir viable.
À ton avis, comment l’Internationale des Amis de la Nature peut-elle contribuer à ce que ces visions deviennent réalité ? Et quels sont les objectifs que tu te proposes personnellement comme Président de l’Internationale des Amis de la Nature pour les trois prochaines années ?
L’Internationale des Amis de la Nature est la fenêtre du mouvement AN vers le monde – elle a un rôle très important à jouer pour élargir le mouvement. La diversité des Amis de la Nature, la créativité et l’engagement de beaucoup de militants bénévoles sont les atouts du mouvement. Nous voulons promouvoir les échanges et l’enrichissement mutuel, mais souhaitons aussi montrer que l’internationalisme est une valeur capitale dans une société globale – pour chacun des adhérents, et aussi pour l’engagement politique des Amis de la Nature, par exemple dans nos actions pour la justice climatique.
À une époque où la politique internationale est dans une mesure croissante marquée par les intérêts nationaux et où les valeurs fondamentales de notre société sont progressivement remises en question, l’IAN a besoin du plein soutien de ses fédérations membres – pour que nous puissions parler d’une une voix forte et nous faire entendre. Voilà ce qui sera au cœur de mon travail pendant les trois années à venir.
(Novembre 2017)
Mag. Günter Abraham | Directeur exécutif des AN d’Autriche
Depuis début juillet 2017 Günter Abraham est le nouveau Directeur exécutif des Amis de la Nature d’Autriche. Il succède à ce poste à Reinhard Dayer qui a dirigé la Fédération autrichienne avec beaucoup de succès pendant 44 ans.
En conversation avec Andrea Lichtenecker, Günter parle des motifs de son engagement pour les Amis de la Nature et de ses projets d’avenir.
Tu as derrière toi une carrière riche en expériences. Qu’est ce que t’a motivé pour être candidat au poste de Directeur exécutif des Amis de la Nature d’Autriche ?
J’ai passé une enfance merveilleuse à Unzmarkt en Styrie. Mes parents sont de vrais amoureux de nature et ont transmis cet enthousiasme à leurs enfants. Les Amis de la Nature me passionnent comme un mouvement s’attachant à la sauvegarde de l’environnement tout comme à l’activité sportive dans la nature. Pendant mon activité professionnelle passée, dans le service environnemental du gouvernement régional de Styrie et dans l’ASKÖ, organisation faîtière sportive de Styrie, le sport et l’environnement ont toujours joué un rôle important. Les deux domaines m’intéressent beaucoup. Au moment de l’appel à candidature pour la direction fédérale des Amis de la Nature d’Autriche je savais que j’avais à suivre ma passion et j’ai donc postulé.
Dans la famille internationale des Amis de la Nature, la fédération autrichienne est celle aux effectifs les plus nombreux. A une époque où beaucoup d’autres fédérations d’Amis de la Nature ont à lutter contre des pertes d’effectifs, vous avez réussi en Autriche à conserver un nombre d’adhérents stable. Les Amis de la Nature d’Autriche ont néanmoins à relever d’importants défis – quelles sont tes priorités pour les années à venir ?
Dès le début de ma nouvelle activité je me suis fixé plusieurs objectifs : j’aimerais tout faire pour que les Amis de la Nature soient plus attractifs pour toutes les générations, notamment pour les jeunes. Ma propre expérience m’a montré combien il est important de sensibiliser les enfants pour la nature et la protection de la nature, dès un âge précoce. Très souvent j’ai vu quel plaisir les enfants éprouvent en explorant et découvrant la nature comme espace de vie ! Je m’engagerai pour un apprentissage orienté vers la compétence – un apprentissage en plein air, dans la nature et avec elle.
À coté de coopérations avec des écoles une autre priorité de mon action concernera le maintien de l’infrastructure alpine. Les Amis de la Nature s’occupent en Autriche d’environ 15 000 km de sentiers pédestres et gèrent près de 140 chalets. Entretenir ces énormes réseaux représente un enjeu à peine imaginable.
De nouvelles salles d’escalade et à boulder, des innovations dans le domaine technologique, des offres éducatives relatives à la protection de l’environnement et de la Nature, mais aussi une gestion moderne des chalets, pourront contribuer à rendre intéressante et souhaitable l’appartenance au mouvement des AN. L’esprit d’équipe et la collaboration nous permettront d’atteindre ce but !
Beaucoup considèrent les Amis de la Nature comme une simple association de loisirs et de randonnées. Le positionnement par rapport à des thèmes politiques ne joue pas le même rôle dans toutes les organisations membres, et les thèmes eux aussi varient – entre politique sociétale, libre échange et accès libre aux chemins et sentiers. Quelles sont tes idées pour le travail politique des Amis de la Nature ?
Nous continuerons à défendre l’accès libre généralisé à la nature, la liberté d’accès aux sentiers de forêt et dans les régions alpines, indépendamment des moyens financiers des usagers. Il y a toujours à nouveau des conflits entre les désireux de détente et les propriétaires terriens. Dans nos publications et par notre présence dans les médias nous continuerons à faire connaître les bases légales et faire part de nos doléances là où nous l’estimons nécessaire. Nous défendons l’ouverture de chemins forestiers à tous les vététistes autrichiens – ceci étant déjà un fait juridique dans bien de nos pays voisins !
Les AN joueront aussi dans l’avenir leur rôle de défenseurs de l’homme et de la nature. Il ne faut pas limiter l’accès libre à la nature, donc aussi aux lacs autrichiens, mais l’élargir !
Notre salut « Berg frei! » est l’expression de notre lutte contre toute tentative d’amputer la liberté d’accès aux chemins et sentiers.
Dans ton discours inaugural tu t’es référé à un très beau proverbe africain : « Si tu veux aller vite, vas-y seul mais si tu veux aller loin, alors il faut y aller ensemble ». La compagnie, la communion n’est pas seulement un élément central des activités des Amis de la Nature, mais marque aussi la collaboration au sein du mouvement international. Quel est pour toi l’importance de l’internationalité dans le contexte du mouvement AN ?
Je suis un Européen fervent. La collaboration dans une Europe unie est pour moi d’une très grande importance. La manière de travailler ensemble au sein de la famille, dans nos sections, dans les communes doit marquer à mon avis la coopération des Amis de la Nature dans un contexte international. Pour que nous marchions donc tous ensemble.
(Juillet 2017)
Urs Wüthrich-Pelloli | Président des Amis de la Nature Suisse
Depuis le 13 mai 2017 Urs Wüthrich-Pelloli est président des Amis de la Nature Suisse. Politicien de l’éducation et ancien Conseiller d’État, il a des plans ambitieux pour l’exercice de sa fonction. Dans notre entretien, Urs parle de ce qui le motive dans son engagement pour les Amis de la Nature et de ses idées pour l’avenir de l’association.
Tu as parcouru une longue carrière politique. Qu’est-ce qui t’a amené à t’engager maintenant pour les Amis de la Nature ?
En tant qu’individu je m’engage depuis longtemps pour un milieu intact et suis membre des Amis de la Nature depuis les années 1980. Mes rapports à cette association sont trois. D’une part le rapport historique, parce que les Amis de la Nature sont issus du mouvement ouvrier, où j’ai aussi mes racines. D’autre part le rapport sportif, parce que je m’engage pour le sport et aime la randonnée. Et finalement un rapport au niveau des valeurs, parce que je pense que des Amis de la Nature doivent aussi assumer une responsabilité pour celle-ci.
Beaucoup considèrent toujours les Amis de la Nature comme une simple association de loisirs et de randonnées. L’action politique n’est pas présente au même degré dans les différentes fédérations nationales. Et au plan national des thèmes très variés sont abordés – du nucléaire par le libre échange à la liberté d’accès aux chemins. Quelles sont tes idées pour l’action politique des Amis de la Nature ?
Il est pour moi indispensable que le mouvement des Amis de la Nature s’ingère de nouveau dans la politique en matière de nature et de paysages. Je ne veux explicitement pas dire que les Amis de la Nature doivent devenir un parti politique ou se laisser instrumentaliser par un parti. Mais ils doivent se donner de nouveau un profil politique clair et se positionner comme les alliés d’organisations s’engageant pour le développement durable et la sauvegarde de la nature.
Le Mouvement des Amis de la Nature vit actuellement des moments difficiles. Bien des fédérations nationales sont confrontées depuis des années à la baisse de leurs effectifs et à la perte de subsides publics – par exemple pour le maintien de leurs Maisons. Que comptes-tu faire dans ce domaine au plan national pour inverser cette tendance ?
Le développement de nos effectifs et la structure d’âge de plusieurs sections mettent en évidence de graves déficits au niveau de la relève. Il y a des sections qui montrent avec succès que le renouveau dans la continuité est possible. Je suis optimiste que leur succès pourra faire tâche d’huile.
Un thème très important est pour moi la gestion efficiente et viable de nos Maisons. Dans ce domaine nous avons à faire converger le bénévolat incontournable et l’ambition d’un professionnalisme accru.
Et comme je l’ai déjà dit, une grande priorité pour moi personnellement sont le travail de fond et le positionnement politique des Amis de la Nature suisses. Je considère la dépolitisation de notre mouvement comme un développement fatal, synonyme de perte d’identité, de profil et d’originalité – nos idées et valeurs fondamentales resteraient ainsi des mots creux et des déclarations futiles.
Dans les années passées tu as occupé de nombreux postes internationaux, par exemple la direction de la délégation suisse et le présidium de la Commission franco-germano-suisse du Rhin Supérieur ainsi que la représentation de la Suisse au Congrès du Conseil de l’Europe et dans l’Assemblée des régions d’Europe. Quelle est la valeur que tu attaches à l’internationalisme – justement aussi dans le cadre du mouvement des Amis de la Nature ?
J’ai toujours vécu les rencontres transfrontalières comme un enrichissement et un fondement indispensable de la compréhension mutuelle. Ce ne sont que l’échange d’opinons et d’expériences et le respect de perspectives et horizons divers qui peuvent garantir le développement de la société et la stabilité. Dans un monde de plus en plus globalisé il s’impose d’autant plus que des mouvements comme les Amis de la Nature dépassent les frontières nationales et s’engagent dans des réseaux forts, si l’on veut que leur voix soit entendue par les décideurs internationaux. Par conséquent je félicite l’IAN de son action et me réjouis de pouvoir soutenir cet engagement par mes propres
(Mai 2017)